Pollution photographique

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hyperfocale
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Pollution photographique

Message par hyperfocale »

Bonjour,

Cette fois, j'aborde un sujet peut-être un peu polémique, sur ce site.

Celui de la pollution et de la photographie.

Ce sujet m'est venu à l'idée, à la lecture d'une plaquette récente, qui recense un certain nombre de sites industriels et de pollutions qu'ils ont laissé derrière eux.

Parmi eux, les usines Kodak, qui y sont décrites comme ayant utilisé, stocké, et parfois disséminé, bien des produits chimiques, dont certains sont toxiques, sinon pire...

Il est précisé que cette firme a employé, pour toutes ses diverses activités, plus de 450 substances chimiques différentes...

Dont les interactions, surtout à plusieurs en mélange, sont quasi inconnues...

Il faut reconnaître que la photographie traditionnelle a toujours fait appel à la chimie (pellicules, révélateurs, etc.) pour exister, et cela depuis ses débuts.

Et, dès ce début, l'on a utilisé des composants plutôt risqués.

Rappelons-nous, par exemple, que pour développer selon le procédé de Daguerre, l'on exposait tranquillement la plaque (et aussi le photographe) à des vapeurs de mercure... Sans commentaire...

La chimie organique, qui est à la base de la photographie en couleur, est encore plus "agressive" que celle nécessaire à la photographie N&B.

Et, ce n'est pas pour rien qu'il faut une hotte aspirante au dessus de certains des bacs de produits utilisés dans les chimies pour la couleur, alors que ce n'est pas indispensable en chimie N&B, pour éviter de respirer certains dégagements.

Mais, la chimie du N&B n'est pas innocente non plus, et des cas d'allergie existent, bien que moins fréquents qu'avec la chimie couleur.

Notamment, pour les gens qui baignent dedans, à longueur de journée (laborantins et tireurs).

En tant qu'amateurs, nous contribuons aussi à cette pollution, en jetant à l'évier nos bains usagés (révélateur et fixateur). Tandis que les professionnels les recyclent (plus ou moins), ce qui limite ou retarde le problème.

Ce n'est que très tardivement que certains kits de traitement pour amateurs furent fournis avec une solution de neutralisation, à mélanger avec les produits de traitement, avant passage à l'égout. Ce qui limitait les dégats, mais les limitait seulement.

De plus, nous devons faire attention à certains gestes.

Qui n'a jamais mis ses doigts dans les bains, pour y prendre une feuille, ou bien pour chauffer un partie du cliché avec un mouvement tournant des doigts ou de la paume, afin de chauffer localement la mince pellicule de révélateur qui s'y trouvait, et augmenter son activité, pour faire "monter" une zone de l'image...

Pour en terminer avec cette première intervention sur ce sujet, nous reconnaissons que la chimie ne peut disparaître de notre vie, et avec elle tous les produits qu nous utilisons journellement.

Simplement, il nous semble important d'être conscient que cette chimie devient de plus en plus risquée, avec son évolution vers des produits de plus en plus puissants, et que l'augmentation de sa production ajoute la montée en volume à la montée en dangerosité.

La Terre étant une système quasi-fermé (hormis les échanges par rayonnement, et quelques pertes et gains de matières diverses), tout ce que l'on injecte dans le dit système finit par se retrouver un peu partout, et (ce qui est plus grave) à ce reconcentrer, notamment via les chaînes alimentaires... Ce qui met à bas la logique de la dilution, basée sur les dimensions de la planète.

Point important : rien ne prouve, loin de là, que la filière du numérique est et sera moins polluante.

Il est vrai que toute la chimie liée au papier, au révélateurs et autres produits n'a plus lieu d'être, alors, mais la production des composants électroniques (CCD inclus), comme celle des plastiques et des verres n'est guère innocente...

En fin de compte, pour les matériels, les moins polluants d'entre eux sont ceux qui ont déjà été fabriqués (le mal est fait), et que l'on continue à utiliser, au lieu d'en acheter toujours de nouveaux (le mal n'est pas fait), ce qui est bien dans la logique de ce site.

Pour ce qui est du traitement de laboratoire, il n'y a pas de solution parfaite, sauf à prôner l'économie des produits, et leur dépôt dans un centre de recyclage (à supposer qu'ils les acceptent et aient les destinataires compétents à qui les livrer).

