SOS lutherie autoharpe

[Rémy_91]

Bonsoir à tous !

Je fais appel aux bricoleurs avant de tenter un sauvetage.
Il s'agit d'une autoharpe dont le chevalet s'est arraché



De construction manifestement douteuse : le chevalet en alu tient avec 3 vis au fond d'une rainure dans le cadre.
Celui-ci a été déjà bidouillé, une quatrième vis ajoutée de biais.

Vue du chevalet en position arraché/soulevé, avant démontage :



Le gros dégât : la table sur laquelle le chevalet de traviolle à pris appui est sérieusement déformée :



Avant de tenter quelque chose, je fais appel pour répondre à une question : La table est elle normalement collée au cadre ?
J'aurais tendance à dire oui car je peux glisser une feuille de papier dessous vers le centre, mais pas vers les bords.
Si ça se confirme, je tente un truc :
- Le contreplaqué étant en millefeuille, j'écarte ce que je peux des feuilles avec une lame fine pour y glisser de la résine (Araldite lente). Une fois tout ça bien imprégné, je met sous presse 2 ou 3 jours. Le vernis va surement craquer au bord, pas méchant, c'est couvert.
- Ensuite pour remettre le chevalet, déjà, je peux multiplier les vis. Normalement il doit prendre appui sur la tranche de la table.
- Le bord n'étant plus, ni rectiligne, ni perpendiculaire au cadre, je peux coffrer, recharger à la résine, puis dresser à la défonceuse.
- Ou carrément, sceller le chevalet ?

Voilà ! Encore une bidouille

Dites moi si c'est farfelu ?

[patrickJJ]

Il y a au moins un luthier sur le forum: gigibertcha : Jean-Jacques Chabert (voire plus)
on va attendre sagement leurs réponses...
Pjj

[Oriu]

Le contreplaqué semble de mauvaise qualité , les couches sont décollées.
Je ne connais pas l'instrument mais je trouve anormal que le cp soit sous contrainte, j'imagine qu'il y a un châssis ou cadre en dessous pour encaisser la tension des cordes. Si ce comprend le truc c'est le tasseau sur lequel la cornière est fixée qui bascule et met le cp en contrainte.
Il faut que le tasseau soit solidaire du châssis pour ne pas basculer.

[Rémy_91]

Salut Hervé !

Ce que tu dis tasseau, c'est le châssis en bois massif. Ca n'a pas bougé. C'est le bord du CP qui s'est écrasé sous la charge.
Un petit croquis :


Je suppose que d'origine, le chevalet prend appui au point rouge et talonne au fond au point vert.
Vu qu'il peut y avoir 3/400 kg de tirage, c'est pas 3 vis de 3 qui peuvent tenir la force, c'est plutôt un maintien du montage.

En dessinant le truc, ça parait évident que la table est forcément collée.
Et l'appui au point rouge doit être important, c'est lui qui peut transmettre les vibrations à l'ensemble de la boite.

[lignesbois]

Je n'y connais rien en lutherie, mais je commence un peu à toucher ma bille niveau travail du bois (plus de 20 ans de métier maintenant)

- Je trouverais curieux que la structure supposée soutenir le CP et le maintenir à sa forme prévue laisse un jour en plain milieu... De plus, je serais surpris que la surface d'appui du profilé alu du chevalet reprenne la courbure de cette bosse du CP. Il est plus vraisemblablement rectiligne.
Bref, le CP a du être décollé par la contrainte... A moins bien sûr qu'il n'ait jamais été collé !
La méthodologie que tu prévoies pour recoller est bonne, à deux détails près : l'Araldite, c'est une marque. Je suppose que ce que tu envisage d'employer et que l'on nomme couramment ainsi, c'est une colle époxy bi composant. Elles sont fréquemment très visqueuses (surtout celles formulées pour une vente en petite seringue), ce qui ne simplifie pas la pénétration dans les interstices minces concernés par ce type de réparation. Essaie de trouver une époxy formulée liquide, plus facile à faire pénétrer. Il existe des diluants pour les fluidifier davantage et faciliter encore leur pénétration, tout en allongeant le temps de prise. Pas facile à trouver (produits pro) et généralement vendus en conditionnement assez volumineux.

- pour la fixation du chevalet, si l'épaisseur de matériau en fond de caisse le permet, je serais partisan (sous réserve des conséquences possibles sur la sonorité) de repercer l'emplacement des trous de vis pour insérer 3 ou 4 écrous à visser (pour vis M4 ou M5). Perçage bien perpendiculaire au bon diamètre, vissage des écrous enduits d'un peu d'époxy pour renforcer leur tenue, et tu disposes de points de fixation plus résistants en conservant la caractère démontable du chevalet.

[Renaud LÄMMLI]

J'ai quelques notions de lutherie... mais pas avec ce type d'instruments ! Quelques remarques : si la table doit être collée au tasseau (ce qui me semble probable à cet endroit) on doit pouvoir observer des résidus de colle, ou des fibres de bois arrachées, éventuellement en glissant un miroir dans la fente.
Concernant l'Araldite (tm) : on peut facilement la rendre quasi-liquide en la chauffant au sèche-cheveux quelques secondes. Maintenant si c'est pour réaliser une infiltration sur une fissure il conviendrait peut-être d'utiliser une colle cyanoacrylate fluide, mais le serrage doit être très rapide. Les éventuels débordements se nettoient à l'acétone, il faut voir si le vernis résiste...
Pour la fixation du chevalet je rejoins mon éminent confrère, mais la fixation sera visible sur l'arrière.

Fin de mon intervention à deux balles, sous réserve de ce que je comprends...

