http://www.lepopulaire.fr/limoges/loisi ... 92643.html
(je mets l'article dessous, au cas où le lien direct du journal Le Populaire du Centre meure)
Le célèbre photographe Raymond Depardon fait régulièrement appel à cette société installée à Vicq-sur-Breuilh pour le développement de ses photos.
C'est le principe des marchés de niche : on peut être une véritable pointure, voire le meilleur dans son domaine sans que le grand public n'ait jamais entendu parler de nous.
La société Bergger fait partie de ces entreprises finalement plus connues à l'international que dans la région où leur siège social est installé... En l'occurrence en Limousin, à Vicq-sur-Breuil en Haute-Vienne.
Seuls les passionnés de photo, qui s'intéressent un temps soit peu à ce domaine, connaissent son nom. A côté des Kodak et autres Ilford, Bergger est même devenue l'une des références dans le monde de la photographie argentique.
Des grands noms de la photo font appel aux services de cette société.
C'est le cas de Raymond Depardon, le photographe du président Hollande fraîchement élu dont le cliché officiel avait beaucoup fait parler de lui.
Si Raymond Depardon travaille avec l'entreprise haut-viennoise, c'est pour la qualité des produits Bergger. Et son expérience en matière de développement.
« En 2011, Raymond Depardon a commencé à s'intéresser à notre société. Il y achetait des produits que l'on ne trouve pas ailleurs. Il est curieux Raymond, il est toujours en recherche de nouvelles choses... Parfois il lui arrive de me poser des questions techniques. Mais j'ai envie de lui dire qu'il a 60 ans de photo derrière lui et que je n'ai pas grand chose à lui apprendre », résume Aurélien Leduc, 35 ans, directeur de la société.
« Un beau jour, après des repérages photos dans les déserts en Afrique, Raymond Depardon m'a appelé. Il avait 200 films à faire développer. Je sautais partout », reconnaît aujourd'hui Aurélien Leduc. C'est le début d'une longue histoire professionnelle entre les deux hommes.
« Forcément, on ne peut qu'être fier de rencontrer des gens comme lui qui font partie de la légende. Il ne fait pas vraiment confiance à la Poste, je suis donc allé chez lui, en région parisienne pour récupérer les pellicules. J'ai passé l'après-midi avec lui. Il est d'une humilité, d'une gentillesse incroyables. Il m'a offert plein de livres. »
Dans son entrepôt de Vicq-sur-Breuilh où les produits, les papiers de toute taille, les pellicules s'entassent sur d'immenses étagères, Aurélien Leduc reçoit également des commandes d'amateurs. « Cela représente plus de 90 % de mon activité », reconnaît-il.
Mais l'avenir de Bergger s'écrit aussi ailleurs. Pour cette société, la photo argentique est ce que le vinyle est à la musique : elle a un futur. Alors que l'on pensait le marché mort il y a quelques années, la société s'apprête à lancer un tout nouveau produit : elle va mettre prochainement 40.000 films 24x36 sur le marché mondial.
« La date de péremption de ces films est de 5 ans. L'idéal est que ces pellicules soient vendues d'ici deux ans. »
« Ce qui va sauver l'argentique au final, c'est le numérique »
Un pari pas totalement insensé: « On est allé à Photokina, le plus grand salon de la photo au monde qui s'est tenu en Allemagne. Nous nous sommes rendus compte que les grandes firmes comme Canon et Nikon n'avaient pas grand monde devant leur stand. Honnêtement, j'ai vu énormément de photographes s'intéresser à l'argentique. »
Aurélien Leduc croit à un monde hybride où argentique et numérique cohabiteraient en bonne intelligence. « Il ne faut pas opposer l'un à l'autre. Ce qui va sauver l'argentique, au final, c'est le numérique. Les forums, les réseaux sociaux sont des lieux où l'on en parle beaucoup. »
A 35 ans, le directeur de Bergger est plus qu'un passionné : avant de reprendre cette société, son avenir dans la science semblait tout tracé. Devant lui se profilait une brillante carrière de chercheur.
« J'ai obtenu une thèse en biologie en 2009, à l'université de Limoges. Mais j'ai préféré tout lâcher une fois mon doctorat obtenu. Je le vis bien. Très bien même, vous ne pouvez pas savoir à quel point! »
La spécialité de Bergger.
En matière d'argentique, la procédure est la suivante : une fois la pellicule terminée, on passe par deux étapes essentielles pour imprimer ses photos sur papier.
Le développement qui permet d'obtenir les négatifs (accompagnée éventuellement d'une planche photos)
puis le tirage où, une fois les papiers photos exposés, on les plonge dans différents bains pour révéler l'image.
Bergger est justement spécialisée dans le développement des photos, étape essentielle puisqu'il s'agit de la première.
Bergger édite aussi des livres
Bergger vient de créer sa propre maison d'édition. Premier livre à être publié, celui d'Aleksey Myakishev, photographe ayant passé plusieurs années (2011-2015) dans le village russe de Kolodozero (c'est le titre du bouquin).
On y découvre des séries de clichés en argentique, sur un épais papier (170 grammes) ou les nuances de gris que l'argentique permet de dévoiler nous ouvrent un quotidien tout en contraste de ces villageois.
Cet ouvrage est présenté en trois langues, français anglais et russe.
Prix de vente : 35 euros. A retrouver sur le site de Bergger