Comment progresser en photographie?

[mokaille]

Au delà de la progression, si tu ne prends pas de plaisir à photographier, c’est dommage…

[Alvahgoldbrook]

"Plus" en ce moment : la frénésie du début n'est plus, l'excitation du matériel et de la recherche de perfection non plus, ni la possibilité de zoner en centre-ville. Je trouverai une solution, un chemin. Quant à aimer le résultat, c'est une autre paire de manches.

Le plaisir est au cœur en effet !

[Bandol]

Je regrette ma naïveté du début, me sens prisonnier de la technique, je peine à trouver des sujets, suis frustré du résultat, ai moins de temps (boulot/passages rapides), moins d'opportunités (campagne profonde et vide)...

la technique, pas grave, cela s'améliore avec la pratique et puis s'il y a une bonne image sur 24 ou 36 prises, c'est pas mal.

Pour le reste, je pense avoir une explication; c'est qu'il faut avoir le regard neuf sur le plan artistique.

promenez vous dans une ville nouvelle une civilisation différente, vous avez envie de garder le souvenir de tout et de tout mettre dans la boîte. l’architecture surprenante ou au moins différente, les gens, les objets inusuels. bref vous avez envie de garder des souvenirs.

Idem si vous vous baladez dans une grande ville Paris, Rome ou un village pittoresque

Idem si vous photographiez de nouveau personnage, faites des portraits d'inconnus.

Puis le regard s'émousse vous avez trop photographié votre village , votre famille, vous n'avez plus envie de mettre dans la boîte vos amis.

Pour pallier vous cherchez un style, une série: la nature morte, les sous bois, les étangs, les friches industrielles mais vos images ne sont pas meilleures que celles déjà vues par ailleurs; une sur / cent pourrait avoir cette équilibre entre l'artistique et l'originalité.

Puis vous- vous lasser de cette monotonie.

Certains sujets sont moins lassants comme la photographie de rue avec des personnages vivants pour lesquels vous auriez de l'empathie, mais plus personne ne veut poser devant le petit oiseau et vous vous sentez en milieu hostile.

Dur dur d'être photographe blasé.

Une rubrique intéressante c'est "les objets du quotidien" . Brillat a fait un chef d’œuvre dans son jardin. Mais encore faut-il trouver ce fameux rapport entre artistique et l'originale et souvent c'est "bof ! "pour les deux. Une photo "Oui! "mais que cela vaille le coup.

En résumé si vous trouvez la solution, je suis preneur ...... la lassitude du temps c'est une vraie saloperie.

[Elviphil]

Perso, je n'ai jamais ressenti de lassitude, ma maniere de voir les choses, c'est plutôt comme cette jeune photographe mexicaine, que j'ai connu a mes débuts, son Nikon FM2 etait son journal intime.
J'ai toujours conservé cette idée, avoir toujours un regard neuf sur les choses vues mille fois, tout change tout le temps, et un jour tu te reveillera pas un matin, déja...et regarde la plupart des photographes connus, il y a un nombre impressionant d'octogénaire et plus, la photographie comme la peinture ça conserve !

[Alvahgoldbrook]

Quand je parlais de "prisonnier de la technique", je voyais plus ça comme un carcan, une obligation à respecter des "règles" et avoir du mal à en sortir : photo nette, droite, tout bien agencé. Je pensais que l'argentique m'aiderait à accepter de perdre un peu ce contrôle mais ça me bloque toujours (je rêve de photos floues, tordues, surréalistes...). Pour en revenir au sujet, progresser niveau technique a quelque peu bridé ma liberté, je veux m'exprimer mais n'y arrive pas. D'où une réflexion : la technique est une base de travail mais pour progresser faut-il savoir la mettre de côté ?

