Etudes en option photo

[analogic-man]

J'explique le titre : je suis actuellement dans une école générale, en troisième secondaire (je sais pas comment on dit en France), mais j'ai 14ans et je suis au Collège St Julien à ATH. Ce qu'on y étudie (actuellement je suis en économie) n'est pas vraiment mon dada. Mon prof de math n'est pas le premier à me dire que je devrais passer en technique où je me sentirais mieux. C'est ce que je pense depuis ma deuxième.

Mes parents ne veulent pas trop en entendre parler, ma mère bouche ses oreilles et mon père me dit que je m'emmerderait en photo. Je ne crois pas être de cet avis. Et c'est le problème. Il y a une excellente école photo à Tournai, soit pas bien loin de chez moi. Mais je n'arrive pas à les convaincre. Ils restent tous les deux basés, ma mère croyant qu'en technique, on a pas d'avenir.

Help !

[Neil]

C'est le problème de tous ceux qui se lancent dans les études de photo aujourd'hui : ils sont obligés de convaincre tout le monde, notamment les parents et les financeurs.

Je te conseille de chercher un stage en entreprise photo : une semaine ou quinze jours chez un artisan indépendant qui fait de tout (tirage, portrait, travaux de repro ou de retouche...). C'est TRES important car tu prendras conscience de la réalité professionnelle qui peut être éloignée de ce que tu penses. Parce que tu dois d'abord te convaincre toi-même. Tu constateras certainement que le "pro" de la photo effectue toute l'année des tâches très répétitives et souvent rébarbatives, que le manuel et le commercial ont une place prépondérante par rapport au créatif, que la nécessaire notion de rentabilité se heurte souvent à celle de qualité et d'originalité, que tout est très calculé.

C'est ainsi chez les petits artisans, et c'est la même chose dans quasiment tous les domaines de la photo.

Faire un gagne-pain de sa passion n'a pas forcément pour conséquence de trouver la passion dans son gagne-pain.

Je travaille en labo et j'aime ça, mais pas pour les mêmes raisons que j'aime photographier ou tirer dans ma pratique d'amateur.

Donc, avant de se jeter dans l'aventure il faut des certitudes. Le stage est là pour ça, même s'il ne permet pas vraiment de déterminer ce que ça donnera dans le temps.

Pour ce qui est de l'avenir de la photo... Les gens ont des idées archaïques sur la question. Certes il y a eu le "boom" du numérique, et beaucoup d'entreprises ont coulé pendant cette décennie. Les professionnels n'ont pas su s'adapter, ou ils n'ont pas eu les moyens de le faire. Les clients ont découvert une nouvelle technologie et, dans un premier temps, ont cru à ses folles promesses : ainsi donc on pouvait se passer des photographes et des labos ! Le temps à démontré qu'il n'en était rien. On nous explique que les gens n'ont plus besoin de faire appel aux photographes, en réalité ça n'est guère plus différent d'autrefois : tonton marcel "couvrait" déjà le mariage de la cousine nadine avec son petit compact du temps de l'argentique, histoire d'économiser sur le photographe pro. Aujourd'hui, le bon photographe de mariage continue d'avoir des clients, et le numérique lui permet de travailler mieux et plus rapidement. On ne remplace pas la compétence à la prise de vue par un compact automatisé avec aperçu écran. On ne remplace pas la maîtrise des logiciels coûteux et des outils professionnels de tirage. Les outils à disposition des amateurs évoluent mais parallèlement, ceux des professionnels aussi. Les professionnels ont toujours et auront toujours une longueur d'avance d'un simple point de vue technique... Parce que c'est l'intérêt des industriels.

L'omniprésence de l'image a entraîné une omniprésence du désir d'image. Le portraitiste continue de faire du portrait, le reporter continue de faire du reportage, le "packshot maker" continue de fournir entreprises, éditeurs et agences de pub, le labo continue de produire des tirages. Les chiffres indiquent un retour au désir de qualité, malgré le souci du coût. Et aussi une demande de prestations originales et nouvelles : beaucoup de produits beaux et surtout personnalisés. Ceux qui s'en sortent ont su proposer un bon compromis entre coût et qualité, et un large éventail de prestations. Les autres ont sombré, ou vivotent difficilement. Pour moi un bon exemple de réussite est le labo Négatif+ à Paris qui, historiquement, a su s'adapter au marché et à l'évolution des technologies depuis les années 90. Cette entreprise a misé sur une grande polyvalence. D'autres labos se sont au contraire spécialisés, misant tout sur une maîtrise optimum de certaines techniques ; ils sont parvenus à fidéliser un "marché de niche" qui leur fait confiance et les fait vivre.

