Il fallait bien que je m'y colle. Je m'étais préparé psychologiquement. Attendre que les ondées se dispersent. Oser aller dans les endroits non ouverts au public, passer par les encadrements de fenêtre. Essayer de changer un peu des vues habituelles. Me planquer en attendant que les promeneurs passent. Me péter la gueule dans la caillasse. Et repartir en en ayant gros sur la patate.
Nikon S3, Nippon Kogaku Tokyo 3,5cm f/2.5, APX400, pare soleil inadapté , scan de tirages.
Peut-on photographier Oradour, comme Auschwitz et autres ? À chaque fois je me pose la question. En voyant ces photos je me dis que oui.
Les photos sont à la hauteur, je veux dire, dignes, du lieu.
J'imagine bien l'implication et l'état nerveux ensuite, pour m'être gamin évanoui dans l'église, et avoir bossé dans le cabinet de géomètres chargé d'établir un relevé topo de tout le village en plein hiver, les collègues en gardaient un souvenir épouvantable. Je n'ai jamais eu le courage d'y revenir depuis, bien que passé devant plein de fois.
Sujet casse-gueule, tu y as mis tes tripes avec honnêteté et simplicité et ça se voit. Le paresoleil inadapté, franchement on s'en fout, ou bien c'est mieux comme ça.
La première fois que j'y suis allé, je devais avoir 4 ans. Mais à cet âge, on comprends rien. J'avais trouvé ça super ! Plein de vieilles bagnoles, des maisons pour courir partout... Après on grandit, on réfléchit. Ici, ça fait parti du paysage, comme une certaine culture anti-fasciste. Mais ça m'empêche pas de m'y sentir pas très à l'aise. Là, dans les parties non ouvertes au public, J'ai découvert des détails qui m'ont plus frappés. Des portes de maisons ou de poulaillers intactes. Des véhicules que je n'avais jamais vu. Des entrées de cave. Et des matous en train de forniquer en hurlant pour me rappeler que la vie continue, malgré tout.
En tout cas, content que ça vous évoque quelque chose.
Finalement ton paresoleil inadapté avec le vignetage dans les coins qu'il procure apporte un plus: il nous enferme bien dans cette ambiance apocalyptique que tes clichés dégagent.
Très belle série, le choix du 24*36 et de ce rendu sombre, contrasté et granuleux est vraiment pertinent et met bien en valeur tes compositions qui sont au poil. Bravo !
Le rendu est parfait pour l'endroit. Même en utilisant des filtres, je n'arrive jamais à obtenir un tel rendu super contrasté et granuleux... J'ai encore du boulot!
Quant à l'endroit... Tout le monde a lu des témoignages dans son bouquin d'histoire. Pour y avoir été il y a quelques années, je peux dire que l'endroit fait partie de ceux dans lesquels le temps semble suspendu.
Et pour la petite histoire, le jour où j'y suis allé, se trouvait également là, madame Rouffanche, une des rares survivantes du massacre.