sont paranos les parisiens ?

[claude_e]

Je me balladais tranquillement dans le 11ème cet après midi, un 21mm sur mon bessa quand j'ai été apostropohé par un quidam qui a commencé a râler parce que j'avais visé la rue alors que ce monsieur était 100m plus haut, dans le même passage un petit vieux n'a cessé de se retourner de peur sans doute que je le prenne de dos. Ils psychotent tous à Paris ou je sus tombé sur deux spécimens ???

[xXx]

http://youtube.com/watch?v=utYyB96u0uw

[xXx]

http://youtube.com/watch?v=2oAPW936zag&feature=related

[ARD]

faut dire que les péquins capables de reconnaitre un 21mm sur un bessa, et le tout à 100m, ils sont pas foule.
de là à comprendre qu'à 100m, un 21 il voit que des fourmis, c'est plus fort que la physique quantique !!

mais il faut reconnaitre que les gens sont méfiants voire agressifs devant un objectif, sauf si le boitier est étrange, du style TLR ou folding

[Effiix]

Ca n'arrive pas qu'à Paris ni même qu'en France. Moi il m'est arrivé la même chose ici à Stuttgart dans le S-Bahn par exemple. Mais c'est beaucoup moins courant depuis que j'utilise mon Rolleiflex, finalement beaucoup plus discret (c'est bête car 75mm c'est un peu long je trouve). Je pense d'ailleurs que je vais me faire imprimer un T-Shirt avec écrit "je ne suis pas un Paparazzo, je suis un artiste-photographe".

Enfin en passant, je trouve ça déplorable : les gens adorent les photos de rue de HCB ou encore Doisneau (juste des exemples) et aujourd'hui on en est presque réduit à prendre soit les gens au télé, soit prendre en photo les SDF (les seuls qui râleront jamais quant on les prendra en photo). Et moi ni l'un ni l'autre ne me plaisent. Faut arrêter la parano.

[claude_e]

Surtout qu'en plus je m'interessais à la rue pas aux passants.... pas grave

[HRISTO]

Je suis toujours accompagné de mon boîtier télémétrique en bandoullière et ça m'est rarement arrivé. Quand ça m'arrive, mon visage change d'expression et je prends mon regard Lee Van Cleef qui signifie qu'il ne va pas tarder à y avoir un duel !

http://fr.youtube.com/watch?v=VFI3l1LyYjM

[claude_e]

Oh je n'ai pas peur 1m80 100kg avec le chapeau l'effete est à peu près 1m90 et près à tout donc... je m'étonnais juste de cette parano

[Jackf]

Enfin en passant, je trouve ça déplorable : les gens adorent les photos de rue de HCB ou encore Doisneau (juste des exemples).

Oui, enfin Doisneau avait résolu le problème en utilisant des comédiens.

ça devient clairement très dur actuellement, (enfin il faut sentir l'ambiance) j'ai lu il n'y a pas très longtemps une interview de William Klein, ou il expliquait qu'il ne pourrait plus du tout refaire les photos de New York et disait qu'a l'époque les
gens étaient vraiment heureux d'être pris en photo.

Mais il a des tactiques qui fonctionnent bien :
Le mInox, le pré réglage de l'appareil, l'utilisation d'une visée de poitrine, photographier sans viser, utiliser un appareil bien en vue et sur pied avec lequel on paradoxalement beaucoup plus libre. etc...

Ceci dit, ne nous voilons pas la face avec de bons sentiments, car comme le souligne très justement
Susan Sontag dans son brillant essai "la photographie" :
Photographier n'est pas quelque chose d'anodin, c'est très souvent un acte de prédation qu'il faut savoir assumer.

[Oz]

Et encore, tu n'est pas allez dans les cités.
Moi j'ai résolu le problème à Bordeaux. Je me colle une feuille A4 avec du scotch,
" Etudiant en Photographie, usage privé, prévenez moi si cela vous gêne. "
M'en fout que ce soit un mensonge d'ailleurs. A Bordeaux, c'est vraiment plus facile de photographier les gens. Ya quand même une plus forte ambiance bourge par contre.
A Paris, c'est un ressenti maintenant. Tu sens la virulence du quartier, des gens, au bout d'un moment. Puis j'hésite plus frapper le mec qui me bouscule -_-.

