Oser mitrailler...

[Nyio]

... vous y arrivez, vous?

En argentique je prend vraiment moins de photo que mon ancienne pratique numérique.
Ce qui est bien, c'est que mes planches contactes contiennent en moyenne entre 10 et 20 photos "souvenir" que je tire en 13x18cm sans gros travail sous l'agrandisseur (1 bandelette de test, 1 feuille entière sans masquages et 1 à 2 feuilles pour la version finale avec les masquage si besoin), et je dirais entre 2 et 5 photos que je rentrerais bien dans mes séries (séries plutôt longue je l'avoue, l'idée si j'y arrive c'est d'éditer un petit zine) que je tire en 24x30cm.
Avec mon switch vers l'argentique, j'ai fait 15 pelllicules en 3 ans et je suis en argentique noir et blanc uniquement depuis 1 an pour de tête 8 pellicules cette année. Pourtant mon appareil me suis partout. Un weekend sur deux d'avril à septembre j'étais en rando en montagne, et je ne me suis pas trop restreint en photo. Donc j'ai de belle image (pour moi) mais j'aurais peut être dû en faire plus pour éditer après...

Mais je me pose une question, est-ce que à trop "réfléchir" mes photos( prendre mon temps, tout ça) je ne bride pas mon apprentissage de la photo. A tenter des choses différentes par exemple.
Cette réflexion me vient d'une remarque forte intéressante que j'ai entendu sur les photos en voyage (à 15min de chez nous ou à l'autre bout du monde).
Exemple : Si je vais à New-York par exemple, je vais avoir envie de faire une photo du flatiron building. Mais à quoi bon faire la photo classique depuis la rue?
Pour le souvenir? Google image est là. Pour dire j'y suis allé? ba... tant qu'il est dans un bout de photo ça passe, et puis on s'en fiche, si les gens ne veulent pas te croire c'est pas grave.
Mais la tentation (pour moi) est forte de faire cette photo vue et revue... Et du coup je n'ose pas tenter autre chose, faire une 2eme photo par exemple.

Vous avez des astuces pour oser sortir des sentiers battu, shooter et développer VOTRE photographie ? (prendre des pellicules moins cher ne me tente pas, si je prend ma photo de la décennie je la veux sur une bonne pellicule pour en sortir le maximum possible )

Nicolas

[Oriu]

Une mitraillette

[3point14]

Il manque le dos de 250 vues

[katseinko]

Question bête : c'est quoi un dos 250 vues ?!

[Réginald]

Un "petit" accessoire qui ressemble à ça

[azu19]

Un "petit" accessoire qui ressemble à ça

Ça prend à 24 images par secondes ?

[mathgl]

Impressionnant! Par contre, si j'ai tendance à mitrailler un peu en 135 c'est pour arriver à la fin du film pour le développer plus vite. J'ai l'impression que cette accessoire me ferait vivre un enfer !

[Oriu]

Il y a eu aussi un très rare 750 vues pour les boulimiques.


Cartier Bresson n'avait pas besoin de ce genre de machine pour saisir l'instant décisif

[ALSO]

Pas pour moi, ce genre d'appareil, autant rester en numérique, c'est plus léger, plus rapide pour voir le résultat et ça permet de faire plus de 750 vues....

[katseinko]

Merci pour les réponses, je ne connaissais pas !
C'est impressionnant comme matériel !
Là, il vaut mieux acheter le film par kilomètres ! ^^

[Audiolicence]

Intéressant, Niyo, cette réflexion

Je me fais la même remarque, je "shoote" beaucoup moins qu'avant ..

A la question que tu poses : "à quoi bon faire cette image déjà vue et revue ?", le problème ne viendrait-il pas du fait que l'on est quotidiennement engloutis sous les images ? Et même si l'on s'en tient à l'argentique, on voit tous les jours des propositions riches, abouties, travaillées, originales, "personnelles" .. D'où peut-être l'impression de faire du "déjà-vu", puisque l'on a (presque) déjà tout vu !

