Pourquoi la photograhie ?

[hyperfocale]

Bonsoir,

Qu'est ce qui fait que la photographie, considérée à l'époque de son invention, comme un engouement passager, connaît encore un tel succès, quelle que soit la technologie utilisée.

L'on pourrait dire qu'elle est un pense-bête pour notre mémoire visuelle, palliant ainsi son imprécision et sa dérive...

Qu'elle est une sorte de conserve des moments heureux, dont elle se veut une trace visuelle (partielle et en 2D), notre mémoire venant compléter et encadrer cette simple vue examinée, pour recréer tout son environnement d'alors...

On pourrait aussi dire qu'elle est une vaine tentative d'arrêter le temps, et une encore plus dérisoire de tenter de le remonter...

Il y a aussi l'aspect pictural, avec sa facilité, pour tout un chacun, de faire des images, sans devoir maîtriser la peinture ou le dessin... Elle a, de ce fait, ses excès, comme ces touristes qui mitraillent tout, lors de leurs déplacements, et ne voient vraiment les sites visités, que lors de leur retour chez eux, au moyen de leur projecteur.

Cordialement.

[Achimogata]

Il me semble que ça apparait parfois comme une façon "d'imposer" sa vision des choses, c'est presque toujours une forme d'expression.

[charan]

beh euh c'est simple, t'appuie sur le bouton, et grace à kodak tu fais l'artiste.

sinon, c'est chi¤¤¤, faut apprendre à tenir un crayon, une guitare, un truc...

[hyperfocale]

Il me semble que ça apparait parfois comme une façon "d'imposer" sa vision des choses, c'est presque toujours une forme d'expression.

Bonsoir,

Il y a effectivement peut-être de cela.

Ce qui nous semble sûr, mais vous tous pourrez apporter votre avis, c'est que l'on ne fait pas de la photographie uniquement pour son côté application utilitaire (comme c'est le cas en photographie judiciaire, en imagerie scientifique, etc.), ni seulement pour son volet "expression artistique", mais aussi pour d'autres raisons (psychologiques, pour employer un grand mot).

Cordialement.

[Miaw]

Je pense, un point : laisser une trace.

Et ce surtout avec la photographie argentique, où il y a un objet, une pellicule comme marquée au fer rouge par la lumière, le papier idem, et ce irrémédiablement.
La photoraphie deviendrait alors une sorte de monument personel à la mémoire de chacun...
Que les générations suivantes viendraient regarder ?

ça se tient ?

[LYNX]

Le fait de "mitrailler" sans même voir les sites visités est peut-être encore plus vrai avec les APN (on ne compte plus) mais vraiment manifeste avec les camescopes: lors d'un voyage avec le chemin de fer du Vivarais , un membre de ma famille a fait tout le déplacement aller retour l'oeil "soudé" à son viseur: un regard très particulier du magnifique paysage qui défilait.
A Aix, j'attendais d'être un peu seul pour faire une photo de la célèbre place d'Albertas, récemment ravalée (en partie) . Des touristes se sont relayés pour se "fixer" , à tour de rôle, sur le "capteur" , le site n'ayant en fin de compte aucune importance ( en regardant l'écran, ce qui importait c'est d'avoir la "bobine" réussie)

[zacharie]

Pour moi l'appareil photo est un peu comme le fusil de ces chasseurs pour qui c'est juste, gibier ou pas, un prétexte pour sortir avec le chien et se retrouver seul dans la nature.

Pas pour autant que je me sente "chasseur d'images"... à la limite la pellicule n'est pas indispensable, juste l'objet, métallique, suffisamment lourd mais pas trop, aux angles obligatoirement arrondis, qu'on caresse doucement dans la poche ou qu'on cale sous le bras, et onctueux au déclenchement. Un compagnon de solitude, de la solitude recherchée et acceptée, pas la solitude subie.

L'image en elle-même c'est du pipeau... Ça ne sert à rien, à de rares exceptions près, incapable de transmettre une émotion autre que de complaisance ou de désir, à qui ne l'a pas prise.