Et concernant la lassitude, je n'y suis pas encore et j'aimerais ne jamais la ressentir, je parlais plus de frustration : j'ai toujours cette envie, dévorante/brûlante parfois. Je ne sors jamais sans mon appareil, visualise tout comme une potentielle photo. Mais contrairement à mes débuts, et c'est logique, je limite fortement mes prises, visualisant par avance ce que ça donnerait et l'intérêt de la potentielle photo. Je prends ainsi pas mal de photos par dépit, manque de sujets, et le résultat me soûle d'autant plus. J'ai déménagé en campagne, trouvé un autre boulot : la ville et le temps me manquent, c'est également frustrant.
Bref : pour progresser, j'imagine qu'il faut sans cesse se réinventer, faire avec ce qu'on a ou créer les opportunités ! Ce qui revient à ce que disait Bandol sur la lassitude.

[Habib]

Le quotidien est clairement le plus compliqué et je te comprends d’autant plus que je suis passé par là. À tel point que j’ai fait un rejet total de la photo (prise de vue et consultation) pendant presque 5 ans.
Depuis peu l’envie est revenue avec une approche différente cependant. Je me satisfais de mon quotidien, banal, que je photographie plus pour moi et pour faire une sorte de journal intime. On a accès à tellement d’image, peu importe le procédé, que cela peut entraîner un découragement aussi. De ce fait je publie moins et consulte moins car trop d’image peut nuire à notre « production ».

La culture visuelle actuelle a aussi tendance à valoriser l’exceptionnel, le voyage, l’événement. À côté notre quotidien peut sembler fade et on peut finir par croire que seules les expériences "hors du commun" méritent d’être photographiées. Et quand on vit dans un environnement stable on est loin de l’extraordinaire. Les mêmes lieux, objets, visages, gestes reviennent chaque jour. On a l’impression d’avoir déjà tout vu, tout photographié. On peut se demander pourquoi reprendre une photo du même café, du même bureau… En réalité, tout change subtilement : la lumière, les émotions, les saisons, les détails...

Photographier le quotidien demande une présence et une capacité à voir autrement ce qui semble banal. Avec le temps, on devient moins attentif, moins curieux. On regarde sans voir. La lassitude naît alors d’un regard fatigué mais pas nécessairement d’un quotidien qui nous entoure inintéressant.

Le fait d’avoir un projet (artistique, documentaire, personnel) peut éviter cet écueil. La lassitude peut alors être un appel à redéfinir le pourquoi : pourquoi je photographie ? Pour qui ? Pour garder mémoire ? Pour créer ? Pour m’exprimer ?

Sinon pour renouveler ton regard sans changer ton quotidien tu peux aussi essayer d’autres façons d’aborder la photo comme le sténopé, la pose longue, l’infrarouge.
Cela amènera du nouveau dans les images produites.

Je pense aussi que le fait d’avoir toujours un appareil avec soi rajoute à cette frustration. Il faut aussi savoir flâner, se promener sans autre but que cela. Cela fait du bien aussi de se détacher de l’objet et par conséquent de la finalité sous jacente qu’est l’image.

[Bandol]

Cela fait du bien aussi de se détacher de l’objet et par conséquent de la finalité sous jacente qu’est l’image.

A méditer

[Niolu]

Quand je parlais de "prisonnier de la technique", je voyais plus ça comme un carcan, (je rêve de photos floues, tordues, surréalistes...

Peut être quand regardant certaines photos de Bernard Plossu tu trouveras de l’inspiration, de la liberté….

[tilu]

La notion de progression en photo n’a pas de sens.

En dehors des aspects techniques qui permettent de réaliser l’image qui nécessitent un apprentissage le reste est absolument libre.

Pour ma part, après avoir passé beaucoup de temps à apprendre la technique de prise de vue, de tirages et de traitement numérique et avoir essayé différents appareils, j’ai compris une chose: lorsque l’on ne photographie pas pour autrui, il ne faut se sentir obligé de rien et surtout pas de prendre des photos.

Je passe donc de longues périodes sans prendre des photos. Je viens ici commenter les images des copains et puiser de l’inspiration sur ce que les autres ont trouvé intéressant de me montrer, puis je laisse le temps à tout cela de maturer et quand l’envie se prend de faire des images parce que je trouve des sujets que j’ai envie de montrer je sors le matériel.
Je fais des images avec de l’espoir.
Je prends du temps avant de développer.
Je prends du temps avant de numériser
Je suis souvent insatisfait du résultat mais j’ai appris à me contenter de la satisfaction à la prise de vue.