J'imagine qu'à l'époque - ou alors il n'y a pas si longtemps que ça - il fallait aller la chercher la photo de qualité, courir les expos, acheter des livres ou des revues .. il y avait certainement plusieurs photographes qui traitaient du même sujet de la même manière, mais ils ne se connaissaient pas et n'avaient pas accès aux images des "autres" : pas de redite possible. Ok, il y avait aussi beaucoup moins de photographes ..

Aujourd'hui, c'est plus compliqué. Je comprends bien ce sentiment dont tu parles : "à quoi bon ?"

Un constat que je fais également, qui est également une crainte, à force de me documenter sur la photo : copier, imiter bêtement, parce que l'image - ou le style ou le traitement me plaît - ce qui me donne envie de faire pareil. Mais après tout, est-ce un problème ? Les grands peintres ont appris en passant des heures à copier des toiles de maîtres, leur style s'est affirmé ensuite. Ou pas, d'ailleurs. Mais là c'est une autre question : est-ce que l'on recherche plutôt le plaisir, ou la gloire ?

Je pense que l'image qui compte, c'est celle que toi tu as envie de voir. Tant pis si c'est déjà fait, ou déjà vu.

Se mettre des contraintes c'est bien aussi. Ça t'oblige à sortir des sentiers battus. Dans la préface d'un petit bouquin qu'on m'a offert récemment (https://www.eyrolles.com/Audiovisuel/Li ... 212677430/) l'auteur explique un peu ça : comment on passe du plaisir de la découverte à l'habitude analytique qui nous "bride".

J'avais aussi vu l'expo d'un photographe - dont j'ai évidemment oublié le nom - qui tenait un peu ce propos : suite à une quasi "overdose" photographique, il a quasiment arrêté de photographier et surtout de regarder des images, il a dû "oublier" la photographie pour mieux y revenir.

Voilà, quelques idées un peu en vrac

Sinon, l'engin Nikon est impressionnant

[Luc]

Cartier Bresson n'avait pas besoin de ce genre de machine pour saisir l'instant décisif

Ça l'aurait même plutôt gêné je pense!
Et au fait après, ce n'est pas trop galère pour développer? Tu as la méga spire XXL...?
Sérieux, faut confier ça à un labo qui développe les films cinéma...? Ça ne doit plus courir les rues!

Pour répondre à Nyio, 8 films par an ce n'est vraiment pas beaucoup! A moins que tu pratiques vraiment occasionnellement, et que tu photographies plutôt du paysage dans le même esprit qu'avec une chambre, sinon oui il me semble que tu te limites un peu trop...
Si tu photographies les gens je pense qu'il est nécessaire de faire plusieurs prises pour réussir une bonne photo. On a toujours besoin d'un peu de temps pour rentrer dans l'action, et en portrait le modèle aussi d'ailleurs. Souvent les premières photos sont banales, puis le modèle s'habitue et se détend. Et toi tu cadres mieux qu'au début et déclenche au bon moment. Même pour un portrait improvisé avec un inconnu qui va te consacrer 5 minutes ça vaut le coup de prendre le temps et de faire une dizaine de vues. Souvent ce sont les dernières les plus intéressantes (même si parfois c'est l'inverse! )
Mais ce n'est pas mitrailler non plus...

Je préfère donc acheter du film moins cher, mais ne pas me limiter, afin d'avoir au final de meilleures photos. Je pense vraiment qu'à trop se limiter on risque vraiment de louper les photos les plus intéressantes...

[ALSO]

Je suis entièrement d’accord avec ton analyse Luc, sans avoir pour autant le « clic » facile car malgré tout, il faut réfléchir, il faut quand même pas mal d’heures de pratique, pour apprendre à « oublier son appareil » et faire de la photo.

[Luc]

Une des meilleures façons de se faire une idée sur la manière de travailler en argentique, c'est de s'offrir l'excellent bouquin "Magnum contact sheets"...

[ALSO]

Façon de se rendre compte que la photo, ça reste compliqué, et c’est aussi l’art de faire des choix, avant, pendant et après....

[Mathieu M]

Tout dépend aussi du genre de photo qu’on pratique. En photo de rue il ne faut pas hésiter à prendre des risques et essayer des choses. On a assez peu le temps de réfléchir et il y a forcément des choses ratées ou pire, presque réussies.

