A ma gauche la France représentée par :
- Un FOCA PF2 bis monté de son Oplar 50/2,8
- Un Semflex Semi-Oto à optique Berthiot Flor
A ma droite l'Allemagne représentée par :
- Un Leica III f monté d'un Summar 50/2
- Un Rolleiflex T à optique Tessar
Je me défendrais bien de dire qui est meilleur car... on s'en fiche ! Je me contenterais juste de comparer les solutions techniques envisagées de par et d'autre du Rhin.
Les télémétriques :
Mes deux boitiers sont d'à peu près la même époque. 1953 pour le Leica et 1957 pour le FOCA.
Le Leica demeure le prototype de tous les télémétriques à optique interchangeable (et même des autres) et constitue le modèle qui a inspiré la conception du FOCA. Ils ont ainsi en commun la mise au point télémétrique, le format 24x36 sur film 135, les optiques à vis collapsibles et une certaine idée de la compacité.
Le Leica reste fidèle au modèle d'origine sorti plus de vingt ans plus tôt : chargement (parfois laborieux) par la semelle, viseur et télémètre séparés, nécessité d'armer avant de changer de vitesse. Il est curieux que Leica attende plusieurs décennies pour enfin modifier ces points délicats (rappelons qu'ils ont inventé le concept de boitier compact 24x36 à télémètre couplé donc il avaient le droit à l'erreur sur quelques points) alors que depuis plusieurs années, Zeiss a déjà proposé quelques solutions intéressantes sur ses Contax. La monture est le très standard M39.
Le FOCA résout une partie des problèmes : dos démontable pour le chargement, vitesse changeable sans réarmer, viseur et télémètre dans une seule fenêtre (mais pas très bien proportionnée). La masse est plus élevée que celle du Leica et l'encombrement équivalent. L'avance du film/armement se fait en tournant le barillet des vitesses qui est situé suffisamment loin de la griffe porte-accessoires pour que l'adjonction de viseurs ne pose pas de problèmes (certains viseurs comme le Voigtländer Kontur empêchent le changement de vitesse sur le Leica) mais son emplacement me gêne un peu : il arrive que j'accroche le barillet avec mon sourcil droit lors du déclenchement, ce qui est n'est pas forcément bon pour l'exposition. Comme nous le verrons plus tard avec le Semflex, nous autres Français n'aimons pas faire comme tout le monde, aussi les objectifs vissants sont d'une monture spécifique à FOCA : le M38. A ceci s'ajoute un dispositif de couplage du télémétre interne au boitier et non pas à l'optique : si on change de focale, il faut alors mesurer la distance pluis la reporter sur l'objectif ! Le FOCA Universel améliorera tout ceci avec une monture à bayonnette et un couplage à la Leica.
Tous les deux sont synchronisés pour l'emploi du flash. Là aussi les conceptions sont différentes : cadran de synchronisation autour du barillet des vitesses chez Leica et une prise unique placée juste à droite du viseur sur la façade arrière (très gênante quand un cordon y est branché) ; chez FOCA, on créé deux prises identifiée E et F pour l'emploi des différents types de flash et on a eu la bonne idée de les installer sur le côté gauche du boitier.
Les TLR :
Je ne connais pas précisément l'année de mon Rolleiflex mais je pense pouvoir le dater du milieu des années 60. Le Semflex quant à lui date de 1965.
Là encore, l'Allemagne a montré la voie dès les années 1930 avec les premiers Rolleiflex auquels la France proposera une alternative à l'après-guerre avec le Semflex. Les deux exemplaires en présence ont en commun la visée et mise au point TLR, le format 6x6 sur film 120 et la présence d'une manivelle. Tous les deux se trouvent au milieu d'un système pleins d'accessoires et il est possible d'adapter les deux boitiers pour d'autres formats de négatifs.
Là où Leica a montré son manque de volonté de retravailler un boitier qui marche, Franke & Heidecke (Rollei) a su perfectionner LE TLR : mise au point sur dépoli quadrillé à stignomètre avec correction de paralaxe, cellule en option (pas sur mon spécimen), remise à zéro automatique du compteur de vues avec l'ouverture/fermeture du dos, prise flash. Le modèle T est équipé du très classique et très bon Tessar 80/3,5 de chez Zeiss et l'avance du film est couplée avec l'armement : un premier mouvement de la manivelle avance le film et le retourne arme l'obturateur. Le compteur de vues s'initialise lors de la fermeture du dos une fois que l'on a alignée la flèche sur le papier de protection du film avec deux repères rouges. Les filtres sont en bayonnette I, un grand standard.
Le Semflex se veut une copie du Rolleiflex qui se justifiait à l'époque par le peu d'importations des boitiers Rollei. Mon spécimen - un Semi-Oto - se situe entre le modèle standard (avancement du film par molette et armement non couplé) et le modèle Oto (avancement du film et armement couplés au maniement de la manivelle) puisque l'avance du film se fait par manivelle (en deux coups : un pour avancer d'une vue et un autre pour ajuster l'espacement des vues à l'épaisseur de film déjà enroulé sur la bobine réceptrice) et que l'armement n'est pas couplé. Ceci le situe donc quelquepart entre le Rolleicord et le Rolleiflex. L'optique est un Berthiot Flor 75/3,5 (donc un plus grand angle que son le Rollei) de formule Tessar fort honorable même à pleine ouverture. Surprise en 1965 : elle n'est pas traitée pour la couleur ! Comme sur le FOCA, on retrouve cette déplorable habitude de créer un système propriétaire avec une bayonette qui n'existe pas ailleurs (heureusement, on peut aussi utiliser des filtres à emboîtement de diamètre 30 mm fort communs) et la prise flash à deux fiches est on ne peut plus rustique au milieu des années 1960. Notons un grand avantage du Semflex sur le Rollei : il pèse moins d'un kilo ! C'est bête mais quand on a des problèmes de dos comme moi, on apprécie !