Choix pellicule/iso selon contexte

[Pat_Conley]

Bonjour à tous,

Je reprends la photo argentique un peu plus activement et je me rends compte que certaines questions un peu basiques sont restées en suspens. Je me dis que ça vaut le coup de les aborder avant de me lancer dans une nouvelle pellicule.

Alors voilà, bien que je comprenne les enjeux de l'iso et donc du choix de la pellicule, c'est pas toujours évident pour moi de trancher selon le contexte/les besoins de la prise de vue. Si je devais exprimer mon hésitation en plusieurs questions, ce serait :
- Comment choisissez-vous l'iso de votre pellicule selon le contexte ? (jour avec beaucoup de soleil ou lumière naturelle faible / nuit plus ou moins noire / intérieur avec ou sans beaucoup de lumière / etc.)
- Y a-t-il des règles à connaître impérativement (je suppose que oui) ou des situations où tel ou tel iso de pellicule sera objectivement le seul viable ?

Pour exemple, avec la lumière hivernale actuelle (plutôt blanche et pas toujours très éclatante), je n'arrive pas à savoir s'il vaut mieux mettre de la 400 ou de la 800 pour shooter en extérieur en pleine journée. Je me rends pas bien compte de l'avantage de l'un ou de l'autre (ou si je me trompe complètement en hésitant d'ailleurs).

Si vous avez des conseils qui vous viennent spontanément, n'hésitez pas. Je suis preneuse d'apprendre et d'appliquer au mieux toutes vos recommandations pour améliorer mes prochaines photos.

J'espère que j'ai réussi à peu près à vous expliquer mon questionnement. Si ce n'est pas clair, je peux repréciser sans problème.

Merci d'avance à tous !

PS : J'utilise essentiellement un Canonet QL17 mais là je vais surtout mettre une nouvelle pellicule dans mon Leica M4.

[laurent.c]

Je vais sembler partir de loin, mais c'est pour bien tout caler dès le début...

Commençons par la question du couple vitesse d'obturation / diaphragme : ce couple permet de laisser passer une "quantité" de lumière déterminée pour exposer le film.

Mais plus la vitesse est lente, plus tu risques d'avoir un flou de bougé. On estime qu'on risque de bouger si la vitesse d'obturation est inférieure à 1 / focale de l'objectif.
Exemple : avec un 50mm, on risque de bouger aux vitesses inférieures à 1/50 s (on arrondit à 1/60).

Le problème, c'est qu'on ne peut pas "ouvrir" indéfiniment un diaphragme d'objectif. Quand la lumière devient faible, on se retrouve avec une ouverture grande (4, ou 2.8, ou moins : 2...) et une vitesse lente (1/30, 1/15, ou pire).

C'est dans ces conditions qu'on choisit une pellicule plus sensible. Doubler la sensibilité d'une pellicule permet de gagner une unité de diaphragme, ou (au choix) de diviser la vitesse par 2.

Exemples de correspondances (choix arbitraire au démarrage, mais ensuite ces 5 exemples correspondent exactement à la même luminosité) :

100 ISO, diaph à 4, vitesse 1/15s
100 ISO, diaph à 2.8, vitesse 1/30s
200 ISO, diaph à 2.8, vitesse 1/60s
400 ISO, diaph à 4, vitesse 1/60s
400 ISO, diaph à 2.8, vitesse 1/125s

Ensuite, il y a des effets de bord :

• plus le diaphragme est ouvert, moins il y a de profondeur de champ
• plus une pellicule est sensible, plus il y a du grain (les grains d'argent sont plus gros)

Bilan : sauf si on utilise un pied ou qu'on est très stable, les pellicules de moins de 100 ISO sont à réserver aux jours ensoleillés.
Un petit avantage pour toi : le M4 émet peu de vibrations lorsqu'il déclenche, c'est mieux pour les vitesses lentes !

N'hésite pas à demander des précisions.

[Havoc]

Comme Laurent explique, c'est une question de balance. Pour le même diaphragme un iso plus élévé permets d'utiliser des temps d'exposion plus courts. Moins risque de bougé mais du grain plus gros.

Moi avec un appareil á dos changable je prends le même type de film en 2 iso: 100 et 400. Un pour l'extérieur, l'autre pour l'intérieur.

[Jean-Claude.B]

Une autre caractéristique à prendre en considération (pour le noir et blanc) : moins un film est sensible, plus il est contrasté.
Pour des travaux de repro de documents (on veut du noir et du blanc) on choisira un film très peu sensible (50 iso ou moins)
Au contraire pour avoir beaucoup de nuances de gris il faudra choisir un film rapide ( > de 400 iso) mais alors le grain va monter. Avec un moyen format ou plus grand ce défaut s'atténue ou disparait.

La photo c'est toujours une affaire de compromis.