Alors, bien sûr... Tu peux passer des concours et devenir fonctionnaire avec la certitude de l'emploi et de l'évolution de carrière. Tu peux devenir médecin, avocat, boucher, que sais-je... Tout emploi dont la voie ne soit pas pavée d'embûches et d'incertitudes. Ca aura le mérite de rassurer tes parents. Car on ne va pas dire que faire carrière dans la photo soit facile ! Mais il ne faut pas croire que le monde de la photo soit moribond ou condamné. Il y a encore de la place pour les gens courageux, dynamiques et compétents.

[analogic-man]

Pour le stage, mon père y a pensé : m'envoyer un soir à un match de basket pro avec un de ses amis, qui fait de la photo sportive. Il me disait bien que c'était pas toujours facile de vendre ses photos aux journaux alors que des amateurs les leur offrent pour le plaisir d'être publiés...

[xXx]

Je suis sûr que Danny aura des choses intéressantes à dire à ce sujet.

[analogic-man]

Il fait du sportif ??

[embar_go]

Continues tes études "classiques", passes ton bac, tout en conservant ton attrait pour la photo, les études classiques, si tu les choisies bien te donneront des clefs pour ensuite pouvoir assouvir ta passion.

[analogic-man]

Deux hics : en Belgique, on ne passe pas de bac et je ne crois pas vraiment avoir besoin de ces clefs... On va dire que à part niveau littéraire, suis pas très intellectuel. Or, c'est ce qu'on est sensé être en général...

[JéG]

Je pense que ce que voulait dire embar_go c'était qu'il te faut un diplome général de référence (comme le bac en France).
Personnellement, je pense sincèrement qu'une filière technique est une filière d'avenir. Les jeunes qui se sentent pas à l'aise dans le général ont tout intérêt à aller dans le technique. Mais pour que tout se passe bien, il faut :
- une réelle motivation pour la filière choisie ;
- être curieux et ouvert à tous les domaines ; et
- ne pas être allergique à l'école. Les matières générales sont aussi très importantes en technique.

Et puis sinon, dis-toi bien que si tu ne fais pas ta filière technique maintenant, rien de t'en empêche de la faire plus tard et en mieux (car tu auras bien réfléchi à ta motivation). J'ai des amis qui après avoir fait des études en fac, ont fait un CAP (contrat d'apprentissage) et maintenant tout se passe bien.

[JéG]

Je te conseille de chercher un stage en entreprise photo : une semaine ou quinze jours chez un artisan indépendant qui fait de tout (tirage, portrait, travaux de repro ou de retouche...). C'est TRES important car tu prendras conscience de la réalité professionnelle

Tout à fait d'accord. Par contre un stage, c'est pas une rencontre ou une discussion à bâton rompue avec un pro. C'est vivre son quotidien pendant plusieurs jours ou semaines.

[Danny]

Non, je ne fais pas du sportif, je suis enseignant.

tout d'abord, les études en section Technique et Professionnel sont terriblement dévalorisées.

Je le dis souvent, mais l'enseignement est le seul domaine où l'adjectif Professionnel est dévalorisant.

Ta mère dit que l'enseignement technique et professionnel ne mène à rien. Elle a tort à 100%, car c'est l'enseignement général qui ne mène à rien. Quand tu sors de l'enseignement général, tu n'as aucune qualification, tu peux même pas rentrer à la poste comme facteur. Le seul intérêt de l'enseignement général, c'est d'être adapté aux gens qui ne avent pas quoi faire et qui désirent aller à l'université ou en études supérieures.

Ensuite, je connais l'école de Saint Luc à Tournai, le professeur est un ami et en effet, c'est une bonne école terriblement orientée artistique. Il ne forme pas des photographes de mariage.

Convaincre ses parents est assez dur car ils ne connaissent pas le métier, ma mère était persuadée que j'allais finir comme le gugusse du marché le dimanche matin à photographier les gosses au polaroid en compagnie d'un lapin en peluche.

Pour le stage avec un "photographe sportif", c'est un peu trop sectarisé. Qu'est-ce que tu vas faire avec ? Tenir son sac ou son trépied. Les stages c'est souvent comme ça, tu balaies le studio du photographe et ranges son matériel. Puis la photo c'est pas que celà non plus.

Un truc que tu vas devoir admettre : Tu fais de la photo en activité de plaisir, tu vas devoir passer à une activité de professionnel, ce qui veut dire faire des choses que tu n'aimes pas spécialement, comme travailler le numérique (car y'a de la demande) et faire des travaux dont le thème imposé ne te plaira pas tellement, mais c'est la vie.

