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Effectivement, on peut se méfier des définitions qu'on veut donner au terme "technique".
Ceux qui ont lu des articles de Chenz savent qu'il pousse très loin les connaissances quand il entre dans la technique. Et c'était justement à la fin d'un article assez minutieux qu'il exprimait cette idée, pour dire que toutes les explications précédentes permettaient d'analyser un résultat mais n'étaient pas utilisables sur le vif à l'improviste.
J'ai vu, dans ce forum, des gens qui calculaient la profondeur de champ au centimètre près à dix mètres de distance avec des formules algébriques étranges. Bien sûr c'est calculable théoriquement, et encore. Chenz l'a fait, si j'ai bonne mémoire, dans Zoom que je lisais à l'époque. Mais une telle précision de 1 pour 1000 relève plus de la maniaquerie que de la photo. Et mon "pifomètre" ira dans ce cas bien plus vite que leur calculette.
J'ai fait la démo à un ami en posant mon Mamiya sur la table et en en tournant la bague des diaphs en ouverture réelle. Il a compris tout de suite ce qu'était la profondeur de champ. Pourtant on ne pouvait pas dire qu'on avait versé beaucoup dans la technique ce jour-là.
Un autre jour, toujours dans ce forum, un personnage cherchait une mesure de la lumière au 1/3 de diaphragme près. Quand on pense qu'une vue moyenne, de rue ou de paysage, couvre bien 6 ou 8 diaphragmes. On se dit que ce niveau de technique ne fera pas une différence remarquable sur le résultat. Et que dire de l'effet du développement et/ou du tirage sur le rendu final ?
Alors où s'arrête la manipulation courante, et où commence la technique rigoureuse et incontournable ?
Il ne me semble pas souhaitable d'impressionner les débutants avec des explications rébarbatives, alors que le seul mode d'emploi de l'appareil peut déjà leur permettre de se faire plaisir. La technique éprouvée des différents experts de ce forum servira à leur expliquer leurs erreurs, mais l'inspiration et le goût pour l'image leur seront bien plus disponibles pour commencer. Il ne faut pas six mois de formation et cent pages à apprendre pour aborder la photo amateur. J'ai commencé, gamin, avec une "boîte" sans aucun réglage. Où était alors la technique ?
Nous avons tous (presque) assez de technique pour critiquer nos propres photos, et pourtant elle n'a pas (toujours) été suffisante pour les réussir.
Et ne parlons pas de l'art, qui s'apprend aussi souvent comme une technique, et qui est encore plus subjectif et bien rarement mathématique. Pourtant il fait souvent la différence.
C'est en ce sens que l'excès de technique ne fait pas le photographe, bien qu'un minimum de connaissances soit souhaitable.
Mais où se situe la limite ? Et méfions-nous des langages.
db8x11 a écrit :
Nous avons tous (presque) assez de technique pour critiquer nos propres photos, et pourtant elle n'a pas (toujours) été suffisante pour les réussir.
Et ne parlons pas de l'art, qui s'apprend aussi souvent comme une technique, et qui est encore plus subjectif et bien rarement mathématique. Pourtant il fait souvent la différence.
.db.
A écrire en rouge au dos de nos appareils, fussent-ils Minox ou Rollei35
Je rajouterais que cet excès de technique fait trop souvent de l'ombre à la part artistique qui devrait pourtant être prépondérante. Et c'est à mon sens, ce qu'il faut retenir des écrits de Chenz.
Georgesh a écrit :J'ai bien aimé la technique, je peux dire que j'en ai appris une dose honorable. J'ai cru longtemps qu'avec des appareils perfectionnés, on faisait de meilleures photos. J'ai cherché à utiliser toujours ce que la technologie produisait de meilleur ( Et non, je ne confonds pas technique et technologie).
Avec les systèmes de mesure les plus sophistiqués, les pondérées, les centrales, les spots, avec 75 capteurs et la moyenne de tout ça. J'ai couru après les paires de lignes par millimètres, en croyant que la définition était une religion. Et en me prosternant devant les nettetés maximales. En ça, j'ai accepté d'être victime de la course aux armements. D'ailleurs en digital (oui, c'est hors-sujet), ça continue, les full-frame font des envieux, dit-on, avec leur lot de pixels.
Et bien, mon projet, maintenant, c'est de déclencher à la chambre avec de vieilles optiques en laiton dont le nombre de paires de lignes/mm ne doit pas dépasser 35, de remettre en service de vieux tromblons improbables, de rechercher les flous. jusqu'à déclencher avec des boites sans optique, pour aller au bout d'une simplification maximale.
Quand certains bavent devant des apo-chromatiques, ma préfèrence va à un Verito diffused focus monté sur un Betax qui donne le 1/50ème.
Je ne dis pas que la technique ne sert à rien, ou qu'on peut s'en passer, je dis simplement qu'on peut faire des images sans utiliser les technologies les plus sophistiquées.
Bob Dylan aurait ajouté en refrain "But I was so much older then, I'm younger than that now".