[Pat_Conley]

Merci infiniment pour toutes vos réponses ! J'avais quelques notions mais le récapitulatif très précis de laurent.c avec tous vos apports à Havoc et Jean-Claude.B vont assurément m'aider. Je vais d'ailleurs garder précieusement les informations techniques pour la suite.

Pour ma prochaine pellicule que j'inaugure demain, je vais plutôt opter pour une Porta 400.

Cependant, je me demande… Si j'optais pour une pellicule avec un iso 100, est-ce qu'elle pourrait suivre dans le contexte lumineux hivernal (temps voilé et blafard, avec une lumière souvent peu dense) ? En gros, si j'ai bien suivi, est-ce que je ne prendrais pas le risque de devoir trop ouvrir le diaphragme et d'avoir une vitesse d'obturation trop lente pour compenser la faible sensibilité de la pellicule ?

[Oriu]

Suivant la luminosité, il y aura toujours un moment où il faut utiliser un trépied même avec de la 400 iso ou plus, une plus grande sensibilité retarde le moment de devoir utiliser un trépied. Si on est contraint par la luminosité et l'ouverture que l'on souhaite utiliser, il ne reste que la sensibilité du film et la vitesse d'obturation. J'imagine qu'avec le M4 vous avez une cellule à main et donc c'est facile de faire des mesures et de prévoir les paramètres à prendre pour la prise de vue.
Avec un M4 équipé d'un 50mm on peut envisager de descendre à 1/30s avec de bonnes probabilités que l'image soit exploitable, avec un point d'appui, bord d'un mur, capot de voiture.... on peut espérer descendre plus bas 1/15s voir 1/8s, mais la probabilité d'avoir des photos avec un flou de bougé augmente. N'importe comment si les sujets sont mobiles on est vite limité.

[Gabou]

Bonjour Pat,
Tout dépend de ton mode de fonctionnement entre guillemets, il faut savoir ce que tu privilégies.
J'ai gardé personnellement de mes débuts l'habitude de penser en priorité ouverture car c'est ce qui détermine la profondeur de champ.
Aussi, si je pars griller une pellicule un jour en ville je vais me dire ok je voudrais être à f/5,6 minimum pour saisir le plus de choses possibles, alors avec ma cellule à main je regarde rapidement ce que ça donne dehors avec f/5,6 et 1/100s minimum, si la cellule me dit il faudra 800 iso alors je me cale sur ça.

Enfin pour répondre à ta dernière question, évidemment c'est risqué, 100 iso avec un temps voilé c'est compliqué parfois.

[HARDIV]

Coucou.
Tout est bien dit par les copains forumeurs.

Le sujet à photographier va influencer aussi le choix : un affût animalier ou sport, il faut probablement un film " rapide" ( avec sensibilité élevée afin d'avoir 1 vitesse d'obturation suffisante pour éviter le flou ( du sujet).

Pour un sujet statique et où on a le temps de poser un trépied par exemple, on peu utiliser un film peu sensible.
Même en photo de nuit posée, ça ne sert à rien de prendre du 400 asa. Trépied pour trépied , autant y aller.

Belles images à toi.

Vincent H

[Oriu]

En général les films 400 ISO sont plus tolérants aux contrastes et aux erreurs d'exposition. Si l'aspect granuleux n'est pas une gêne autant prendre de la 400 iso pour les conditions de basse luminosité.

[azu19]

En général les films 400 ISO sont plus tolérants aux contrastes et aux erreurs d'exposition. Si l'aspect granuleux n'est pas une gêne autant prendre de la 400 iso pour les conditions de basse luminosité.

En ce moment j'utilise la delta 400 poussée à 1600 et développée dans du microphen

[Pat_Conley]

Oriu : Oui, j'ai effectivement une cellule qui aide énormément et qui me permet de partir à l'aventure avec un peu de témérité. J'ai expérimenté aujourd'hui mon Leica M4 avec la Portra 400 dans des situations assez différentes. Ça me permettra de faire une évaluation sur un ensemble de contextes. J'ai pu, jusqu'à la tomber de la nuit, tenir effectivement jusqu'à 1/60s (j'ai aussi fait un test à 1/30s pour voir car la cellule le validait).

Gabou : Oui, j'ai eu l'intuition de plutôt privilégier le diaphragme (tout en m'assurant d'être dans la bonne limite pour la vitesse d'obturation). Grâce à tous les conseils de ce sujet, j'arrive à mettre des limites ici et là pour essayer de trouver le meilleur compromis. C'est pas dit que ce soit bien exécuté mais la conscience est là.

HARDIV : Pour l'instant, je suis assez sensible à la photo d'architecture (l'aspect statique aidant pour bien commencer) mais je sens que je suis attirée par le portrait (avec sujet vivant donc) ou des scènes plus mouvantes. Je vais y aller pas à pas.

Il me reste quelques images sur ma pellicule d'aujourd'hui. Elle sera sans doute finie d'ici lundi et déposée au labo. Je continue à vous lire et à apprendre d'ici-là. Affaire à suivre…