Le mieux, c'est te renseigner sur les portes ouvertes de Saint Luc et aller voir, rencontrer les professeurs.

Je ne te dirai pas comment j'ai convaincu mes parents, c'est pédagogiquement peu orthodoxe mais tu dois t'en douter.

[Danny]

Pour ce qui est de l'avenir de la photo... Les gens ont des idées archaïques sur la question. Certes il y a eu le "boom" du numérique, et beaucoup d'entreprises ont coulé pendant cette décennie. Les professionnels n'ont pas su s'adapter {...} Mais il ne faut pas croire que le monde de la photo soit moribond ou condamné. Il y a encore de la place pour les gens courageux, dynamiques et compétents.

Qu'est-ce qu'un profesionnel de la photo ? C'est un type qui a acheté une surface commerciale dans de nombreux cas.

J'en ai connus, et j'en connais encore. J'en connaissais un, avant même d'être installé, il avait déjà fait un emprunt pour se payer un Nikon F5 et ses optiques.

Trois mois plus tard, il claquait 20 000 euros dans une malette Hasselblad et il a très vite remplacé sa Renault 4 par une belle Alfa Roméo. Il a confondu chiffre d'affaire et bénéfices. Quand les factures fournisseur et les impôts sont tombés, le gars s'est déclaré en faillite... Aux dernières nouvelles, il montait les phares de bagnole chez Valeo.

Le numérique serait responsable des mauvaises affaires des photographes... C'est faux. Le numérique m'a permis de proposer des tarifs plus adaptés.

Je connais des photographes qui vendent 5 euros le tirage 10x15 alors qu'ils le font faire chez foto.com à 30 centimes. C'est cette même personne qui se plaint que personne ne lui recommande des tirages par après.

Les gens ne sont pas idiots et tu dois leur donner aussi l'envie de venir chez toi avec des vrais arguments. Crois moi que le reportage de mariage effectué, quand tu expliques au gens que tu fais effectuer les tirages sur un vrai papier argentique qui dure dans le temps et que tu ajoutes que tirer ca sur imprimante à la maison, ca va couter cher en encre et en papier. Quand je fais un reportage de mariage, les retirages pour la famille en 10x15, je tourne à 1,70 la photo, prix dégressif en fonction de la quantité.

Quand je leur dis que chez moi, ca leur coutera à peine 10 euros de plus qu'une cartouche d'encre, crois moi, ils hésitent pas.

[a200tq]

+1 avec Danny.

Il est clair que certains photographe abusent lourdement, notamment sur les tarifs pour un mariage.

[Papouleu]

Pour ce qui est de l'avenir de la photo... Les gens ont des idées archaïques sur la question. Certes il y a eu le "boom" du numérique, et beaucoup d'entreprises ont coulé pendant cette décennie. Les professionnels n'ont pas su s'adapter {...} Mais il ne faut pas croire que le monde de la photo soit moribond ou condamné. Il y a encore de la place pour les gens courageux, dynamiques et compétents.

Qu'est-ce qu'un profesionnel de la photo ? C'est un type qui a acheté une surface commerciale dans de nombreux cas.

J'en ai connus, et j'en connais encore. J'en connaissais un, avant même d'être installé, il avait déjà fait un emprunt pour se payer un Nikon F5 et ses optiques.

Trois mois plus tard, il claquait 20 000 euros dans une malette Hasselblad et il a très vite remplacé sa Renault 4 par une belle Alfa Roméo. Il a confondu chiffre d'affaire et bénéfices. Quand les factures fournisseur et les impôts sont tombés, le gars s'est déclaré en faillite... Aux dernières nouvelles, il montait les phares de bagnole chez Valeo.

Le numérique serait responsable des mauvaises affaires des photographes... C'est faux. Le numérique m'a permis de proposer des tarifs plus adaptés.

Je connais des photographes qui vendent 5 euros le tirage 10x15 alors qu'ils le font faire chez foto.com à 30 centimes. C'est cette même personne qui se plaint que personne ne lui recommande des tirages par après.

Les gens ne sont pas idiots et tu dois leur donner aussi l'envie de venir chez toi avec des vrais arguments. Crois moi que le reportage de mariage effectué, quand tu expliques au gens que tu fais effectuer les tirages sur un vrai papier argentique qui dure dans le temps et que tu ajoutes que tirer ca sur imprimante à la maison, ca va couter cher en encre et en papier. Quand je fais un reportage de mariage, les retirages pour la famille en 10x15, je tourne à 1,70 la photo, prix dégressif en fonction de la quantité.