Non mais au bout d'un moment, faut arrêtez, les mecs qui font du happy slapping dans le rer, personne va se bouger le cul pour tabasser les abruties, par contre pour le monsieur qui va faire des photos tranquillement des gens, en plus en se faisant discret à des réprimandes?!

[charan]

je touche du bois, mais ça fait un bout de temps que j'ai pas eu d'embrouille, à Paris ou ailleurs...
mais c'est vrai qu'il y a un petit chouïa de tension en plus dans la capitale par rapport aux autres grandes villes.

[Georgesh]

Susan Sontag a dit, dans son brillant essai "la photographie" :
Photographier n'est pas quelque chose d'anodin, c'est très souvent un acte de prédation qu'il faut savoir assumer.

Prendre des personnages à leur insu, ou sans leur consentement, c'est entrer dans leur intimité supposée, même si elle est publique...

[Effiix]

Prendre des personnages à leur insu, ou sans leur consentement, c'est entrer dans leur intimité supposée, même si elle est publique...

Je suis d'accord, mais en même temps même regarder des gens dans la rue, c'est aussi entrer dans leur intimité. Et pourtant ça ne veut pas dire qu'il faut qu'on se balade dans la rue en regardant ses pieds.
La problématique principale en photo vient de la diffusion, et c'est là que le photographe doit savoir (selon moi) faire preuve de bon sens pour éviter de tomber dans le papparzisme. Et quand je vois le travail de mecs comme Trent Park ou Matt Stuart, je me dits qu'on peut faire de la photo de rue sans forcément jouer de l'intimité des gens.

[Oz]

Susan Sontag a dit, dans son brillant essai "la photographie" :
Photographier n'est pas quelque chose d'anodin, c'est très souvent un acte de prédation qu'il faut savoir assumer.

Prendre des personnages à leur insu, ou sans leur consentement, c'est entrer dans leur intimité supposée, même si elle est publique...

Ou se situe, ce fameux " voyeurisme " que je voit quelques fois en commentaire d'une photo? Il y aurais un effet voyeurisme que quelqu'un pourrait me définir? Le voyeurisme ne se situe pas tout simplement par ce que le photographe veut ? Sensationnalisme, reportage ?
Et même en ayant eu un consentement formel, d'un sourire, si la photo est une photo qui selon le modèle considère pourri, qui ternie son image ? Je n'aime pas les modèles opportuniste, la vie opportuniste. Prendre un clochard est du voyeurisme selon l'angle?
Je suis un voyeur, je le ressens depuis mes débuts dans la photographie, je recherche désespérément des moments que personne ne veut montrer.
Ou des gens que personnes ne veut voir.

[Jackf]

Photographier avec consentement, ne modifie pas forcément l'acte de prédation du photographe.

Photographier est forcément une activité de voyeur, il faut simplement avoir l'honêteté de se l'avouer.

Susan Sontag est particulièrement passionnante dans les passage ou elle aborde et confronte les multiples théories concernant la photographie posée, prise sur le vif, volée et ce qui serait supposé être le plus naturel, le plus éthique moralement etc... et décortique à merveille les justifications souvent antagonistes de différents photographes connus.

Au sujet des portraits de Diane Airbus elle démontre (entre autres) que la pose permet d'obtenir
une gaucherie et un malaise particulièrement présent et étrange
qui ne pourrait être obtenu par une photo prise sur le vif.

