Au contraire : tu as tout juste.
En 50 ans tant de choses changent (physionomie des villes et de leurs commerces, bâtiments, véhicules, manières de vivre, de s'habiller, les paysages, etc. Alors imaginez en 100 ans !
Ces vieilles photos et cartes postales aujourd'hui âgées de 100 ans nous semblent tellement éloignées de notre mode de vie actuel et tellement touchantes par ce fait. Regardez déjà comment nous rigolons tous de la manière dont, gamins, nous étions fringués dans les années 1970 avec nos cols-roulés en polyester qui crépitaient quand on se désaper le soir, nos pantalons pat'dèf, et nos gilets afghans en poil de chèvre ! Il en sera de même à l'aube du XXIIe siècle. Tout aura changé, et ce qui nous semble banal sera tellement suranné dans 100 ans.
Il est donc important de conserver une trace de ces années de fin du XXe s. - début du XXIe. C'est une de nos missions à nous archiviste : préserver les documents du passé pour écrire l'histoire mais aussi savoir conserver certains documents actuels pour que les historiens des siècles à venir aient du matériau pour écrire cette histoire. Et les photos, les images qui bougent y participent.
Après, l'archiviste se trouve confronté à ce que l'on appelle "l'infobésité" : trop d'infos, sous tant de formes, dur de trier, de savoir quoi conserver et comment. Il y aura des pertes. Il y en a eu depuis des millénaires, c'est comme ça et on fait avec, alors on fera avec.
Déjà par nos technologies numériques, toutes basées sur des 0 et des 1 agités par de l'électricité, donc du virtuel, les pertes seront colossales. Les supports changent tellement rapidement, les formats de fichiers aussi, tant pour des raisons technologiques que commerciales, que suivre cette évolution galopante à un coût que personne n'arrive à suivre réellement.
Mais, encore une fois, cette fatalité n'est pas si grave. On écrira l'histoire avec ce que l'on aura. On ne peut pas tout conserver. Le temps fera son oeuvre et le tri.
Par exemple, cela inquiète qui que nous ne puissions écrire l'histoire des mérovingiens qu'à partir de quelques papyrus conservés aux archives nationales et par quelques découvertes archéologiques ? On fait avec, et c'est déjà pas mal.
