Enfin bref, la photographie est un média, voir plus: un langage. Un langage qu'un certain nombre de gens partagent (ou pas). On peut raconter des choses avec, et il est intéressant que l'usage du langage corresponde à l'esprit de l'histoire.Colqhoun a écrit : Enfin, pour faire un rebond sur le titre du topic, le formatage de la photographie est quasiment inévitable.[...] Il devient de plus en plus difficile de proposer quelque chose d'inédit, de novateur.
De ce fait je pense qu'il est bien plus intéressant de savoir travailler avec ce qui existe déjà et de dépasser cette base pour offrir un regard personnel (parce qu'un regard personnel ne sera pas forcément inédit, mais un travail inédit ne sera pas forcément personnel). Mais encore une fois, cela implique de s'être forgé une certaine culture, des connaissances qui dépassent les simples aptitudes techniques.
Mais ça reste un langage.
On peut écrire de très belles histoires sans réinventer la langue, des histoire qui chatouillent nos émotions ou nos idées. Quelquefois en profondeur, au dela de ce qu'on imagine dans l'instant. Que je sache, le nouveau roman ou l'oulipo n'ont pas rendu caduques la nouvelle ou la poésie métrique; les lecteurs n'ont pas oubliés d'un coup de baguette magique cette manière d'utiliser la langue parce que la novlangue culturelle du moment l'avait déclaré has been. Ils sont devenus des genres. Des prémachés culturels qui permettent de comprendre le plat de nouille qu'on a en face de soi.
Et c'est très bien.
Je vais prendre un exemple en photo, pour changer. Je n'aime pas particulièrement l'école de Düssldorf (il y a des raisons à cela: je suis scientifique, je recherche dans la photo ce que je ne peux pas raconter en science). Mais elle a quelque chose de particulier à dire, et elle le dit bien.
Quand je suis face à un ensemble de photos cadrées frontalement, de manière répétitive, presque cliniques et apparemment déshumanisées, avoir déjà rencontré des photos du même genre est une aide pour comprendre ce que le photographe avait comme idée derrière la tête. ça m'évite de me perdre dans les interrogations que suscite la confrontation à une forme médiatique (dans le sens noble du qualificatif) trop nouvelle.
Donc pour revenir aux questions de départ et reprendre des trucs déjà dits:
Oui, bien sûr, il y a un "formatage" (je n'aime pas le terme, il est à mon avis impropre) correspondant à la maitrise ou à la recherche d'un genre. Mais le regarder de haut et dire "C'est caca les formatages, pas de cela pour moi, je suis au dessus des genres, c'est pour les Doisneaus du dimanche bahhhhhh" est une erreur humaine (pas grave, on a le droit d'être imbuvable quand on fait l'artiste) et artistique (ça c'est plus grave quand on est artiste).
Bon, c'est chi¤nt ce topic. On part en se disant qu'on va écrire deux lignes, et on sort un roman.
Une petite photo pour rendre ça plus digeste et essayer de vous évoquer ce qui me gêne dans certaines idées que j'ai lues dans ce fil:

"Pré carré"
(j'utilise le terme "genre" dans un sens précis, si ça vous intéresse, je vous suggère la lecture de "genre et style en analyse du travail")