[ARD]

les photos non consenties sont ce que je préfère.
sans doute parce que je ne sais pas bien faire de portrait posé, mais aussi parce que j'aime saisir les instants, les attitudes où les gens s'oublient.

reste ensuite à savoir jusqu'où on peut aller dans l'intimité des gens, jusqu'à quel point on peut déshabiller leur âme, et surtout à quel niveau se situe le curseur du rejet de leur propre image.

j'ai en général beaucoup de chance dans les instants du déclenchement, et j'ai rarement de portrait disgracieux (à mes yeux).
malgré tout, je ne montre quasiment jamais de portrait où la personnes n'est pas mise en valeur.
Les doubles mentons ravageurs, les positions corporelles avachies sont bannies de publication.
mais si je prends cette photo

rien de dégradant, la photo est "volée", mais dans un endroit où je prends des photos depuis plus d'un an, où je "connais" chaque habitué.
mais quel sera la réaction du monsieur quand je lui donnerai la photo, je ne sais pas.
pour vous, c'est anodin, mais pour lui, ça lui renverra l'image de son opération de la mâchoire, qui l'oblige à boire sa menthe à l'eau à la paille.

[Georgesh]

On est tous des voyeurs, c' est sûr, même sans appareil, je regarde les gens dans la rue, quelquefois par envie, par jalousie, parce que c' est des filles... ou parceque ils ont un kook qui attire mon attention;
Tout le monde se débrouille pour être remarqué, pour qu' on se retourne sur lui ( elle ), non?

Donc, voyeur, pourquoi pas. En tout cas, je regarde...
Maintenant, est ce qu' on est toujours dans un rapport de séduction?
Il y a des moments où on fuit la foule et où on aimerait disparaître...
Ce sont ces jours-là que les photographes sont des gêneurs.

[Colqhoun]

malgré tout, je ne montre quasiment jamais de portrait où la personnes n'est pas mise en valeur.
Les doubles mentons ravageurs, les positions corporelles avachies sont bannies de publication.

Va dire ça à Bruce Gilden.

Bon après, tout dépend de notre éthique personnelle, de ce que l'on est prêt à photographier et à montrer (personnellement je m'interdis toute photo de sdf, de junkie.. c'est de la facilité, c'est vulgaire.. ou alors on prend le temps de faire un sujet sur ça, d'entrer en contacts avec ces personnes, de partager leur temps, etc...), mais la photo de "rue" (au sens large du terme) permet de montrer l'humain dans toute sa "splendeur". Parce qu'il se montre en public, il accepte implicitement que "l'autre" le voit tel qu'il est. Et me donne donc la possibilité de le prendre en photo.

Sinon, un truc rigolo, c'est que plus l'appareil est gros et inhabituel, plus les gens semblent curieux avant d'être méfiants. Par contre, si vous vous promenez avec un compact, là c'est la mort...

[karibouh]

ça me fait penser au vieux qui m'a fait chier hier parce que je prenais des photos de l'office à Notre-Dame hier après-midi.

[Effiix]

ça me fait penser au vieux qui m'a fait chier hier parce que je prenais des photos de l'office à Notre-Dame hier après-midi.

C'est pas du tout la même chose pour moi : même si un lieu religieux est publique, c'est aussi un lieu de vie privée et d'intimité, et prendre des gens en photo dans ce cadre en dehors du reportage photo et sans leur autorisation, c'est clairement du voyeurisme selon moi.

malgré tout, je ne montre quasiment jamais de portrait où la personnes n'est pas mise en valeur.
Les doubles mentons ravageurs, les positions corporelles avachies sont bannies de publication.

Va dire ça à Bruce Gilden.

C'est ce qui fait qu'il est très fort. Mais en même temps il est pas du tout dans une démarche de photo volée (difficile de ne pas remarquer un photographe à 1m de soit avec le coup de flash).

Bon après, tout dépend de notre éthique personnelle, de ce que l'on est prêt à photographier et à montrer (personnellement je m'interdis toute photo de sdf, de junkie.. c'est de la facilité, c'est vulgaire.. ou alors on prend le temps de faire un sujet sur ça, d'entrer en contacts avec ces personnes, de partager leur temps, etc...), mais la photo de "rue" (au sens large du terme) permet de montrer l'humain dans toute sa "splendeur". Parce qu'il se montre en public, il accepte implicitement que "l'autre" le voit tel qu'il est. Et me donne donc la possibilité de le prendre en photo.

Tout à fait d'accord. Je déteste plus particulièrement les photos de viellards/sdf (ou tout autre personne présentant une certaine faiblesse) prisent au télé de dos et mise en N&B histoire de faire faussement pseudo romantique.