Selenium a écrit :J'ai aussi participé à ce genre d'évènements.
J'ai remarqué que pour quasiment toutes mes ventes, la personne était décidée avant d'acheter. J'aurais pu dire ce que je voulais..
Après si je bavarde avec les badauds, c'est aussi pour me faire de la pub et, avouons-le, parce que ça fait toujours du bien à l'égo de parler de son travail à quelqu'un d'autre..
Sinon, tu oublie un "4" fondamental dans les raisons qui poussent quelqu'un Ă acheter : la valeur sociale qu'il pourra en tirer.
Soit un nom (regardez, voici deux oeuvres phares de ma collection, un "naej" et un "selenium") soit une histoire qu'il pourra raconter à ses invités..
Citer :
En d'autres mots, la photographie ne peut être totalement fidèle aux rêves, ou à l'imagination, contrairement à la peinture.
Tu peux arriver Ă un grand niveau d'abstraction en photographie, par l'image ou par le message que tu y met.
La macro, la superposition d'image (
http://www.danielbouzard.com/galeries/t ... hp?album=4 ), une image totalement floue, en filé (
http://www.summilux.net/pages/viewgalerie.php?f=71&t=9 ), ce n'est pas de l'abstraction ?
Tout d'abord, désolé du délai. Je voulais prendre le temps nécessaire pour bien répondre aux questionnements.
Pour ce qui est de l'abstraction, évidemment, je n'ai jamais dit qu'il est impossible d'en faire avec la photographie. Par contre, pour y parvenir, il faut des objets, des éléments concrets que l'on peut alors modifier (par sa perspective, pas la juxtaposition d'images, ou autres procédés...). Il faut une certaine base. La peinture abstraite, quant à elle, ne peut se faire qu'avec une imagination (débridé), car certaines de ces peintures sont partie totalement d'une toile blanche. Une peinture de Kadinsky, par exemple, ne peut avoir été créée à partir d'un objet auquel on a modifié ce qu'il est réellement.
Par contre, la peinture peut aussi abstraite et composé d'objets concrets. On a qu'à regarder les peintures de Picasso. Même Dalì (pour revenir à mon peintre préféré) apportait une perspective irréelle (ou rêvé) à un objet ou un animal réel. Des exemples parfait sont ses montres molles ou ses éléphants aux longues pattes émincés. Modigliani avec ses sculptures de gens hyper fins est aussi un bel exemple. J'avais vu un documentaire sur lui qui disait que ces sculptures ont été créés à partir de ce que l'on peut voir des gens quand ils sont regardé de loin, avec la vision un peu brouillé par la chaleur de l'été.
Pour les Symposiums, tu as raisons. On peut dire ce que l'on veut, tout ce qu'ils veulent c'est acheter l'oeuvre parce qu'ils ont un coup de coeur. L'émotion l'emporte alors sur la connaissance (Il faut l'avouer, il nous arrive parfois que les émotions dépassent nos connaissance lorsque nous prenons une photo). Il y a deux ans, j'ai eu deux exemples de gens qui achète parce qu'ils veulent acheter une photographie ou qui achète sous le coup de l'émotion. Dans les deux cas, ils se foutaient que c'était de la photographie argentique.
Mais je suis comme toi. J'aime discuter de la technique, de ce qui me passionne dans la photographie, et même du plaisir de cette passion (seul plaisir que j'ai maintenant, soit dit en passant. C'est pourquoi j'ai tellement hâte au printemps!

). Mon souhait, quand je fais ces symposiums, c'est de rencontrer quelqu'un qui me demandera de venir enseigner la photographie argentique à des jeunes dans une école, ou alors, de donner une conférence sur ma passion de la photographie. Malheureusement je suis pessimiste de nature. Je ne crois donc plus à ce que cela arrive un jour

L'important, pour le moment, c'est ce se faire voir. Le reste viendra probablement après.
Il est aussi vrai que la valeur sociale d'une photographie (dans notre cas), peut inciter à acheter. Je crois qu'ici, nous sommes tous des artistes émergents. Un jour nous arriverons à percer le marché (et son mystère