Peu importe que la photo finale réponde à mes attentes, ce qui me motive, c’est la qualité de regard que la photographie m’oblige à prendre au moment de la prise de vue.

Sans ce détachement de l’aspect performance je crois que j’aurais arrêté la photographie. Il fait bien reconnaître que je n’ai aucun talent particulier dans l’exercice et que les quelques images dont je suis satisfait sont des accidents heureux que je suis content d’avoir provoqué.

Bref, il ne faut pas se sentir obligé de faire des photos et se donner du temps pour avoir des idées et des désirs d’images.

La photo est un média. C’est un pont entre nous et autre chose et il ne faut pas perdre de vue que c’est c’est autre chose qui est important.

Tu dis ne pas apprécier photographier ton nouvel environnement, c’est certainement car tu le connais mal. Étudie-le sans appareil, apprends son histoire parcours le fais le toi raconter trouve ce qui éveille ton intérêt, ensuite tu auras envie de le raconter dans la lucarne d’un appareil. Et si tu n’y parviens pas ou mal, la photographie t’aura servie et de cet enrichissement il sortira nécessairement de la satisfaction personnelle.

C’est tres contradictoire avec notre monde qui nous abreuve de tout tout de suite et sans profondeur tout en nous plaçant sous injonctions permanentes, jugements et soif de validation.

[tilu]

Je pense aussi que le fait d’avoir toujours un appareil avec soi rajoute à cette frustration. Il faut aussi savoir flâner, se promener sans autre but que cela. Cela fait du bien aussi de se détacher de l’objet et par conséquent de la finalité sous jacente qu’est l’image.

Je partage et le vécu et la conclusion.

[Alvahgoldbrook]

C'est très intéressant et utile tous vos retours, des visions justes et apaisées ! C'est agréable de pour voir échanger sur ce sujet, merci !

En effet, mon nouvel environnement va m'amener à devoir changer de pratique/regard sur les choses, chercher un autre projet, j'y réfléchis en ce moment. C'est moins foisonnant, moins en mouvement, pas de recoins, d'ombres et de reflets : ce sont des champs à perte de vue. Il faudra aussi que je calme cette "frénésie" qui m'habite, c'est comme une drogue : quand je n'erre pas à la recherche de moments, je ressens un manque. Ce besoin de créer, mettre en image, jouer avec les formes, les ombres/la lumière, les couleurs...est très fort, voire parfois dévorant.

Je photographie mon quotidien oui, mais cela n'étanche pas ma soif pour le moment. Je pense que je dois retrouver du calme intérieur pour l'apprécier et accepter le changement d'habitudes et de pratiques. Vous l'avez très bien dit : retrouver du plaisir à observer sans objectif de photographie.

Mais en effet, on ne parle pas de progression ici, d'évolution plutôt. C'est un cheminement long, parallèle aux événements de la vie.
Passionnant !

[phildu24]

(...) . Je pense que je dois retrouver du calme intérieur pour l'apprécier et accepter le changement d'habitudes et de pratiques. Vous l'avez très bien dit : retrouver du plaisir à observer sans objectif de photographie. (...)

C'est tellement vrai !

[frost242]

Ce que tu vis me rappelle mon arrivée dans le Limousin après une année à Marseille. C'est un peu frustrant de passer d'un environnement aussi frénétique à un environnement plus calme. Mais on parvient à se renouveler, si ça peut te rassurer - mais je dois avouer que c'est passé par une grosse pause photographique de mon côté.

[lignesbois]

Ce que tu vis me rappelle mon arrivée dans le Limousin après une année à Marseille. C'est un peu frustrant de passer d'un environnement aussi frénétique à un environnement plus calme. Mais on parvient à se renouveler, si ça peut te rassurer - mais je dois avouer que c'est passé par une grosse pause photographique de mon côté.

Tu as aussi fait de la pause longue ?

[phildu24]

.... mes photos me soûlent, je suis frustré et j'ai l'impression de sévèrement stagner... .(...) je ne suis toujours pas satisfait.
Je regrette ma naïveté du début, (...) je peine à trouver des sujets, suis frustré du résultat, ai moins de temps (boulot/passages rapides), moins d'opportunités (campagne profonde et vide)...

