freddy.lombard a écrit :L'album n'est pas plus gratuit qu'un téléphone coûte 1 € dans le cadre d'un forfait : c'est la vision qui en est proposée au client.
Dans le prix global, entre le versement des royalties, comme entre le prix du combiné reversé au constructeur.
Pour revenir sur la présentation marketing de l'offre, faire croire à la gratuité a déjà et aura des conséquences économiques inimaginables dans quelques années.
Pour exemples :
- la presse "papier" (qui est à la "presse numérique" ce que la photo argentique est à la photo numérique) est en train de crever lentement.
- l'édition (les livres) suivra le même chemin, pour un temps protégée par le prix unique du livre, mais tuée à petit feu par Amazon et consorts qui contournent les lois et ignorent l'impôt
- l'édition musicale aura le même sort; bien qu'originellement les acheteurs de CD aient été pris pour des vaches à lait, aujourd'hui c'est le prix exorbitant des places de concert qui compense la "gratuité" de la musique
Le numérique ne tue pas la création (il est même certains domaines où il la favorise), mais il tue la possibilité d'en vivre pour la plupart des créateurs. Là où il y a 30 ans, peut-être un artiste ou écrivain sur dix avait des revenus qui lui permettait de subsister, dans 30 ans ce sera un sur dix mille, cent mille ou un million. Seuls vivront de leur "art" des types comme Psy (et pourtant je n'ai rien contre le
gangnam style )
Oui et non.
La SACEM et ses équivalents sont bien plus récents que l'histoire de l'art. Faut arrêter avec le trip apocalyptique comme quoi le monde de l'art va mourir. Il ne va pas plus mourir qu'il n'est né avec la SACEM et ses copines. L'Humanité ne va pas arrêter de faire de l'art. Et l'augmentation du prix des places de concert n'est que le retour à l'économie pré-sacem, finalement. On va arrêter de voir des pseudos artistes pondre un album studio et refuser de se confronter au public, vivant de la rente bien pratique de l'album...
Je sais pas vous mais moi, au contraire, je trouve que l'art revient à des bases saines. Avec un peu de chance, le modèle "one hit - one wonder loser bands" va peut être disparaître, ou du moins cesser d'être bankable pour les majors.
L'album ayant le plus rapporté de thune à son auteur en une semaine est Ghosts I-IV de Nine Inch Nails qui était donné gratuitement.
http://en.wikipedia.org/wiki/Ghosts_I%E ... #Reception
L'économie de l'art a toujours été faussée. C'est l'application, justement, des règles de transit de bien transitifs à des biens NON-transitifs.
Un CD est un bien transitif : je te donne mon CD, j'ai un CD en moins.
La musique sur le CD est un bien non-transitif : je te donne la musique du CD (sous une autre forme, par exemple en te la faisant écouter sur un haut parleur), je n'ai pas une musique en moins. Je peux donner cette musique à une autre personne. C'est non-transitif. Or, l'économie est un ensemble de règles basée sur la rareté des biens transitifs NE S'APPLIQUANT PAS aux biens non-transitifs (une information, un renseignement, une diffusion de musique, de film, de photo).
D'ailleurs, la photo aussi : le _support_ est transitif, pas l'image en elle même. Parce que l'image est pure information, pas le papier ou le négatif ou le CD sur laquelle elle se trouve.
Pour forcer ce fonctionnement aux biens non transitifs, les majors fonctionnent sur deux registres :
1/ the doomapocalypse : "Y'aura jamaaaaaaaisssss plus d'artissstes" (parce qu'avant les majors, l'art n'existait pas)
2/ raréfaction artificielle (éditions collectors, tirages limités, interdiction de reproduction, de diffusion publique, limitation de la copie privée, etc.)
C'est un modèle ARTIFICIEL qui ne vit que parce que le public, l'état et les majors dansent un pas de trois en cadence. Sauf que le modèle artificiel est en fin de vie : le public a pigé qu'on le baise. L'état ne peut rien y faire à part pondre des lois toujours plus inefficaces, coûteuses et stupides. Les majors refusent d'évoluer et de chercher un autre modèle économique.
Sauf qu'on ne peut pas inverser le modèle du copyright éternellement (rappel : à l'origine le brevet servait à ce que le "secret de fabrication" cesse d'exister afin que l'humanité dans son ensemble profite des innovations de chacun plutôt que les types les emportent dans la tombe. Ce modèle a été inversé pour parvenir à empêcher les êtres humains d'utiliser les innovations des autres et faire que des vauto... des ayants droits vivent des dizaines d'années de choses qu'ils n'ont pas créées, sans aucune justification à part d'être un ovule/spermatozoïde ayant à un moment fait partie du corps de l'auteur).
L'échange des biens non-transitifs est définie par l'agalmique (économie de l'abondance) et je pense qu'il serait temps que l'humanité dans son ensemble arrête de forcer artificiellement le carré dans le rond et essaie plutôt de piger comment faire fonctionner l'agalmique plutôt que de perséverer à appliquer le modèle économique aux biens non-transitifs (notez que c'est pas le seul domaine où l'humanité se cogne la tête sur le mur. L'autre, c'est l'obsession de l'application d'un modèle économique datant du XIXè siècle au XXIè - la valeur travail alors que le travail est une notion en voie de disparition). La troisième, c'est l'obsession pour des schémas de pensée vieux de plus de mille ans basés sur des ouvrages de SF.
Désolé du long message mais c'est un cri du coeur.