). Et je ne pense pas que ce sera seulement qu'à notre décès que nous y parviendrons.
La photographie, surtout argentique, est maintenant un marché de niche. Il faut une clientèle poussé pour acheter parce que c'est, justement, de l'argentique.
L'été dernier, à Québec, j'ai rencontré une artiste qui faisait, outre la peinture, de la photographie (numerdique, il faut l'avouer, mais imprimé sur toile). Elle vendait plus ses peintures que ses photos. Ça le décourageait.
Ça me fait penser qu'à ce genre d'évènement, il ne faut être tête dure en ce sens que l'on ne vendra peut-être pas, mais on se fait voir.
Et puis ici... le marché de l'art tend à décroître. En effet, peu de gens achètent. L'économie n'est pas encore à son meilleur et je ne crois pas que cette année sera mieux. Seul le 1% achètera, et évidemment, ce sera des oeuvres de grands noms. Ça paraît bien pour l'impôt d'avoir un Picasso au lieu d'un Sélénium ou d'un Naej.
L'année dernière, au symposium que j'organisais, ce qui s'est vendu c'est des peintures de coqs. Ça paraît que ma région est principalement agricole

Peut-ĂŞtre devrais-je moi aussi me mettre Ă photographier des poules et des coqs au lieu de mes paysages et mes "vestiges"

Malgré tout, pour vendre aujourd'hui, il faudrait presque donner. Mais à quoi reconnaît-on le travail? Bien sûr, par l'image elle même. Mais le temps investit, les coûts pour le matériel n'ont pas une certaine valeur? J'ai cru remarquer que non. Le prix est un frein à la photographie, tout comme à la peinture émergente. Seul l'émotion vend aujourd'hui (le nom aussi, mais ça, c'est réservé au 1%).
freddy.lombard a écrit :Si j'ai bien compris ce que tu veux dire, ce serait assez logique, la peinture datant de Lascaux et de la grotte Chauvet, alors que la photo n'a même pas deux siècles..
Penses-tu que cette antériorité justifie que les peintures soient si chères sur le marché des ventes publiques alors que la photo n'atteint pas les mêmes sommets ?
Je crois, Freddy, que la mise en marché des oeuvres de grands noms a aidé pour beaucoup. Les mécènes de l'époque ont aidé à monter la valeur de ces oeuvres. Et pourtant, outre les Rembrandt, Van Gogh, Picasso, Modigliani et autres artistes de renoms, il y a eu des inconnus. Je vais exagérer, mais si on ne prend que son côté artistique, Hitler aurait été un de ces artistes inconnus (bon, il fut connu pour ses atrocités, et je n'appuie certainement pas ses idées. Je ne le cite qu'en exemple, au temps où il était peintre. Je tiens préciser.). Pourquoi eux et pas les autres? C'est, à mon avis, le mécénat qui a joué un rôle déterminant. Aujourd'hui, le mécénat se réalise par les entreprises privées et les gouvernements. Les restrictions budgétaires, dans les deux cas, n'aident certainement pas la culture, qui est la première touchée.
Au Canada, le gouvernement Harper a
coupé de plus de 10% le budget de la culture. Et selon la rumeur, dans le prochain budget, la culture va encore y goûter. Cela prouve hors de tout doute que la culture n'a plus sa place dans le gouvernement.
Mais les journalistes sont souvent une bande de chiâleux: alors qu'ils (é)crient sur ces coupures, ils critiquent le gouvernement quand celui-ci dépense près de 100 000$ pour une photographie ou une peinture du Premier Ministre.
Mais ils ont quand même raison de critiquer ce gouvernement qui préfère de loin
remplacer des peintures d'un grand peintre d'ici par un portrait de la Reine Élizabeth. La royauté à primauté sur l'art, et ce, même si ce portrait est une peinture. Le gouvernement oubli la complexité d'une oeuvre, ou sa raison d'être (ou la raison qui explique pourquoi elle était placé là ). L'émotion n'existe pas pour le gouvernement.
La photographie, tout comme la peinture, a besoin du mécénat pour percer. Pour parvenir à approcher les mécènes, il faut le bouche à oreille, et de bons amis. Un exemple, ici, est Yann Pocreau, jeune photographe de Montréal. Sa renommé vient du fait qu'il est dans le bon cercle d'amis (ou la bonne "cliques" comme ont dit par ici). Il a d'ailleurs une ou deux photographies qui appartiennent à Hydro-Québec, société d'État gérant l'électricité ici. D'ailleurs, dû au fait de ces acquisitions, le photographe a maintenant une certaine reconnaissance qui fait en sorte que ses oeuvres ont pris de la valeur.
Et par le fait même, étant reconnu par un "mécène", il est maintenant, selon nos lois, reconnu comme étant un artiste professionnel.
Mais justement, je terminerais mon laïus par une question: À quoi devrait-on reconnaître le statut d'artiste?
Bonne journée!!!
Jean-François