Formation en photo

[hoppipolla]

salut à tous!
savez-vous quelle est la meilleure ecole/fac de photo?
certains d'entres vous sont-ils passé par là?
bonne journée!

[MMP]

Il n'y a pas de réponse unique, tout dépend de ce que l'on souhaite faire, du niveau que l'on veut atteindre et des moyens que l'on veut se donner pour y parvenir. Il y a toute une gamme du self made photographe à l'ENS Louis Lumière.

Alors ?

[aulmandin]

dis moi MMP, tu connais bien Louis lumière?

si oui, ton experience pourrait m'être une fois de plus précieuse, je compte présenter son concours cette année...

n'étant pas un littéraire, il va falloir que je m'améliore en culture artistique... à ton avis, c'est jouable? tu as des retours sur l'école?

je sais, je demande beaucoup!

[MMP]

Pardonne mon retard à te répondre, mais je me fais rare ces temps derniers.

Je ne connais pas Louis Lumière personnellement (je suis un autodidacte total, comme on les aime aux States). Avec l'ENS d'Arles (à l'orientation plus "artistique"), c'est le summum de la formation en France. L'ENS Louis Lumière demande un bagage scientifique de base d'un bon niveau (Bac+2 de mémoire). L'admission ce fait sur dossier, si ma mémoire est toujours bonne, avec présentation d'un travail photographique cohérent et de qualité.

Avant toute chose, eu égard le très haut niveau d'exigence de la formation dispensée par cette école, il faut une motivation à toute épreuve pour l'envisager sérieusement (et sereinement). Mais n'est-ce pas vrai pour tout ce que l'on désire entreprendre ?

Pour la culture "artistique", il n'y a pas de secret ; il faut du temps, voir des expositions, vider les bibliothèques municipales pour peu qu'elles aient un rayon digne de ce nom. Kidnapper la collection complète des Photo-Poches serait également une bonne chose. Lire. Beaucoup, car la photographie c'est savoir aussi en sortir pour mieux l'appréhender (la connaissance de la culture, notamment celle qui ne nous est pas familière car non maternelle, est indispensable pour pourvoir aller vers l'autre - et photographier c'est avant toute chose s'ouvrir à l'autre).

Viser l'ENS c'est vouloir non pas atteindre l'élite mais avoir une démarche, pour soi-même, élitiste ; être le meilleur possible pour ensuite pouvoir offrir le meilleur de soi aux autres. La contrepartie est qu'il faut (faudra) travailler dur pour atteindre à cela. Mais toute sa vie durant il faut travailler dur pour progresser toujours, car on ne sais jamais rien qui soit assurer à jamais (ce que savent les chercheurs pour qui tout savoir n'est qu'un état provisoire de la connaissance).

Peut-être que l'on trouvera que je m'égare. Ce que je voulais exprimer ici c'est le haut niveau d'exigence d'une école comme l'ENS Louis Lumière. Exigence pour pouvoir suivre sa formation, mais aussi pour l'après formation, car on ne sort pas d'une telle école pour ensuite tenir un vague minilab au deuxième sous-sol d'une galerie marchande hyper-néonnée. C'est un projet de vie qui doit en découler construit autour de la pratique de l'image.

A ce niveau là, il faut s'interroger sans complaisance aucune sur soi-même et sur ce qu'est la photographie dans son existence. Ici je citerai Rainer Maria Rilke (lettres à un jeune poète) :

"Cherchez en vous-mêmes. Explorez la raison qui vous commande d'écrire; examinez si elle plonge ses racines au plus profond de votre cœur; faites-vous cet aveu : devriez-vous mourir s'il vous était interdit d'écrire. Ceci surtout : demandez-vous à l'heure la plus silencieuse de votre nuit; me faut-il écrire ? Creusez en vous-mêmes à la recherche d'une réponse profonde. Et si celle-ci devait être affirmative, s'il vous était donné d'aller à la rencontre de cette grave question avec un fort et simple "il le faut", alors bâtissez votre vie selon cette nécessité; votre vie, jusqu'en son heure la plus indifférente et la plus infime, doit être le signe et le témoignage de cette impulsion."

Franz Xaver Kappus (le jeune poète avec qui Rilke correspondit cinq année durant sans que jamais ils ne se rencontrent) n'est pas devenu poète. Mais il fut à jamais redevable à Rilke de ces lettres belles et vraies, car sans doute serait-il devenu un écrivain malheureux s'il avait choisit de l'être alors que sa vocation n'était pas fichée au plus profond de lui-même (ou alors un insupportable écrivaillon comme nous en connaissons tous des centaines).

Il en est de même pour la photographie. Est-ce un hobby, dans toute la noblesse du terme, ou un acte de vie ? Si oui, alors l'ENS Louis Lumière est une voie possible (mais pas la seule - Jean Loup Sieff n'est resté que quelques jours sur les bancs de la toute aussi prestigieuse l'école de photographie de Vevey…).

J'espère avoir répondu à ton attente.