Ce sont des outils différents, complémentaires, aussi délicats, compliqués et précis l'un que l'autre, et chacun destiné à un usage particulier.
Il ne viendrait à personne l'idée de comparer un tournevis criciforme à un tournevis droit. Et pourtant, entre argentique et numérique, on ne se prive pas.
Au niveau prix d'achat et investissement, côté matériel, les deux se valent. Les objectifs sont les mêmes ( à quelques détails près).
Le prix d'un boitier Leica ou d'un F6 chez Nikon correspondent à un boitier à vocation professionnelle en digital.
Le prix du systeme informatique équivaut quant à lui à un laboratoire de développement moyen ou très bon.
Match nul donc à ce stade.
(je passe volontairement sous silence le matériel d'occasion pour me focaliser sur des appareils neufs et haut de gamme: le reste, c'est un autre débat).
Le prix de revien film et développement est en faveur du digital, puisque c'est un poste qui n'existe pas en numerique.
La rapidité d'obtention d'un resultat, est, à première vue, en faveur du numérique: pas besoin d'attendre un développement, un tirage...
Je dis bien à première vue, car comme dans toute chose, rien n'est parfait: l'obtention d'un résultat immédiat ne permet pas un recul suffisant pour juger la qualité d'une image "à chaud", sauf pour ceux qui ont une stricte capacité d'autocritique.
Par contre, dans le cadre de la photographie professionnelle, de presse bien sur ou les délais de bouclage sont d'importance majeure, mais aussi en mode, en publicité ( les clients sont toujours en retard et s'attendent à ce que le photographe compresse au maximum ses délais de production) c'est un avantage indiscutable en faveur du numerique. Si on n'est pas pressé par le temps.... le sujet est sans intérêt, et je concèderais dans ce cas précis un petit, tout petit plus à l'argentique.
La qualité.... sujet crucial si il en est!
En noir et blanc, avantage indiscutable au film argentique. En tout cas pour l'instant. Quoique, un bon photographe numérique rompu au travail de conversion réalisera des images de qualité comparable à l'argentique. Mais ça demande de bonnes connaissances et un minimum de gout et de feeling.
En couleur...c'est selon.
Entre 24/36 numerique et digital, ça se tient dans un mouchoir, et les nouvelles machines promises par Canon ( 1DsMkIII) semblent prendre l'avantage en finesse et en colorimetrie, et nous promettent des tirages 50/60 qualité presse (300 dpi). Wait and see... ça va se jouer en fin d'année.
En grand format..... avantage à l'argentique, tout simplement parce que de grands capteurs digitaux n'existent pas. Mais un dos Phase one équipant un Hasselblad est aussi qualitatif que le film à format égal. Il manque de fait un vrai dos carré 6/6 (et non 4.5/6 cm)pour que les fan du moyen format se laissent vraiment tenter.
En balance de couleur difficiles, là, c'est très incontestablement le territoire du digital, qui propose une balance de blanc extraordinaire, à laquelle personne n'est jamais arrivé en argentique.
Très gros avantage pour le digital.
En facilité d'utilisation:
Match nul pour les deux systemes.
Un bon photographe argentique sera un bon photographe en numerique et inversement, après un minimum d'adaptation, si il est doué d'un minimum d'ouverture d'esprit
Maintenant, pour mettre un peu de baume au coeur de certains, je préciserais que le digital à les défauts de ses qualités:
C'est une technique jeune, qui attire les jeune, et pour beaucoup d'entre eux, on ressent un carence en connaissances artistiques et photographiques. Ils se jettent à l'eau parce qu'ils croient que "ya qu'a, y a plus qu'a". Pour le digital aussi, il convient de savoir ce qu'est un diaphragme et un temps de pose, avoir la capacité de juger ce qui est bon et mauvais ( on est souvent si tolerant avec soi-même, surtout dans l'excitation due au résultat immediat ).
Et il faudrait apprendre à tous que mitrailler et bracketter n'est pas une solution qualitative: c'est une solution de médiocrité, incitant à la paresse et à l'absence de toute reflexion.
C'est valable pour le digital bien sur, mais aussi pour les maniaco-dépressifs de l'argentique qui s'imaginent qu'il est indisprnsable de lacher des rafales de dix images pour photographier une feuille morte sur le bord d'un trottoir.
V