[Luc]

Façon de se rendre compte que la photo, ça reste compliqué, et c’est aussi l’art de faire des choix, avant, pendant et après....

Tout à fait! Il faut autant apprendre à rejeter ce qui ne vaut pas le coup! Quelqu'un qui n'édite pas ses photos et qui garde tout ou presque n'a pas une démarche de photographe. Pour lui seul le souvenir ou la valeur sentimentale compte...

Tout dépend aussi du genre de photo qu’on pratique. En photo de rue il ne faut pas hésiter à prendre des risques et essayer des choses. On a assez peu le temps de réfléchir et il y a forcément des choses ratées ou pire, presque réussies.

"pire, presque réussies" C'est bien dit ça!
La photo de rue fait appel surtout à l'instinct en fait. Mais l'instinct ça ne veut pas dire qu'on ne réfléchit pas non plus... Je ne sais pas si je me fais bien comprendre...

[Havoc]

Le problème en argentique c'est qu'on trouve plus du film sur tout les coins de rue. Si on part en voyage on est presque obligé de prendre tout le film nécessaire avec. Donc, oui, il y a des moments ou je dois me retenir sérieusement car c'est choisir ou avoir des photos de ce moment, ou de tomber sans film dans 5 jours. Quand je suis en vacance j'ai pas temps/envie de faire du shopping et de faire tout les photographes dans 50km pour trouver encore 1 rouleau. Ni de rester 2 jours sur place pour me laisser livrer quelques rouleaux et attendre que DHL/DPD/poste trouve le blèt.

C'est un peu plus facile en 135 qu'en 120. Et contraiement à ce que je pensait, c'est aussi plus facile en 4x5.

Sérieux, faut confier ça à un labo qui développe les films cinéma...? Ça ne doit plus courir les rues!

Il y a le LOMO UPB-1A pour developper par 15 metres. On en trouve plein sur ebay.

[Audiolicence]

Une des meilleures façons de se faire une idée sur la manière de travailler en argentique, c'est de s'offrir l'excellent bouquin "Magnum contact sheets"...

Ou le coffret de DVD d'Arte : Contacts

[tilu]

C'est une bonne question

Je vais tenir un discours iconoclaste sur ce forum: pour moi en photographie, pour apprendre la technique, il faut faire des images de tous types dans toutes situations. Ce ne seront pas (toujours) de bonnes photographies mais elles vont permettre d'apprendre le cadrage et l'exposition.

Pour cela le numérique est incomparable autant qu'il est frustrant.

Après pour faire de LA photo, il faut construire son regard, développer son langage, c'est une démarche personnelle... cela ne nécessite pas forcement de faire des images, connaitre ce qui a été fait donne une culture et un bagage iconographique, c'est nécessaire mais bien entendu pas suffisant.

Lire des livres, voir des expo, des sites des blogs... c'est bon pour l'oeil.

pour ce qui est de tenir un propos cohérent et surtout interessant c'est une autre paire de manche...

Personnellement, c'est le constat d'un échec à y parvenir et la sensation de répéter toujours les mêmes images qui m'a éloigné pendant des années de la photographie argentique, me contentant d'images à l'iPhone pour mes "souvenirs". Sans rancoeur ni rancune aucune d'ailleurs, le bagage technique reste toujours.

Après des années de jeûne photographique, j'ai fait d'autres choses, arrêté de chercher autour de moins la bonne lumière et la bonne photographie. Quelque part cela m'a apporté du détachement; je ne suis plus gêné de faire des images "vues et revues" alors je m'y remets doucement.

L'important c'est le plaisir quand le pouce arme l'appareil et que l'oeil circule dans le viseur pour essayer de composer une photo.
Il n'empêche lorsque l'on construit un travail photographique, le métrage de film n'est qu'une variable financière. Selon moi, il est indispensable de tourner autour du sujet et de prendre des photos pour le sentir. Lire les PC des plus grands permet de voir comment les grandes photos se construisent par touches comme les huiles de De Vinci.