Il reste que le N&B est moins polluant que la couleur (dans le cas du traitement amateur). En travail professionnel, il faut espérer que tout est bien surveillé...

Bien entendu, les propos tenus sur la firme Kodak sont aussi valables pour Fuji, Ferrania, Ilford, etc. etc., puisqu'il s'agit d'une question de chimie qui est commune à toutes.

Quant au comportement spécifique de telle ou telle société, en matière d'environnement (qui a été plus ou moins prudent et correct dans la manipulation de ses produits, au fil de ses activités), nous n'avons pas de données comparatives.

Cordialement.
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aulmandin
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Message par aulmandin »

Hyperfocale, sait tu comment savoir où déposer ses chimies usagées? existe-t-il vraiment de tels centres de recyclage? A ton avis, je peux me renseigner en mairie? sinon où?

ça me démangeait depuis quelques temps, de jeter à l'évier, et donc je suis ravi que ce sujet soit ouvert.
hyperfocale
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Message par hyperfocale »

Bonjour,

Théoriquement, il faut ramener ses produits de photographie dans un centre local, de type déchetterie.

Sont-ils correctement pris en charge, ensuite ? ...

Une triste anecdote, du temps où je travaillais dans un magasin de photographie, où la traditionnelle boîte de récupération des piles (de type bouton) trônait sur le comptoir.

J'ai un jour demandé à la personne chargée de récupérer ces boîtes, une fois pleines, ce qu'elles devenaient ensuite.

Il m'a tranquillement répondu qu'elles étaient regroupées dans un grand carton qui, une fois lui aussi plein, était déposé discrètement dans une décharge publique.

Ni vu, ni connu !

Quand on connait le pouvoir de contamination d'une seule pile bouton (1 mètre cube de terrain), on imagine sans peine le résultat avec des milliers de ces petites piles déversées au même endroit...

Cordialement.
Modifié en dernier par hyperfocale le mardi 18 avril 2006 20:31, modifié 1 fois.
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fabrice C
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Message par fabrice C »

Pas de problème de piles avec un zorki 1 8) Même ma cellule est sans pile !
Cela faisait partie de la démarche dans laquelle je me suis engagé depuis quelques temps.
Pas de pile sur la retinette kodak, ni sur le fed 2, ni le lomo cosmic symbol
En 6x6 : Pas de pile sur mon yash A et mon agfa isola
En 6x9 : Pas de pile sur mon agfa billy record II, ni mon clack.

Pas de flash ! En intérieur, si besoin d'éclairer une zone (portrait posé par ex) : Un panneau réfléchissant la lumière du jour, fabriqué en collant sur une plaque d'isorel une nourice plastique-alu de 5l de pinard (découpée et lavée, bien sûr !)

Pour les produits : C'est le seul point où je tique : Le révélo au lavabo à chaque développement. Mais peut-être serais ce mieux en le mettant en poubelle tout venant dans une bouteille vide, pour être incinéré (les fumées d'incinérateur sont filtrées drastiquement, de nos jours)
Qu'en penses tu ?
Le fixateur est utilisé tant que possible, en le testant régulièrement.
Le problème qui me scandalise le plus, en fait, est d'avoir vu dans certaines revues et certains bouquins dont les techniques n'ont pas été réecrites depuis les années 70, et qui sont publiées telles quelles, que le rinçage gaspille une quantité ENORME de flotte.
Si tu jettes un oeil à mon protocole, que Lionel à la gentillesse d'héberger dans ses pages, j'ai insisté pas mal sur la nécessité d'être parcimonieux.
Certains auteurs commencent à admettre du bout des lèvres qu'un rinçage à grande eau n'apporte rien.

Recuperator is back !
hyperfocale
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Message par hyperfocale »

Bonjour,

Et bravo pour la pratique "sans piles".

Pour ce qui est de la chimie de laboratoire, le dépôt en centre spécialisé (déchetterie) semble le plus écologique.

En matière de rinçage, il y a la solution des bains successifs, qui sont renouvelés dès que le liquide est saturé par les sels présents dans la gélatine.

