Un peu plus qu'une roche, Sein est à peine une ile. Sein c'est une pause au milieu du raz, un havre fragile au milieu des roches acérées de sa chaussée. Sein c'est une respiration avant le désert mouvant de la haute mer et un sas avant le tumulte de la terre. Sein c'est un trait d'union au milieu des pointillés d'un Mayday. Sein est à jamais le début d'une lutte et le soulagement d'un combat qui prend fin.
Un journée à Sein est un voyage.
Episode 1: la traversée
On embarque pour Sein à Saint Evette, à l'abri d'une station SNSM. Celle-ci veille sur le mouillage des navires en escale se reposant après avoir passé le raz ou attendant avec respect qu'il leur laisse libre passage. Un coup de corne annonce le bac qui assure la rotation toute l'année. L'Enez Sun est un rude navire de charge, une bête de somme, un travailleur de la mer dont la solide tôle est taillée pour affronter la houle et protéger ses passagers. Même au coeur de l'été par une belle journée, la navigation reste délicate, d'autant que l'équipage, pour faire plaisir, assure la route touristique et vient lécher la sentinelle de la Vielle.
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Zeiss Ikon ZM c-biogon FP4+
Modifié en dernier par tilu le mardi 08 octobre 2024 19:25, modifié 5 fois.
Chic ! Chic ! Chic ! Un nouveau reportage de Tilu !
Les quatre sont déjà superbes, plein de détails partout y compris dans les ombres (pas facile vu la lumière qui semble assez intense).
La 2 est d'une mélancolie...
Merci pour vos commentaires positifs. La suite donc
Episode 2: côté ville.
A Sein les maisons sont solidaires. Basses comme la lande qui les porte, elles se serrent les coudes pour décourager les rafales dans le dédales de leurs ruelles qui, en zig et en zag, ramènent comme dans tout port qui se respecte sur les quais. Là où tout commence et tout finit.
Merci Tilu pour ce reportage. J'ai abordé Sein pendant une croisière (en 2005) et je m'étais promis d'y revenir un jour, pendant une période où il n'aurait pas fait beau, pour voir "du spectacle". Et puis les années ont passé, on a cessé de naviguer. Mais je reste nostalgique de cette île.
J'ai aussi le souvenir d'avoir passé le raz de Sein une autre année, par petite brise mais avec un coeff de 103 ou 104, et comme mes amers me disaient que je culais j'avais repassé la barre au patron ... qui en désespoir de cause avait mis le moteur !
Puis ce qui est pratique c'est qu'en visitant l'île de Sein, tu visites la moitié de la France. (en 1940, De Gaulle accueillait une fournée d'évadés venus rallier sa France libre. Chacun y allait de sa présentation sommaire : nom, prénom, provenance. Comme la moitié des hommes venaient de l'île il avait conclu "l'île de sein c'est donc la moitié de la France")
Je n'ai jamais eu le bonheur de naviguer dans ces eaux, je me suis contenté des îles du Ponant ou des rivages de la Manche et de la Merdu Nord.
En effet, Sein est un haut lieu de la résistance à l'envahisseur Nazi... j'y viendrai après
Place à
Episode 3: les quais et les cales.
Tourné vers l'Ouest se trouve le quai des paimpolais. Passants et maisonnettes se pressent pour occuper le premier rang et admirer la petite rade qui accueille les navires en escale et les baigneurs qui osent braver son eau aussi limpide que mordante. Cariole des îles bretonnes en main, on y vient y quérir l'avitaillement.
L'Hiver il faudra affronter les embruns et les paquets de mer, pour l'heure le soleil fait scintiller les façades et les coques.
Dans son Sud, une fois passé le club de kayak, le loisir fait place au travail. les casiers et les apparaux de pêches s'empilent : Sein n'est pas une carte postale, c'est un mode de marins-pécheurs.
Plus au Nord, une seconde cale accueille les annexes des voiliers qui mouillent dans l'anse Nord.
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A suivre...
Modifié en dernier par tilu le samedi 05 octobre 2024 23:06, modifié 1 fois.
J'aime beaucoup. Ca sent sa promenade solitaire de voyeur bienveillant.
C'est une façon de photographier que je m'approprie aussi. Je m'y retrouve donc parfaitement.
laurent.c en effet c'était une journée bretonne ensoleillée . Il faut reconnaitre que d'avoir un appareil à l'exposition performante (que je contrôle au F16) et une optique qui gère le contraste et le micro contraste de façon superlative, cela aide à avoir de beaux NB. Et puis je maitrise bien mon processus de développement maintenant. Je me tiens au même film et au même révélateur.
Dragon: tu as bien cerner ma façon de faire. Il faut dire que chez moi qui ne suis pas observateur, la photographie est d'abord un prétexte pour regarder et aller chercher ce qu'il y a à voir et qui m'échapperait sans appareil.
De fait il s'agit de quelques ilots reliés entre eux par des poulets de sable et de galets jetés ici par les courant et protégés parfois par des digues bien dérisoires. Aussi c'est une ile battues par les vents et les embruns sur laquelle les quelques minuscules champs sont protégés par des murets de pierres. La seule élévation est le grand phare de près de 53m qui porte à 29 miles nautiques et signale la chaussée de Sein.
Le phare actuel accueille aussi la centrale électrique de l'ile et il remplace le phare précédent détruit par les nazis en 1944.
Tilu, tu as réussi à rendre parfaitement l'esprit de cette île, comme je l'ai ressenti lorsque j'y suis allé, et qui m'avait fortement marqué. Merci et un très grand bravo
"La France entière saura qu'il y avait sur l'océan une bonne et courageuse île bretonne dont l'exemple magnifique deviendra légendaire et les enfants apprendront dans leurs livres d'histoire l'action héroïque d'une bonne et courageuse île française" Charles de Gaulle.
Au total, 128 Sénans quittent l'Ile pour la Grande-Bretagne sur plusieurs navires afin d'échapper à l'occupation allemande et rejoignent les Forces françaises libres: le plus âgé a alors 54 ans et le plus jeune 14.
L'ile de Sein est faite croix de la Libération en 1946.
Une croix de Lorraine fait face à la mer et rappelle l'engagement exemplaire de la quasi totalité des hommes de Sein en âge de combattre dans la résistance. Elle fait écho au grand phare de Sein reconstruit sur les ruines des destructions nazies
. Il faut reconnaitre que d'avoir un appareil à l'exposition performante (que je contrôle au F16) et une optique qui gère le contraste et le micro contraste de façon superlative, cela aide à avoir de beaux NB. Et puis je maitrise bien mon processus de développement maintenant. Je me tiens au même film et au même révélateur.