[Rémy_91]

Bonjour à tous !
Merci pour vos idées !
Je pense faire un compromis de tout ça :

Préparation des calages sous presse. Le dos sur un contreplaqué. La zone déformée couverte de papier sulfurisé. Un rectangle de plexiglas sur la zone à comprimer. Un fer Upn sur chant pour comprimer. Une charge suffisante pour ramener à plat toute la face et bien essorer la colle. Attendre ...

Là, c'était l'embossage d'une photo sur une plaque d'égout


Pour l'encollage : Araldite en tubes distincts, c'est plus lent et plus fluide que la seringue. Beurrage, infiltration. Un coup de sèche cheveux pour aider.
Et mise sous charge sans trainer.
Je ne vais pas lui mettre 10 tonnes !

Ensuite viendra l'histoire du chevalet.

[lignesbois]

Pour la fixation du chevalet, je pensais à ce type d'écrous :

https://www.leroymerlin.fr/produits/qui ... ois-p.html

[Rémy_91]

Avé !
Oui, pourquoi pas, j'ai ça, mais pour des vis de 8 et 6, c'est gros. Ces inserts peuvent être mis par l'intérieur et travailler à l'arrachement.
J'ai pensé aussi à traverser, mettre deux boulons de 4 ou 5, grande rondelle inox dessous, et déplacer les 2 pieds caoutchouc pour les mettre à cet endroit et cacher l'écrou.
Idée aussi, moins invasive : sans sceller complètement le chevalet : une lichette de résine au niveau du point rouge pour l'appui et une autre lichette en bas pour combler le jeu au point vert. 3 ou 4 vis correctes pour maintenir. Anti-adhérent silicone sur l'alu pour que ça reste démontable...
...

[Rémy_91]

Suite et fin j'espère...
Dans l'ordre.
Infiltration, chauffage, puis pressage pendant 3 jours, force maintenue à 1 tonne :


Coffrage au scotch, coulée de résine pour combler le creux, chauffage au projecteur :


Dressage de l'excédent de résine dans la rainure :


Remontage du chevalet avec 5 vis longues, des cordes, tension progressive, l'appui creuse au centre, la table aussi...


Au passage, un truc pas bien normal qui me fait penser que ce n'est pas le bon jeu de cordes qui est monté dessus :


Du coup, je décide d'accorder un ton en dessous.
Pour le moment ça tient, le chevalet un peu courbé mais bien à plat.
Un ton dessous, il serait bon de transposer les noms des accords


Là on voit l'absence de connaissance du solfège...
Déplacer les boutons, pas de souci. La rangée du milieu, pas de souci : 7 accords de septième, il suffit de riper les boutons.
Mais les autres ? Les majeurs, il n'y en a pas 7, les mineurs non plus Il va falloir en renommer...

C'est là que je peux faire appel aux vrais musiciens !
Si quelqu'un pouvait m'aider à riper certains boutons et en renommer d'autres, ça m'éviterait de tâtonner comme un couillon

[Rémy_91]

Suite et fin à priori.
Par sécurité j'ai changé les vis de 3 par du 4 et presque traversantes (on aperçoit les pointes qui poussent un peu le vernis au dos).
L'accord tient, je laisse un ton en dessous. L'accordeur calé sur -1 pour transposer.
Sur les conseils d'une copine qui pratique sur cet instrument, je ne change pas l'affectation des touches, ça mettrait la zizanie dans le doigté habituel.

Fin de chantier

[Mathilde21]

Bonjour Rémy_91 !

Bravo pour ta patience et ta méthode dans cette réparation délicate d'instrument ! Ton idée de transposer d’un ton en dessous est une bonne solution temporaire pour préserver la structure, surtout si la table montre encore quelques faiblesses. Concernant le repositionnement des boutons et l’harmonisation des accords, si tu souhaites éviter des ajustements compliqués, tu pourrais envisager de configurer l’autoharpe avec un jeu d’accords restreint mais optimisé pour tes morceaux favoris, en particulier pour des tonalités plus utilisées.

Si tu veux conserver la simplicité tout en améliorant le rendu, certaines autoharpistes recommandent l’usage de doublons d’accords en rapprochant les boutons de manière à faciliter la transition pour les accords majeurs et mineurs les plus fréquents, tout en gardant la configuration originale des boutons. Cela peut préserver l’ergonomie pour le jeu tout en améliorant la facilité d’accordage.

Bon courage, et tiens-nous au courant des résultats !

[Rémy_91]

Salut !
Un an après
Ce n'est pas moi qui utilise l'instrument, mais une amie conteuse qui accompagne son chant avec.
Elle n'est pas dérangée par le ton en dessous, ça colle avec sa tessiture. L'instrument est toujours joué seul, pas de souci de décalage avec un autre. Pas de souci de lecture ou transposition de partition puisqu'il n'y en a pas.
Donc l'option est de rester comme ça !
L'accord tient toujours, il a été retouché deux fois en 1 an vers l'aigu, c'est tout

Tout ça reste du sauvetage

[Mathilde21]

Salut Rémy_91 !

Merci pour ton retour, et ravi de voir que cette réparation tient le coup après un an ! C’est super que l’instrument ait trouvé son équilibre pour accompagner la voix de ton amie sans avoir besoin de transposition compliquée. Si elle continue de jouer en solo, l’accord en dessous est effectivement une solution bien adaptée. C’est toujours agréable de voir qu’un sauvetage comme celui-ci peut donner une seconde vie à un instrument.

En tout cas, bravo pour ta ténacité et ta minutie dans cette réparation !

À bientôt, et bonne continuation dans tes bricolages de lutherie !