Mémoire(s) de la guerre en Bosnie
-
- Messages : 15
- Enregistré le : mercredi 15 novembre 2023 16:23
- Localisation : Bruxelles
- Contact :
Mémoire(s) de la guerre en Bosnie
Bonsoir à tous,
Je souhaitais vous présenter mon dernier travail sur la mémoire de la guerre en Bosnie. Ce travail a donné lieu à un livre de photographies qui sera disponible prochainement en librairie (il est toujours possible de le pré-commander à un prix préférentiel). Ce travail à été exposé l'année dernière à Nantes. Il est actuellement exposé en Bosnie au mémorial de Srebrenica, et le sera peut-être prochainement en Belgique (je croise les doigts).
Présentation du livre :
"Presque trente ans après la fin de la guerre en Bosnie-Herzégovine, le photographe Fabrice Dekoninck a exploré, dans ce qu'elle a de plus intime, la mémoire des survivants du siège de Sarajevo, de l'épuration ethnique de Prijedor et du génocide de Srebrenica. Tel un anthropologue de la mémoire, il s'est rendu sur les lieux où ces événements se sont déroulés, au contact des témoins survivants. Ce travail dresse le portrait d'une société bosnienne qui, par défaut de volonté politique dans l'établissement d'une vérité historique, demeure figée dans la mémoire de la guerre au risque de la voir resurgir. Mais l'espoir demeure. Partout où il a séjourné, le photographe a rencontré des membres de la société civile, artistes ou activistes, qui ont décidé de se libérer du fardeau d'une mémoire collective imposée et continuent à croire en la possibilité d'une cohabitation apaisée entre communautés. À l'aune du retour de la guerre en Europe et au Proche-Orient, ainsi que de la résurgence des nationalismes, ce travail offre un éclairage essentiel sur les risques que représente l'instrumentalisation de la mémoire des conflits récents pour la paix."
Quelques photos réalisées au Leica MP, Leica M240 et au Rolleiflex sur la période 2020-2022 :
Site de détention dit de la prairie de Sandici, où, le 13 juillet 1995, des centaines de fugitifs Bosniaques de Srebrenica se rendirent aux soldats serbes, après que ceux-ci aient endossé des uniformes des casques bleus de l'ONU et promis qu'ils seraient traités selon le droit humanitaire international. Tous ces prisonniers furent ensuite exécutés, dont certains quelques heures seulement après s'être rendus.
Maison détruite dans le centre de Srebrenica. De nombreuses maisons furent incendiées après guerre, pour dissuader les familles des survivants de revenir s'établir en ville, maintenant sous administration serbe.
Une femme se recueille devant les cercueils des victimes du génocide de Srebrenica identifiées au cours des 12 derniers mois. A la fin de l'été 1995, les 5 principales fosses communes du génocide furent ré-ouvertes, les corps démantelés et mélangés dans plus de 38 fosses secondaires réparties dans tout le pays. Aujourd'hui encore, plus de 1000 victimes du génocide de Srebrenica n'ont toujours pas été retrouvées.
Une église orthodoxe a été construite illégalement sur le terrain d'une survivante du génocide à Konjevic Polje, près de Srebrenica. Après des années de procédures judiciaires, y compris devant la Cour européenne des droits de l'homme, le bâtiment a finalement été démoli.
"Intersection de la mort" pour les milliers de fugitifs bosniaques de Srebrenica qui tentèrent de fuir à pied par les bois et la montagne Srebrenica, afin de tenter de rejoindre le territoire libre de Tuzla, distant de plus de 110 km. Chassés par les chiens, harcelés jours et nuits par les patrouilles et les bombardements d'artillerie et d'aviation serbes, rares sont ceux qui réussirent à rejoindre ce point de passage et à traverser cette route en juillet 1995. Certains mirent même plus de 6 mois avant d'y parvenir. Konjevic Polje (Srebrenica)
Survivante du génocide. Salihah a perdu ses deux fils et son mari entre le 6 et le 13 juillet 1995. Srebrenica.
Bureau du commissaire divisionnaire de police Jean-René Ruez, ancien responsable du groupe d'enquête Srebrenica au bureau du procureur du Tribunal pénal international pour l'ex. Yougoslavie. Chambéry.
