J'interviens dans ce fil pour vous faire part d'un nouvel espoir pour la survie du film.
Ce nouvel espoir réside dans ...
l'archivage de l'image numérique !
Je précise :
- dans la numérisation d'archives papier pour en obtenir des images numériques,
- dans le transfert de documents originaux électroniques,
sur un support analogique :
le bon vieux film argentique noir et blanc !
Tout ceci afin de garantir une conservation à valeur probante pérenne dans le temps.
Mon métier d'archiviste spécialisé dans la conservation des archives électroniques dans l'administration m'amène à passer du temps avec des informaticiens et à aller à des stages et/ou des démonstrations de matériel destinés à présenter ce qui se fait de neuf en matière d'archivage électronique.
Depuis 20 ans, les volumes à stocker, indexer et archiver explosent. On parle négligemment en téraoctets et on commence aussi à parler de plus en plus souvent en pétaoctets !
La (les) solution(s) : les baies de bandes magnétiques, les serveurs remplis de disques magnétiques tournant à des vitesses folles, etc.
Les conséquences : un jargon complexe qui déroute le néophyte (RAID 5, RAID 6, GED, GEIDE, NAS, SAN, etc), du matériel qui s'use, qui devient incompatible d'une génération à l'autre, des plantages, des crashes, des données qui peuvent se perdre car tout ceci n'est que du virtuel : des 0 et des 1 stockés sur des surfaces magnétiques maintenues en vie par de l'électricité. Pour répondre à cela : des précautions empiriques : doublage voire triplage des supports par copie et de leurs lieux d'installation (en cas de feu) et donc... doublage ou triplage des coûts et des risques !
Alors bien sur, je n'évoque pas ici le stockage (je choisi mes termes : stocker n'est pas archiver) des milliards de photos de famille ou auto-portraits n'intéressant que l'individu lambda et son entourage qui continuera à se faire sur des serveurs car si on les perds, tout le monde s'en f... mais bel et bien d'un archivage légal, à valeur probante, présentable devant un tribunal en cas de procès ou de contentieux, qui nécessite des solutions sûres.
Lors d'une démo de matériel de numérisation patrimoniale, j'ai noté que maintenant, on commence, dans le monde de la finance notamment, à regarder à nouveau vers ce bon vieux microfilm dans l'idée d'allier le meilleur des deux mondes :
- l'image numérique (pour sa facilité et sa rapidité d'acquisition, sa qualité, et les moyens d'indexation automatisée qu'elle permet),
- le support argentique pour :
- son faible coût,
- sa simplicité (une loupe+un éclairage= une archive lisible !) et son absence d'obsolescence programmée,
- sa valeur probante (il est plus difficile de modifier une image analogique développée et stockées sur un support en polyester qu'un fichier électronique),
- sa pérennité dans le temps (dans le monde des archives, nous utilisons couramment des microfilms vieux de plus de 40 ans qui sont régulièrement consultés).
Plusieurs grandes sociétés d'outre-atlantique proposent maintenant des solutions d'archivage basées sur :
- la numérisation des archives papier via des scanners de masse,
- l'indexation et le "marquage" (afin de les retrouver facilement), par des logiciels spécialisés, des images électroniques engendrées,
- le transfert desdites images électroniques sur du film noir et blanc.
Et quant on parle d'archivage de millions, de centaines de millions d'images de chèques, de formulaires divers produits par les organismes financiers ou par l'administration, je ne vous parle pas des kilomètres de film noir et blanc qu'il va falloir produire !
Donc, il y a fort à parier que les gros fournisseurs de film arriveront toujours à produire le polyester et les couches sensibles nécessaires à notre petite production personnelle, à coup de 36 vues !
En espérant vous avoir redonné un peu d'espoir... l'argentique n'est pas mort, il bouge encore un peu. Grâce au numérique !
PS : j'ai ici fait un copier-coller de mon message sur Summilux car les forumeurs de 35mm-compact ne vont pas tous sur Summilux.