Tirage foireux sur un Zorki 1

Conseils pour la réparation et l'entretien du matériel photographique.
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Foufurieu
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Tirage foireux sur un Zorki 1

Message par Foufurieu »

Bonjour,

Je viens de récupérer un Zorki 1D sur lequel la mise au point était très dure. J'ai cherché à droite-à gauche sur interouèb' et j'ai fini par comprendre que c'était probablement la bague porte-objectif qui était voilée. Je l'ai donc démontée et je me suis rendu compte qu'il manquait un morceau de l'une des cales en papier qui servent à régler le tirage, pile au niveau d'une des 4 vis de fixation : lorsque celle-ci était serrée, forcément la bague se mettait de traviole et, pardi, ça coinçait. J'ai donc redécoupé de nouvelles cales dans du papier de même épaisseur et maintenant la mise au point est très douce, un vrai plaisir.
Toujours est-il que tant que j'y étais, je me suis dit qu'il ne serait peut-être pas superflu de mesurer le tirage, dont la valeur théorique qu'on trouve un peu partout est de 28.8+/-0.02mm. Et là, ça part en vrille. En effet, le film étant plaqué sur ses guides par une plaque à ressorts, je me suis d'abord imaginé qu'il était illusoire de mesurer directement le tirage à la jauge de profondeur parce que le dos du boîtier n’étant pas démontable, il ne fallait compter que sur la plaque de pression pour maintenir le film en place et que celle-ci n'allait pas manquer de s'enfoncer sous la pression même modérée de la tige de la jauge et que dans ces conditions, chercher une précision de 0.02mm relevait d’un excès de confiance démesuré, pour ne pas dire d’une naïveté extrême.
J’ai donc d’abord pensé à essayer de bloquer la dite plaque à ressorts d’une façon ou d’une autre pour l’empêcher de reculer sous les assauts de la tige de jauge mais j’ai bien vite renoncé à cette idée parce qu’il n’est pas facile de glisser quelque chose derrière cette plaque, et surtout parce que ce quelque chose devrait avoir l’épaisseur qui va bien au centième de millimètres : trop et la plaque serait déformée vers l’avant, pas assez et elle reculerait quand même, bref dans tous les cas la mesure serait foireuse.

La seconde solution à laquelle j’ai pensé était de glisser des plaques de plastique assez rigides non plus derrière mais entre la plaque à ressort et le film afin d’écraser un peu les ressorts et de limiter l’enfoncement de cette plaque sous les coups de butoir de la tige de la jauge de profondeur. Les mesures que j’ai obtenues (9 au total dans la fenêtre, répétées trois fois) se sont avérées assez répétitives mais ont fait apparaitre :
1) que j’étais loin du tirage théorique (plus d’un dixième de différence en moyenne)
2) et surtout que la bague porte objectif n’était pas parallèle au plan du film, il s’en fallait là encore de plus d’un dixième.

Par acquit de conscience, j’ai refait une série de mesures sans mes plaques de plastique mais en essayant de ne pas trop appuyer sur la tige de jauge, et ma foi j’ai retrouvé peu ou prou la même chose. Il n’empêche qu’en faisant ces mesures, je me suis rendu compte que le film est de toute façon toujours très légèrement gondolé et que la précision de 0.02mm qu’on est supposé respecter me paraît totalement illusoire.

Moralité : ça ne sert à rien de se faire des noeuds au cerveau, les solutions les plus simples sont souvent les meilleures, même si c’est pas toujours le cas. Cependant, et c’est là où je voulais en venir, je voudrais quand même bien savoir

1) s’il existe une méthode standard pour mesurer le tirage sur ce type d’appareil à dos non démontable,
2) et comment rattraper un défaut de parallélisme entre le plan du film et celui de la bague porte objectif.

Sur le deuxième point, j’entrevois deux pistes. La première consiste à usiner des cales biseautées, mais vu l’épaisseur du berzingue ça risque de pas être de la tarte, et la seconde consiste à insérer au bon endroit des cales de la bonne épaisseur entre la coque de l’appareil (sur laquelle est montée la bague porte objectif) et le mécanisme (sur lequel vient appuyer le film), mais ça me paraît plus relever du bricolage qu’autre chose.

Bref, je suis impatient d’avoir votre avis sur la question.

Merci pour vos conseils,

Foufurieu
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Mael
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Re: Tirage foireux sur un Zorki 1

Message par Mael »

Il faut un autocolimateur pour vérifier l'alignement optique directement sur le film. On vérifie à la fois l'infini et l'alignement sur le film.
https://www.globalspec.com/learnmore/op ... ollimators
Sinon on peut à défaut utiliser une jauge de profondeur en forme de T et "sentir" lorsque la jauge effleure le film sans enfoncer les ressorts. Il faut alors installer des rondelles micrométriques sous la bague porte objectif ou à défaut des bout de carton, journaux, vieux cornets de frites, pancartes, samovars ou encore accordéons. :lol:


Un peu chiant mais pour un Zorki on y arrive de toute manière si c'est un objectif Industar rentrant il y a de fortes chances qu'il soit usiné de travers.

https://jay.fedka.com/index_files/Page433.htm
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azu19
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Re: Tirage foireux sur un Zorki 1

Message par azu19 »

C'est la Vodka ?