Sur le terrain de football de Kozarac, une ville du nord-ouest de la Bosnie qui a été complètement dévastée lors du nettoyage ethnique du printemps 1992, l'équipe junior bosniaque affronte l'équipe du village serbe voisin d'Omarska. C'est à Omarska précisèment que fut établi l'un des trois camps de concentration de la région de Prijedor, où des milliers de prisonniers Bosniaques et Croates furent détenus, torturés, et de nombreux exécutés.
Centre ville de Bratunac, la ville serbe voisine de Srebrenica où de nombreux meurtres de prisonniers bosniaques furent commis après la chute de l'enclave.
Le général et héros de Sarajevo Jovan Divjak, défenseur de la ville assiégée et humaniste convaincu, photographié quelques mois avant son décès. Sarajevo.
Funérailles de Jovan Divjak. Sarajevo.
Cédric, ancien casque Bleu français souffrant de graves troubles post-traumatiques suite à son séjour en Bosnie. Birmingham UK.
Commémorations annuelles des mères de Srebrenica devant les sites d'exécution des membres de leurs familles. Srebrenica.
Ahmed, le jeune imam de Srebrenica, survivant du génocide. Tous les hommes de sa famille, y compris son père et ses deux grands-pères, ont été tués en Juillet 1995. C'est le témoin principal du livre. Srebrenica.
Shakir a survécu au génocide en se cachant dans la montagne, traqué par les soldats et leurs chiens, il a finalement réussi à regagner le territoire libre bosniaque. Srebrenica.
De nouveaux ossements du père d'Ahmed ont été retrouvés. Reconstitution médico-légale du squelette avant une nouvelle cérémonie d’inhumation. Un deuil impossible pour les familles de victimes. Srebrenica.
Théâtre de Pilica, l'un des sites d'exécution du génocide. 500 personnes y ont été assassinées par les soldats serbes nichés dans la cabine du projectionniste à l'étage. Il n'y eut aucun survivant.
Théâtre de Pilica. Les familles des victimes ne peuvent y pénétrer qu'une fois l'an pour un dépôt de gerbes, et ce sous strict encadrement de la police serbe.
Portrait du général Serbe Ratko Mladic, artisan du génocide de Srebrenica, condamné à la prison à perpétuité par le Tribunal pénal international. Ville natale de Mladic, Kalinovik (Bosnie).
Fête foraine dans la ville de Kozarac, où des milliers de membres de la diaspora bosniaque se retrouvent chaque année au mois de Juillet. L'ombre de la guerre n'est jamais loin.
J'espère que ce travail au long cours vous intéressera; des informations complémentaires sont disponibles sur mon site internet.
Fabrice
Je souhaitais vous présenter mon dernier travail sur la mémoire de la guerre en Bosnie. Ce travail a donné lieu à un livre de photographies qui sera disponible prochainement en librairie (il est toujours possible de le pré-commander à un prix préférentiel). Ce travail à été exposé l'année dernière à Nantes. Il est actuellement exposé en Bosnie au mémorial de Srebrenica, et le sera peut-être prochainement en Belgique (je croise les doigts).
Présentation du livre :
"Presque trente ans après la fin de la guerre en Bosnie-Herzégovine, le photographe Fabrice Dekoninck a exploré, dans ce qu'elle a de plus intime, la mémoire des survivants du siège de Sarajevo, de l'épuration ethnique de Prijedor et du génocide de Srebrenica. Tel un anthropologue de la mémoire, il s'est rendu sur les lieux où ces événements se sont déroulés, au contact des témoins survivants. Ce travail dresse le portrait d'une société bosnienne qui, par défaut de volonté politique dans l'établissement d'une vérité historique, demeure figée dans la mémoire de la guerre au risque de la voir resurgir. Mais l'espoir demeure. Partout où il a séjourné, le photographe a rencontré des membres de la société civile, artistes ou activistes, qui ont décidé de se libérer du fardeau d'une mémoire collective imposée et continuent à croire en la possibilité d'une cohabitation apaisée entre communautés. À l'aune du retour de la guerre en Europe et au Proche-Orient, ainsi que de la résurgence des nationalismes, ce travail offre un éclairage essentiel sur les risques que représente l'instrumentalisation de la mémoire des conflits récents pour la paix."