Ce que disait Erick Satie du piano, s'applique complètement à la photo : "le piano, c'est comme les chèques : ça ne fait plaisir qu'à ceux qui les touchent."

[Achimogata]

Justement Zacharie, qu'est-ce qui fait le plaisir d'utiliser l'objet appareil ?

Sinon, c'est souvent vrai que la photo résultante est un miroir dont le photographe maîtrise plus ou moins le reflet de lui-même. [Edit. on dirait une phrase des inconnus non ? ]

Pour le photographe, même s'il ne montre pas ses photos, c'est un bloc-notes.

[zacharie]

Justement Zacharie, qu'est-ce qui fait le plaisir d'utiliser l'objet appareil ?

Pour moi c'est assez proche de ce que je ressens à massacrer Bach sur mon vieux Pleyel 1903... Et puis aussi la découverte des négas encore mouillés dans la salle de bains, la ruine souvent de certains espoirs, et l'espoir fou parfois que sur les 24 ou 36, il y en aura une ou deux sur lesquelles il se passera quelque chose...

Je pense que nous nous considérons tous, plus ou moins, un peu artistes, sur ce forum... Mais au final, sommes-nous très différents des passionnés de maquettes, de crochet, d'émaux ou d'aquarelle ? Des bloggeurs ? Des joueurs d'accordéon diatonique ? Des constructeurs de tours Eiffel en alumettes ? Et quelle importance d'ailleurs ?

Si l'on ressent de temps en temps, un petit frisson, parce que le petit oiseau s'est échappé, l'espace d'1/125e entre f 8 et f 11

[tarabucetta]

sinon, c'est chi¤¤¤, faut apprendre à tenir un crayon, une guitare, un truc...

Copieur

[HRISTO]

Parce que la psychiatrie ne peut rien pour moi. Parce qu'elle me rend ma liberté. Parce que c'est une autre façon d'écrire. Parce que je ne peux vivre sans elle...

[tarabucetta]

Oui Hristo a raison, sans elle on ne peut pas voler ! (désolé)

Chacun a ses motivations, mais doit-on les justifier ? On a tous besoin d'une passion dans la vie comme éxutoire, à défaut de vivre de sa passion. Bref Zacharie a aboslument raison !!!
Aujourd'hui, je ne cherche plus à exprimer quoique ce soit d'artistique dans la photo, ce serait trop ambitieux, et trop source de grandes désillusions. Je prends toujours autant de plaisir à déclencher, à manier les appareils, à développer, à discuter photo, à vous lire, à regarder vos travaux. Bref comme Zacharie, la photographie pour me ballader un appareil autour du cou, m'isoler un peu dans une solitude positive et nécessaire, et ainsi observer le monde avec un autre regard, le redécouvrir, s'émerveiller de petits riens devenus banals.

[Beuts]

Il me semble que ça apparait parfois comme une façon "d'imposer" sa vision des choses, c'est presque toujours une forme d'expression.

Je suis d'accord, je vois ça de cette façon: on fige des moments que l'on aime vivre, des scènes que l'on aime voir et sous un angle qui reflètera au mieux nos pensées. Mais il n'y a pas de traduction universelle. Une même photo peut être interprétée de différentes façons suivant l'humeur et la personnalité des gens qui vont la regarder.
Et puis ça serait vrai si nous vivions avec nos tirages accrochés en permanence sur nos vêtement, mais au final nos tirages passent plus de temps dans des armoires qu'à la vue de la foule.
Il ne faut pas non plus voir à tout prix une trace autobiographique dans nos travaux. Il est vrai que l'on peut témoigner de certains sujets qui nous tiennent à coeur avec une vision personnelle et mettre un certain aspect en avant mais ce n'est pas une démarche nombriliste c'est simplement subjectif...
Après tout la photo est un mode d'expression: pourquoi aimons nous discuter ?!
Sauf qu'en photo personne ne peut avoir raison et pourtant toutes les images sont vraies !