Some early FED (the „NKVD“ types) have variable lens registers and lens mount threads. These cameras often have lenses which must match not only their mount, but their individual focus registers as well. The camera and lens are matched at the factory. It is often difficult to determine whether a FED of this type has its original lens, and when found with a non-matched lens, focus calibration is often hard to achieve.
ça c'est chaud pour un réparateur
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Mael
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Re: Tirage foireux sur un Zorki 1

Message par Mael »

En général on arrive assez bien à "normaliser" à la fois le boitier et l'objectif.

Ce n'est pas la vodka, nous sommes aujourd'hui habitués à ce qu'une pièce se monte à la place d'une autre sans problème.

Hors, avant l'arrivée des japonais, les appareils étaient assemblés avec des pièces triés par le monteur, et parfois ajustées à poste.

Lorsque l'on usine une pièce, les outils de coupe vont, au bout d'un certain temps, s'user, et il faut rerégler la machine. Entre temps les pièces qui ne sont plus tout à fait à la côte correcte on peut faire le choix de les rejeter mais cela coute cher. Je ne parle même pas des conditions de fabrication des Fed en Russie soviétique.

Et même chez Nikon, dans les années 50, personne ne se doute que pour emboutir un capot en laiton chromé de 0,5mm d'épaisseur, il y avait seulement 25% des capots qui sortaient conformes, les autres repartaient en fonderie.
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Re: Tirage foireux sur un Zorki 1

Message par Oriu »

L'emboutissage des capots en laiton, il ne doit plus y avoir beaucoup de fabricant qui maitrise, nuance de l'alliage, traitements thermiques, fabrication des matrices, je ne sais pas si c'était fait en un seul matriçage ou plusieurs passes avec recuit intermédiaire ?
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Re: Tirage foireux sur un Zorki 1

Message par eric.c »

Pour sortir les chiffes en relief sur les cadrans de montres il y avait une cralée de passes d'emboutissage avec recuit à chaque tournée. Quand je suis rentré dans la boite ils avaient renoncé à ces fabrications typées "grandes séries" (c'était après la "crise du quartz" qui a laminé l'industrie horlogère suisse avant qu'elle ne reparte en mode "luxe") et on ne faisait plus que de "l'applique or" avec des petits chiffres découpés dans une barre d'or avec deux pieds entre 0.15 et 0.30 mm sertis dans de trous percés dans le cadran. On avait même laissé tomber les appliques laiton : on se faisait tellement chier avec la finition et la galvano qu'ils revenaient plus cher que l'or (faut dire qu'un chiffre ça pèse pas grand chose)
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Re: Tirage foireux sur un Zorki 1

Message par laurent.c »

Mael a écrit : jeudi 28 septembre 2023 10:28 En général on arrive assez bien à "normaliser" à la fois le boitier et l'objectif.

Ce n'est pas la vodka, nous sommes aujourd'hui habitués à ce qu'une pièce se monte à la place d'une autre sans problème.

Hors, avant l'arrivée des japonais, les appareils étaient assemblés avec des pièces triés par le monteur, et parfois ajustées à poste.

Lorsque l'on usine une pièce, les outils de coupe vont, au bout d'un certain temps, s'user, et il faut rerégler la machine. Entre temps les pièces qui ne sont plus tout à fait à la côte correcte on peut faire le choix de les rejeter mais cela coute cher. Je ne parle même pas des conditions de fabrication des Fed en Russie soviétique.

Et même chez Nikon, dans les années 50, personne ne se doute que pour emboutir un capot en laiton chromé de 0,5mm d'épaisseur, il y avait seulement 25% des capots qui sortaient conformes, les autres repartaient en fonderie.
Tes remarques historiques me rappellent le texte de Simone Weil : la condition ouvrière.
La philosophe s'était engagée dans une usine dans les années 30. Physiquement et psychologiquement, ce fut un choc. Son journal d'usine est une témoignage technique et humain, et elle s'est appuyée dessus pour développer ses idées sur le travail.

On y parle d'ajustage, d'affutage, et évidemment de travail à la pièce, de rythme à tenir et de coulage.
https://fr.wikisource.org/wiki/La_Condi ... xte_entier
Foufurieu
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Re: Tirage foireux sur un Zorki 1

Message par Foufurieu »

Salut Mael,

et merci pour toutes ces infos. Je n'ai bien évidemment pas d'autocolimateur sous la main, aussi je dois me contenter de la jauge de profondeur. Je retiens qu'en faisant attention, on peut réaliser une mesure sans que la plaque presse-film ne s'enfonce, c'est aussi ce qu'il m'avait semblé constater. Je considère donc que mes mesures sont correctes même si elles sont un peu dispersées d'une série à l'autre.

