Une des raisons pour lesquelles je préfère l'argentique eu numérique, c'est qu'il me semble que la photo numérique est, sur le long terme, éphémère. Une photo numérique dépend de son support, de la disponibilité d'un lecteur, d'un logiciel et d'un algorithme. Par exemple, depuis quelques années les ordinateurs sont de moins en moins pourvus de lecteurs CD, comment alors accéder à des photos qu'on a gravé sur un CD-ROM ?
Une photo argentique dépend de son support, mais peut être "lue" même à l'oeil nu (même si dans le cas d'un négatif, l'inversion des couleurs ne permet que d'avoir une idée de ce qu'il y a sur la prise de vue). Il sera donc toujours plus facile d'exploiter un négatif photo qu'un fichier, parce que au pire on trouvera toujours un moyen. On peut, dans le cas d'un négatif suffisamment grand, réaliser un tirage par contact avec juste du produit pour cyanotype, une feuille blanche, du soleil et de l'eau.
Je trouve également que le fichier numérique est peut-être plus susceptible d'être soumis à des aléas causant leur perte, un disque dur qui devient deffectueux, un changement d'ordinateur etc... mais bien entendu, un négatif peut aussi subir un incendie, une inondation, un vol... je fais peut-être fausse route...
Bref, je ne veux pas entrer dans une "guerre" numérique vs argentique, j'ai pratiqué la photo numérique, elle a ses avantages. Mais concernant la pérennité du support argentique, je me posais quelques questions. Kodak a mené des études sur le vieillissement des négatifs. Pour une température ambiante (20°c), soumis à un taux d'humidité relative de 40%, le durée de vie serait de 50 ans. Pour une température de 0°c, taux d'humidité relative de 40%, la durée de vie serait de 100 ans. C'est à dire que nos films correctement développés, fixés et stockés (j'utilise des pochettes prévues pour en "papier" transparent), on peut espérer les garder en bon état une cinquantaine d'années.
Mais ensuite ? Je veux dire, est-ce que ces études parlent d'une dégradation après 50 ans ? Est-ce que dans 60 ans, mes négatifs seront quand même exploitables même si dégradés ? Est-ce que dans 100 ou 150 ans, nos négatifs seront quand même encore en état de renseigner les générations futures sur nos modes de vie, à quoi nous ressemblions, à quoi ressemblaient nos rues, nos villes, nos forêts ? En même temps, je me demande si ces questions que je ne dois pas être le seul à me poser, ne renseignent pas sur notre besoin de laisser une trace de nous après notre mort, comme ce désir inconscient qui se cache derrière notre désir de parentalité (procréer est une manière de faire survivre une part de nous-même après notre mort). Est-ce pour cela qu'on a parfois l'impression que nos photos sont un peu "nos enfants" ?
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Et bon Week-End !