[Achimogata]

Pour Tara : je ne pense pas qu'il y ait d'autre façon nettement plus "efficace" de faire de la photo "de tout venant" (par opposition aux compositions en studio par exemple). Ce n'est pas la volonté qui fait le résultat, c'est plutôt le regard sur ce qui se présente. Si c'est un art, c'est un art humble.
Je ne m'exprime pas pour ce qui concerne les créations par assemblages, collages, et autres manipulations qui rapprochent la photo d'un art plastique.

[tarabucetta]

Bonne analyse Achimogata, en fait ce que je disais c'est plus une manière de me consoler. Dans le sens, où je me ballade avec un appareil, je me fais plaisir en déclenchant, mais je suis systématiquement déçu par le résultat par rapport à ce que j'imaginais. Peut-être parce que je suis passé à côté de l'essentiel à la prise de vue, peut-être parce que j'en espére bien trop, ou simplement parce que mon "regard" n'est pas assez affuté, mais surtout je n'arrive pas à transmettre des sensations comme certains ici arrivent si bien à faire (et je ne citerais personne par peur de ne pas être exhaustif).

Edit (vous dites quand je dois arrêter l'auto-psychanalyse sur le forum ) : mais attention ce n'est pas un mal, je suis peut-être trop froid, trop distant, pour arriver à capter l'émotion d'un sujet. Et ce n'est pas grâve, être photographe d'architecture, trés classique, type magazines ou livres compilation (genre taschen), me parait être tout aussi noble, même si ce n'est plus de l'art (amha).

[Link]

... Dans le sens, où je me ballade avec un appareil, je me fais plaisir en déclenchant, mais je suis systématiquement déçu par le résultat par rapport à ce que j'imaginais. Peut-être parce que je suis passé à côté de l'essentiel à la prise de vue, peut-être parce que j'en espère bien trop, ou simplement parce que mon "regard" n'est pas assez affuté, mais surtout je n'arrive pas à transmettre des sensations comme certains ici arrivent si bien à faire ...

Super, je ne suis donc pas le seul...

A+

[Mathieu M]

Pour moi la photographie c'est me dire qu'il y a des milliards d'angles de vue possibles pour un même sujet.

C'est partir en quête de celui qu'on cherchera à rendre intéressant, à défaut de trouver le meilleur.

C'est dans cette optique que j'ai entamé hier un travail personnel autour de la Défense. J'ai décidé d'une méthode précise de travail; à chaque sortie un rouleau, un boitier et une optique. J'ai commencé avec un Brownie Flash. Suivront le Lubital 2, le Rolleicord et le Pentacon Six, d'abord avec l'Arsat 80 mm, le Vega 120 mm et le Zeiss Jena Sonnar 180. Ensuite je prendrai un Agfa Optima II (jamais encore essayé!), le Zorki-4-qui-marche-mal et ses deux Jupiter 8, le Zenit EM avec le Pentacon 30 mm, l'Helios 44 et le Pentacon 200 mm. enfin le Bessa et le Canon 50 mm.

Je pourrai alors faire un premier bilan.

Autres aspect de la méthode, le fait de partir du centre pour aller vers la périphérie du lieu en cherchant à passer partout où l'on peut - rapport à la recherche des angles de vue.

Sinon travail à la HP5, voire la FP4 et la Delta 3200 selon les conditions, en gardant le même traitement lors du développement.

C'est pour l'instant la seule réponse que j'ai à donner à "Pourquoi la photographie"

[ARD]

pour moi, la photo "artistique", c'est dire "je suis unique"
ce que je vois, je suis le seul à le voir, et ce que je capture, c'est un instant que personne ne reverra sauf si on lui montre la photo
(même si la plupart du temps le résultat est tellement infâme que de toute façon personne n'a envie de le voir )

alors que la photo de touriste, c'est "je suis comme les autres", moi aussi j'ai vu la tour eiffel, la preuve, j'ai la photo avec ma bobine devant.

[tarabucetta]

(même si la plupart du temps le résultat est tellement infâme que de toute façon personne n'a envie de le voir )

Euh c'est pas pour toi que tu parles, parce que généralement tu nous scotches avec tes photos !!

[ARD]

tu sais tara, je poste pas beaucoup, il y a beaucoup de déchet
(mais ça fait plaisir )