Je connaissais le site de Jay Javier mais je ne sais pas pourquoi je n'avais jamais trouvé la page que tu m'as indiquée : pourtant, elle contient tout! En revanche, là où je suis étonné, c'est quand il écrit que "les cales peuvent être coupées en deux ou même plus petites, et placées précisément sur les parties du support qui doivent être surélevées" pour corriger les défauts de parallélisme. Et il y avait effectivement une cale partiellement coupée sur mon Zorki... mais je pense que c'est à cause de ça que la bague de mise au point était très dure. Il y a quelque chose qui m'échappe : peut-on avoir un réglage précis du parallélisme par cette méthode tout en conservant une mise au point fluide? Aurais-tu des précisions là-dessus?

Par ailleurs, je note qu'il n'est peut-être pas superflu de vérifier le réglage de l'objectif, à savoir la netteté de l'image dans un plan situé à 28.8mm derrière la surface d'appui. Est-ce que tu confirmes? Auquel cas, je vais devoir me fabriquer une bague de cette longueur avec un dépoli au dos. Mais au fait, comment vérifier précisément la netteté? Avec une loupe? Dans le cas présent, il n'est bien sûr pas question d'essayer de faire la mise au point sur le grain du négatif - comme on le fait avec le scoponet sous l'agrandisseur - parce qu'il n'y a précisément pas de négatif ici, mais j'imagine que le principe est le même, il suffit peut-être de viser une ligne de fort contraste, c'est bien ça?

En tout cas, merci encore.

Foufurieu
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Mael
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Re: Tirage foireux sur un Zorki 1

Message par Mael »

Si tu veux déformer la bague le moins possible, il faut déjà serrer les vis pas comme un bourrin.

Ensuite, si les cales sont diverses et dispersées sur la périphérie, la bague se déforme en serrant. Avec l'optique installée dessus, la rampe hélicoïdale se déforme aussi:| La mise au point est dure.

Si on regarde ce que faisait Leitz ou Canon dans ce genre de cas, c'étaient des cales métalliques en forme d'arc de cercle mais seulement dépassant d'environ 10mm de par et d'autre du trou de la vis. Personnellement je tourne des rondelles en laiton qui font toute la surface d'appui arrière de la bague porte objectif lorsqu'il s'agit d'augmenter le tirage disons globalement de 0,20 par exemple en remplacement des cales papier, et j'affine localement avec des rondelles micrométriques en 0,05 0,10 et sinon 0,02 en papier d'alu (suivant la marque ça peut varier). On peut descendre à 0,005 voir en dessous avec de la feuille d'or mais bon sur un Zorki je crois pas que ce soit la peine. :mrgreen:

Pour vérifier les objectifs j'ai tourné une bague avec un filetage femelle 39mm 26TPI d'une longueur de 28,80mm +0/-0

J'utilise un collimateur que j'ai fabriqué moi même avec vieille lunette de théodolite mais si tu as un appareil reflex bien réglé il suffit de monter la focale la plus longue possible sur ton reflex, de plaquer un dépoli au cul de ta bague de 28,80mm avec l'objectif monté dessus, diaphragme à pleine ouverture. Objectif du reflex en face de l'objectif à tester si tu vois le dépoli de l'objectif a tester dans le viseur du reflex ça devrait indiquer qu'on est pas trop mauvais mais c'est pas super précis.

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Foufurieu
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Re: Tirage foireux sur un Zorki 1

Message par Foufurieu »

Salut Mael,

Désolé pour cette réponse tardive, je n'étais pas chez moi ce week-end... Bon, je commence à comprendre cette histoire de cales partielles : l'idée est qu'elles amènent l'ensemble des vis qui tiennent la bague (4 sur mon Zorki) dans un même plan pour éviter qu'elle se déforme, et que ce plan soit bien sûr parallèle au plan du film. Ce n'était pas le cas lorsque ma mise au point coinçait puisqu'il y avait une rondelle papier de 0.2mm qui prenait 3 vis mais pas la 4eme : forcément, ça coinçait. Je vais donc essayer en mettant des rondelles complètes pour amener la bague au tirage moyen puis corriger le parallélisme avec des petites rondelles qui se prennent uniquement au niveau des vis, en faisant bien gaffe que l'appui résultant soit plan.

En ce qui concerne ton autocolimateur maison avec un réflex+longue focale (est-ce que 135mm est suffisant?), j'imagine qu'il faut le régler sur l'infini? En attendant, j'ai encore cette bague à fabriquer, faudra que je trouve un peu de temps...

Bonne soirée,

Foufurieu
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