Mais, il faut que le liquide soit bien agité en continu (les sels ont tendance à stagner près de la pellicule, et contrôler régulièrement la quantité de sels restants (au moyen d'un réactif chimique).

Dès que la concentration dans la gélatine (et dans l'eau) est en dessous du niveau nocif pour une conservation longue durée des images, il n'est plus utile de continuer à rincer.

Cordialement.
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aulmandin
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Message par aulmandin »

J'aimerai bien pratiquer plus économique avec mon fix, mais je me demande si c'est possible... je l'utilise avec un agent Tannant, et si je peux vérifier que le fix est encore frais grâce à l'ami Fabrice... comment vérifier que le tannant est réutilisable... :?:

merci d'avance
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Message par la_tortue »

fabrice C a écrit : Pour les produits : C'est le seul point où je tique : Le révélo au lavabo à chaque développement. Mais peut-être serais ce mieux en le mettant en poubelle tout venant dans une bouteille vide, pour être incinéré (les fumées d'incinérateur sont filtrées drastiquement, de nos jours)
Qu'en penses tu ?
hum, hum... :?
perso, je n'en pense que du mal...
je m'explique:
j'habite tout près d'une usine d'incinération (d'ailleurs je devrais faire une série de photos là dessus...) et je ne pense pas que ce soit la panacée...
d'ailleurs si les particules qui s'échappent des cheminées de ces incinérateurs étaient si bien filtrées, on aurait pas eu à fermer certains de ces incinérateurs suite à une nouvelle réglementation européenne qui entre ou est entré en vigueur cette année.
tu vas me dire, ben justement, maintenant qu'elles sont ou qu'elles vont être fermées ces usines, ben les autres, celles qui restent ouvertes, polluent moins. et c'est vrai.
mais ce qu'il faut savoir c'est que ces incinérateurs rejètent tout de même des particules fort nocives (dioxines).
un des problèmes de fond des ces centres d'incinération est qu'ils sont gérés par des entreprises privées, rémunérées à la quantité de déchets brûlés... donc leur intérêt est de faire tourner au maximum leur outil de production et donc:
1º- de ne pas être trop regardant sur les déchets
2º- de ne pas trier les déchets mais d'en bruler un maximum
3º- de ne pas arrêter un four même lorsque les seuils de rechets de dioxine sont dépassés...
ce n'est pas un pamphlet anti-entreprise privée, loin de là, mais dans ce genre d'activité, on arrive vite à des contradictions...

pour info le PVC est la principale cause de formation des dioxines...
aparté: peut être cela est il lié à l'arrêt de la produit de la matière première des disques vynil... voire autre fil au sujet de la fin des pellicules photos et le "HS" sur la fin du vynil... :D


de toute façon, bravo pour la pratique "sans pile". :D
pour les produits liquides, une filière de recyclage fiable me semble plus approriée... je dis fiable, parce que si comme dans le témoignage de Hyperfocale, c'est pour terminer dans une décharge, ben c'est peine perdue...

pas facile tout ça !!! :oops:

a+
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fabrice C
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Message par fabrice C »

Donc je te dis : "ben justement, maintenant qu'elles sont ou qu'elles vont être fermées ces usines, ben les autres, celles qui restent ouvertes, polluent moins" :P

Ceci dit, il était temps que des normes soient misent en place, parceque j'ai souvenir de décharges à ciel ouvert qui bennent directement dans l'océan en espagne, avec tous les déchets qui viennent bien gentiment s'échouer sur les belles plages entre socoa et anglet !

A Poitiers, l'incinérateur va être réouvert après mise en conformité ... il faut bien commencer à faire un peu confiance, à un moment, non ?
Bon, non d'accord, jamais je n'achèterais dans le lotissement qui se construit autour de l'incinérateur :oops:
Comme la filière recyclage me semble barrer en saucisse, je pense qu'à notre niveau, le mieux à faire est de freiner le gaspi : J'ai appris à changer le révélo après chaque développement, et suite à ce fil, reflexion intense, j'ai réutilisé d'un jour l'autre le même révelo pour deux pelloches, en augmentant le temps de 20 % la deuxième fois.
Ben le résultat n'est pas seulement bon, j'ai l'impression qu'il est meilleur !!!
Donc si tout le monde s'y met de son petit test, on va rapidement réussir à se mettre d'accord sur un protocole économique pour nous, et écologique pour tous.
Ca vaut le coup de s'y mettre non ? :wink:
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aulmandin
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Message par aulmandin »