Quelques photos réalisées au Leica MP, Leica M240 et au Rolleiflex sur la période 2020-2022 :
Site de détention dit de la prairie de Sandici, où, le 13 juillet 1995, des centaines de fugitifs Bosniaques de Srebrenica se rendirent aux soldats serbes, après que ceux-ci aient endossé des uniformes des casques bleus de l'ONU et promis qu'ils seraient traités selon le droit humanitaire international. Tous ces prisonniers furent ensuite exécutés, dont certains quelques heures seulement après s'être rendus.
Maison détruite dans le centre de Srebrenica. De nombreuses maisons furent incendiées après guerre, pour dissuader les familles des survivants de revenir s'établir en ville, maintenant sous administration serbe.
Une femme se recueille devant les cercueils des victimes du génocide de Srebrenica identifiées au cours des 12 derniers mois. A la fin de l'été 1995, les 5 principales fosses communes du génocide furent ré-ouvertes, les corps démantelés et mélangés dans plus de 38 fosses secondaires réparties dans tout le pays. Aujourd'hui encore, plus de 1000 victimes du génocide de Srebrenica n'ont toujours pas été retrouvées.
Une église orthodoxe a été construite illégalement sur le terrain d'une survivante du génocide à Konjevic Polje, près de Srebrenica. Après des années de procédures judiciaires, y compris devant la Cour européenne des droits de l'homme, le bâtiment a finalement été démoli.
"Intersection de la mort" pour les milliers de fugitifs bosniaques de Srebrenica qui tentèrent de fuir à pied par les bois et la montagne Srebrenica, afin de tenter de rejoindre le territoire libre de Tuzla, distant de plus de 110 km. Chassés par les chiens, harcelés jours et nuits par les patrouilles et les bombardements d'artillerie et d'aviation serbes, rares sont ceux qui réussirent à rejoindre ce point de passage et à traverser cette route en juillet 1995. Certains mirent même plus de 6 mois avant d'y parvenir. Konjevic Polje (Srebrenica)
Survivante du génocide. Salihah a perdu ses deux fils et son mari entre le 6 et le 13 juillet 1995. Srebrenica.
Bureau du commissaire divisionnaire de police Jean-René Ruez, ancien responsable du groupe d'enquête Srebrenica au bureau du procureur du Tribunal pénal international pour l'ex. Yougoslavie. Chambéry.
Sur le terrain de football de Kozarac, une ville du nord-ouest de la Bosnie qui a été complètement dévastée lors du nettoyage ethnique du printemps 1992, l'équipe junior bosniaque affronte l'équipe du village serbe voisin d'Omarska. C'est à Omarska précisèment que fut établi l'un des trois camps de concentration de la région de Prijedor, où des milliers de prisonniers Bosniaques et Croates furent détenus, torturés, et de nombreux exécutés.
Centre ville de Bratunac, la ville serbe voisine de Srebrenica où de nombreux meurtres de prisonniers bosniaques furent commis après la chute de l'enclave.
Le général et héros de Sarajevo Jovan Divjak, défenseur de la ville assiégée et humaniste convaincu, photographié quelques mois avant son décès. Sarajevo.
Funérailles de Jovan Divjak. Sarajevo.
Cédric, ancien casque Bleu français souffrant de graves troubles post-traumatiques suite à son séjour en Bosnie. Birmingham UK.
Commémorations annuelles des mères de Srebrenica devant les sites d'exécution des membres de leurs familles. Srebrenica.
Ahmed, le jeune imam de Srebrenica, survivant du génocide. Tous les hommes de sa famille, y compris son père et ses deux grands-pères, ont été tués en Juillet 1995. C'est le témoin principal du livre. Srebrenica.
Shakir a survécu au génocide en se cachant dans la montagne, traqué par les soldats et leurs chiens, il a finalement réussi à regagner le territoire libre bosniaque. Srebrenica.
De nouveaux ossements du père d'Ahmed ont été retrouvés. Reconstitution médico-légale du squelette avant une nouvelle cérémonie d’inhumation. Un deuil impossible pour les familles de victimes. Srebrenica.
Théâtre de Pilica, l'un des sites d'exécution du génocide. 500 personnes y ont été assassinées par les soldats serbes nichés dans la cabine du projectionniste à l'étage. Il n'y eut aucun survivant.