Quand je leur dis que chez moi, ca leur coutera à peine 10 euros de plus qu'une cartouche d'encre, crois moi, ils hésitent pas.

je vais être l'avocat du diable! comment peut-on espérer convaincre un jeune de faire des études photos en lui expliquant qu'une fois installé il va avoir affaire à la concurrence de tous ceux qui bossent au noir et qui eux peuvent se permettre des prix attractifs sans les charges à payer?

[Danny]

ouais mais ca c'est dans tous les corps de métier que tu as celà.

Comment convaincre un jeune de faire la construction alors qu'il y a des roumains et polonais qui bossent au noir payés une bouchée de pain ?

Comment les convaincre de faire boulanger alors que le hard discount vend le pain industriel moins cher ?

Si on suit ton raisonnement, on fait plus rien... Ou alors on fait comme mon pote Laurent, on fait 5 années d'école polytechnique, on a un super beau diplôme mais on gagne moins que son chauffagiste...

Comme me dit souvent laurent, Dire qu'on est ingénieur dans une société de sous-traitance pour Airbus, c'est beau sur un CV, c'est utile pour draguer les filles mais quand le salaire tombe, il se dit qu'avoir fait autant d'études pour gagner pareil que son père "simple" mécanicien...

Et puis, sache que mon ancien employeur payait ses charges tout à fait légalement, ca ne l'empèchait pas de bien gagner sa vie.

Et puis, le gars qui travaille au noir est un particulier, à ce titre, les tirages numériques, il les paie le prix public. Quand tu es profesionnel, tu as évidemment un tarif plus avantageux qui t'es réservé.

Enfin, je sais pas en France, mais crois moi aussi qu'en Belgique, les contrôles ONSS, ONEM et autres sont de plus en plus rigoureux. Je vais te donner un exemple, lors d'un contrôle du FISC, au niveau des chimies de mon Minilab, sache que l'on va jusqu'à contrôler le nombre de vidanges de la machine pour s'assurer que les frais de chimies que tu as déclarés ont bien servi à ta pratique profesionelle et que tu ne les as pas revendus sous le manteau...

[Papouleu]

je pens eque tu mélanges beaucoup de chose! le polytechnicien qui gagne moins qu'un chauffagiste est une chose, le travail au noir en est une autre. Et le fait que des exploiteurs profitent de la misère de certains pays ne justifie pas le travail au noir. mais bon on dérive et on sort du cadre, tout comme toi qui fais la promotion déguisée du black.

[Danny]

mais bon on dérive et on sort du cadre, tout comme toi qui fais la promotion déguisée du black.

Je sais pas où tu as vu que je faisais l'apologie du black...

Au contraire, je signale que le fait d'être en légalité apporte des avantages, que les contrôles sont stricts et fort sévères.

Je crois pas qu'on est en hors sujet car ce garçon veut se lancer dans le métier et préciser certains aspects de la profession sont nécessaires.

Pour terminer et préciser ma pensée, je vais te citer mon père, ancien indépendant qui m'a toujours dit "être administrativement en légalité, quand tu as un problème, il te suffit de sortir un papier et tout est réglé".

En bref, être en légalité c'est éviter les emmerdes, et ça n'a pas de prix.

[Papouleu]

Quand je leur dis que chez moi, ca leur coutera à peine 10 euros de plus qu'une cartouche d'encre, crois moi, ils hésitent pas.

excuse moi je ne savais pas que tu étais à ton compte et inscrit aux registres du commerce.

[Danny]

Quand je leur dis que chez moi, ca leur coutera à peine 10 euros de plus qu'une cartouche d'encre, crois moi, ils hésitent pas.

excuse moi je ne savais pas que tu étais à ton compte et inscrit aux registres du commerce.

Personellement non, mais mon ancien employeur oui.

je le précise :

Et puis, sache que mon ancien employeur payait ses charges tout à fait légalement, ca ne l'empèchait pas de bien gagner sa vie.

Si tu veux je te file leurs coordonnées en MP, tu pourras tout vérifier.

Pour ma part, mais là nous sortons du domaine de la photographie commerciale, en temps qu'auteur photographe, je bénéficie en Belgique d'un organisme de gestion qui s'appelle la SMART qui sert d'intermédiaire entre auteurs et acheteurs. Ils te permettent de facturer les ventes de tes oeuvres sans être indépendant (en belgique, le statut d'artiste est différent de la france), la seule condition est de ne pas dépasser une certaine somme par an qui est actualisée chaque année.

[analogic-man]

Je n'ai plus qu'à faire lie vos messages à ma mère... Et à passer à St Luc le 1er mai aux portes ouvertes.

[analogic-man]

Au fait t'es prof de quoi Danny ? Je vais filer mon pseudo et mon passe à ma mère pour qu'éventuellement elle puisse disctuter. Ok ?