oui absolument! :D
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Message par la_tortue »

salut fabrice C,

tout à fait d'accord. un jour faut s'y mettre. et il n'y a pas de miracle, cela depend de l'action de chacun: freiner le gaspillage, ne pas utiliser de produits trop polluant et nocifs (mercure, PVC, etc...).
concernat le recyclage de ton révélateur après chaque développement, j'ai lu un truc intéressant sur le site suivant:
http://site.voila.fr/p.bigou/pagenoiret ... tblanc.htm

je me permets de citer le site:
"Le principe de base: pour obtenir un process stable/des développements constants dans le temps, il ne faut pas travailler à bain perdu! Il faut régénérer son révélateur à savoir le D76 utilisé pur. En gros, on prépare 2 flacons de 1 L. de D76: le A et le B. On développe avec le A, en récupérant le produit à la fin du temps imparti de développement pour le reverser dans son flacon d'origine: le A. Ensuite, on complète le niveau manquant avec le B. Et on fait comme ça pendant 1 an.

Autre principe: on travaille à 20°C!

Les temps de développement sont valables pour toutes les pellicules N&B 400 iso (Tri-X, Neopan 400, HP5,...):

pour 200 iso: 8 minutes
pour 400 iso:11 à 12 minutes
pour 800 iso: 18 minutes
pour 1600 iso: 22 à 24 minutes
On ne rince pas le film... direct le révélateur dans la cuve!

L'agitation doit être, pendant les 30 premières secondes initiales, constante. Puis ensuite, 5 secondes d'agitation toutes les 3 minutes.

Pas de bain d'arrêt... direct le fixateur puis rinçage à l'eau pendant 60 minutes!"
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Message par hyperfocale »

Bonjour,

Le seul recyclage efficace à 100%, c'est celui qui n'est pas nécessaire : moins on utilise de produits, moins ils finissent dans la nature, moins on en fabrique et moins l'on pollue pour les fabriquer...

Pour le D 76, et la méthode présentée, si les résultats sont bons et réguliers, pourquoi pas?

Toutefois, les vrais bains de régénation de révélateur (utilisés dans les laboratoires) n'ont pas exactement la même composition que le révélateur qui est ainsi régénéré.

C'est un peu comme le cas de la personne qui au lieu de vidanger l'huile de sa voiture, se contente de compléter le niveau avec de l'huile neuve, au fur et à mesure de la consommation. Ce n'est jamais aussi bon que de réellement vidanger tout, et de mettre de l'huile neuve (tout en changeant le fitre à huile).

Pour en revenir au révélateur, les deux techniques les plus classiques sont :

Utiliser le même révélateur, en modifiant à chaque utilisation la durée de traitement (qui s'allonge avec l'épuisement progressif).

Travailler à bain perdu, le plus souvent en dilution 1+1, avec des doses successives de révélateur qui sont toujours neuves (puisque utilisées une seule fois).

La dilution 1+1 allonge légèrement le temps de traitement, mais elle permet d'économiser sur la consommation de révélateur, et avec certains révélateurs les résultats sont supérieurs à l'emploi sans dilution (meilleur modelé et gradation plus nuancée des gris).

Dans le cas de la régénération, l'on récupère aussi l'argent métal présent dans les boues au fond des cuves des laboratoires.

Pour ce qui est des incinérateurs, c'est la solution de facilité (apparente, parce qu'à long terme...), surtout parce qu'elle coûte moins cher que le tri, le traitement et le recyclage...

Elle coûte moins cher à court terme, mais à long terme, les conséquences écologiques, etc.

Bref, l'ardoise sera lourde pour les générations futures...

Le seul système efficace de dépollution chimique, c'est la torche à plasma : une température tellement élevée que tous les produits (y compris les plus complexes et dangereux) qui y sont exposés sont décomposés en leurs composants les plus simples (par cracking), des atomes simples et inoffensifs : carbone, azote...

Mais, ce n'est valable que pour la pollution chimique... Et, de plus, c'est peu pratique pour des quantités importantes, sans parler du coût énergétique...

Cordialement.
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