panda589 a écrit :
Les fabricants qui en 2018 sortent en flux tendu 3 formats d'un même film sont peut-être rares mais sont sans doute réellement à l'origine des brevets engagés et de leur production sans faire trop appel à des tiers et des sous-traitants
Dans le petit monde du film, il n'y a que trois gros : Kodak Alaris, Harman/Ilford/Kentmere, FujiFilm.
- Kodak est une rescapée, et a failli disparaître. Plein d'usines ont été fermées, et la firme est détenue par un fond de pension.
- Harman, qui a récupéré la branche photo d'Ilford, et s'est offert Kentmere (qui lui sert surtout à revendre du film aux remballeurs sans que ce soit du Ilford). Le groupe appartient aussi à un fond de pension depuis 2015.
- FujiFilm, qui mise de plus en plus sur l’instantané (et le numérique depuis longtemps), et laisse tomber une par une ses émulsions mythiques. C'était aussi le dernier producteur de diapo avant que Kodak décide de ressortir l'Ektachrome. D'ailleurs si vous achetez de la diapo actuellement, c'est forcément du film Fuji, quelque soit la marque sur la cartouche
Après, il y a les petits :
- Foma, qui survit avec son offre à bas prix, et remballe pas mal pour d'autres, que ce soit son film ou d'autres émulsions qu'ils ne produisent pas.
- Inoviscoat, qui est issu des cendres d'Agfa Leverkusen, et vit surtout de la sous traitance pour d'autres firmes (FilmoTec Orwo, Bergger, Impossible/Polaroid, Lomography...).
- Adox, qui a abandonné la fabrication en sous traitant probablement chez InovisCoat. Ils ont tout de même racheté cette année la machine permettant de faire des test de couchage d'émulsion d'Ilford, reste à remettre le bouzin en état et réussir à sortir quelque chose de potable
- Les Chinois Lucky et Shanghai, qui ont bénéficié des largesses de Kodak au début du siècle, et produisent surtout pour le marché intérieur Chinois du film tout juste correct avec des grosses variation de qualité entres les batchs.
Et enfin, les obscurs, on ne sait pas trop pour qui ils produisent, et s'ils produisent encore. Généralement, ils font surtout du film très technique, pour la prise de vue aérienne, l'archivage et d'autres trucs encore plus marginaux
- Astrum, Slavich et Tasma en ex-URSS, qui font du film technique et remballent des stocks venus d'on ne sais où...
- Agfa Gevaert, en Belgique, reste de l'énorme congloméra Agfa. Produit du film technique remballé par Rollei. Abandonne une à une les émulsions peu rentables.
Pour finir, les nouveaux, qui relancent avec difficulté une production :
- Ferrania, en reprenant la section de test de l'ancienne usine de la firme. Ils ont promis de la diapo lors du lancement du projet, pour l'instant ils n'en sont qu'à un film N&B assez moyen. Premier vrai nouveau fabricant depuis le début du siècle.
- Silberra, qui essai avec Slavich de lancer de nouvelles émulsions, mais pas de retour sur l'évolution du projets depuis 6 mois. En attendant, remballe du film d'origine incertaine...
- Film Washi, qui couche manuellement de l'émulsion sur du papier japonais. Il s'est aussi mis à la remballe de film dont l'origine est obscure, et possède une machine à perforer qui permet de préparer du film technique au format "photo".
Pour les
films 135 qui n'ont pas leur contre-partie en 120 et encore moins en PF sans doute à cause de leur faible succès commercial et du degré d'investissement à engager pour manufacturer du 120 ou du PF : c'est très souvent de la remballe d'un film 135 existant, et effectivement c'est plus cher de demander les master rolls spécifiques et de faire recouper au bon format par un sous traitant, alors que le fabricant original coupe et perfore à grande échelle. L'exemple typique c'est la Kentmere, qui se retrouve sous une multitude de marques, uniquement au format 135 car il n'y a que l'étiquette qui change sur la cartouche...
L'exemple de Ferrania montre combien il est difficile de faire du film. La chimie de l'émulsion est quelque chose de très complexe, surtout avec les normes environnementales actuelles (je rappelle que la Neopan 400 aurait été arrêté car elle nécessitait trop d'investissement pour avoir une production aux normes).
Ensuite, coucher cette émulsion est aussi une opération très délicate. Faire un couchage de qualité n'est à la porté que des 3 opérateurs historiques, et de ceux ayant récupéré une usine d'un ancien opérateur historique, Agfa (InovisCoat et Agfa Gevaert). Les Chinois, qui ont pourtant reçu une aide massive de Kodak, ont du mal à avoir une production de qualité constante.
D'autres peuvent faire cette opération, mais les résultats sont plus aléatoire... Si on vous offrait une semaine sur l'ISS, vous emporteriez quoi comme film ? De la Foma, de la P30 ou de la FP4+ et de la Tri-X ?
Donc, de ces 5 opérateurs qui maîtrisent de bout en bout la chaîne de production (je mets les chinois de coté), on en tire une bonne trentaine de références chatoyantes. L'innovation dans le milieu du film, elle se fait surtout du coté du marketing
Mais il faut garder à l'esprit que c'est une branche de l'industrie qui a connu un cataclysme avec l'arrivée du numérique, et est passé d'un marché colossal (pensez aux kilomètres de pellicule que nécessite un long métrage) à un marché de niche en une grosse dizaine d'années. C'est presque un miracle qu'il y ai encore autant de survivants...