Tu sais que t'es rassurant !! je me sens soudainement beaucoup moins seul... T'aing' ça fait un bien fou... et je suis sérieux.
Après, je compatis, forcement, j'en suis exactement au même point que toi, totalement insatisfait, donc blasé, donc lassé, dépité et en jachère !

Comment Progresser demandes tu ? je dirais : en pratiquant ... Sauf que, arrivé à un moment, on se dit que l'on a fait le tour des environs, c'est bon, on connait, y'a rien à refaire, alors on ne sors plus le boitier, et c'est là où on se trompe.
Pourquoi, alors que nous sommes loin de notre environnement quotidien, notre production est soudainement plus conséquente et parfois agréable. Parce que l'on regarde, on scrute on observe. Plusieurs l'ont dit avant moi, mais je le replace ici.
Lorsque l'on visite, on regarde, on imagine, on est libérés, alors que, enfermés dans nos quotidiens locaux, on ne regarde plus, pire, on voit à peine !
Je constate, à lire les commentaires, que nous avons tous et toutes des périodes de calme plat, voire totalement encalminés, incapables de produire...
Je pense que c'est, douloureusement, un phénomène normal, courant, classique. Combien de peintres, d'écrivains, de musiciens, tombent en panne inspiration et de création ? Hum ? Beaucoup.. voire tous.... Tous ont connu ces périodes de vide abyssal.... plus ou moins longues.

[Havoc]

Commençons une fois par définier "progresser". Progresser dans quoi exactement? Il y a déjà pas mal mentionné ici. La technique? Alors la technique de quoi? L'exposition? Le development? La digitalisation? Le tirage? La vision? Même question... Le cadrage? L'angle de la lumière? Portraits? Paysages?

Il y a tant de facteurs. Faire des photos pour la pratique c'est bon. Mais il faut faire ça avec un but. Prendre des photos à la louche pour progresser en exposition et puis te frustrer car le cadrage n'est pas bon sers à rien.

Moi je crois que si tu prends la photographie si sérieux, alors on "progresse" pas. On travaille vers une vision et "produit fini" propre à soi. Si c'est techniquement moche, surexposé mais ta vision est dedans et c'est régulier et bien claire que ça, c'est ta vision et marque. Alors tu est arrivé.

[Xenophon]

Un conseil dont chacun fera ce qu'il voudra : se méfier de la mode du moment. La tendance actuelle c'est, pour le noir et blanc, d'exagérer le contraste au point de boucher les ombres. Pour la couleur, c'est de pousser la saturation. Quel que soit le support, c'est de noyer l’arrière-plan dans une soupe de "bokeh", de transformer l'eau courante en lait, etc. Dans les années 70-80, la tendance, c'était l’abus des filtres "créatifs", le fish eye et autres procédés ayant pour point commun de transformer la réalité en bizarrerie. Suivre la mode du moment, c'est faire de la photo promise à l’obsolescence. Soyez naturels.

[Bandol]

Ce que l'on oublie c'est que les "grands" photographes qui nous servent un peu de références ou de modèles ont cramé des centaines voire des milliers de pelloches pour finalement résumer leur œuvre à quelques centaines d'images.

D'autres plus fortunés ont mis des moyens importants à leur disposition.

Donc avec nos baskets et notre Rollei ont fait ce qu'on peut et c'est déjà pas si mal.

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[Havoc]

Un conseil dont chacun fera ce qu'il voudra : se méfier de la mode du moment. La tendance actuelle c'est, pour le noir et blanc, d'exagérer le contraste au point de boucher les ombres. Pour la couleur, c'est de pousser la saturation. Quel que soit le support, c'est de noyer l’arrière-plan dans une soupe de "bokeh", de transformer l'eau courante en lait, etc. Dans les années 70-80, la tendance, c'était l’abus des filtres "créatifs", le fish eye et autres procédés ayant pour point commun de transformer la réalité en bizarrerie. Suivre la mode du moment, c'est faire de la photo promise à l’obsolescence. Soyez naturels.

A imprimer en grand format et coller contre le plafond de la chambre à coucher.