Théâtre de Pilica. Les familles des victimes ne peuvent y pénétrer qu'une fois l'an pour un dépôt de gerbes, et ce sous strict encadrement de la police serbe.
Portrait du général Serbe Ratko Mladic, artisan du génocide de Srebrenica, condamné à la prison à perpétuité par le Tribunal pénal international. Ville natale de Mladic, Kalinovik (Bosnie).
Fête foraine dans la ville de Kozarac, où des milliers de membres de la diaspora bosniaque se retrouvent chaque année au mois de Juillet. L'ombre de la guerre n'est jamais loin.
J'espère que ce travail au long cours vous intéressera; des informations complémentaires sont disponibles sur mon site internet.
Fabrice
Modifié en dernier par fdekoninck le jeudi 16 novembre 2023 18:27, modifié 6 fois.
-
- Membre de l'association
- Messages : 1578
- Enregistré le : mardi 03 janvier 2023 21:41
- Localisation : Normandie
Re: Mémoire(s) de la guerre en Bosnie
Merci pour ce partage ; c'est un magnifique travail. Bon courage pour l'exposition en Belgique !
-
- Messages : 15
- Enregistré le : mercredi 15 novembre 2023 16:23
- Localisation : Bruxelles
- Contact :
- Renaud LÄMMLI
- Membre de l'association
- Messages : 996
- Enregistré le : vendredi 19 juillet 2013 12:50
- Localisation : Alpes Maritimes, entre Nice et Grasse, bien au chaud !
Re: Mémoire(s) de la guerre en Bosnie
Superbe travail, sur un sujet qui reste malheureusement d'actualité... Des images très fortes, avec les justes commentaires. Je ne suis pas allé là bas à cette époque, mais j'ai des copains-copines qui avaient monté un convoi vers Sarajevo. Ils en étaient revenus complètement transformés. D'autres copains étaient casques bleus et pour eux aussi il y a eu un avant et un après.
Merci pour le partage.
Merci pour le partage.
Modifié en dernier par Renaud LÄMMLI le samedi 18 novembre 2023 12:13, modifié 1 fois.
- Niolu
- Membre de l'association
- Messages : 106
- Enregistré le : samedi 15 octobre 2022 13:00
- Localisation : Corse
Re: Mémoire(s) de la guerre en Bosnie
Très beau travail avec des commentaires sobres et justes. Merci pour ce partage fort interessant et bienvenue parmi nous. Au plaisir de te lire prochainement.
-
- Messages : 15
- Enregistré le : mercredi 15 novembre 2023 16:23
- Localisation : Bruxelles
- Contact :
Re: Mémoire(s) de la guerre en Bosnie
Merci Renaud pour ton feedback. Toutes les personnes que j'ai rencontrées, quelles que soient leurs nationalités ou leurs âges, en restent profondément marquées. Les raisons sont nombreuses à mon avis, mais elles ont souvent trait à l'injustice de cette guerre fratricide et à la violence qui a déferlé sans discontinuer devant les yeux des observateurs impuissants, laissant des traces indélébiles pour les victimes, mais aussi pour les journalistes, les humanitaires et les casques bleus.Renaud LÄMMLI a écrit : ↑mercredi 15 novembre 2023 20:36 Superbe travail, sur un sujet qui reste malheureusement d'actualité... Des images très fortes, avec les justes commentaires. Je ne suis pas allé là bas à cette époque, mais j'ai des copains-copines qui avaient monté un convoi vers Sarajevo. Ils en étaient revenus complètement transformés. D'autres copains étaient casques bleus et pour eux aussi il y a un un avant et un après.
Merci pour le partage.
-
- Messages : 15
- Enregistré le : mercredi 15 novembre 2023 16:23
- Localisation : Bruxelles
- Contact :
-
- Membre de l'association
- Messages : 3835
- Enregistré le : samedi 13 avril 2019 12:32
- Localisation : Gironde, pas loin d'un gros tas de sable
Re: Mémoire(s) de la guerre en Bosnie
Beau travail ! Les copains ont tout dit
-
- Messages : 15
- Enregistré le : mercredi 15 novembre 2023 16:23
- Localisation : Bruxelles
- Contact :