J'avais jadis fait un topo sur ce sujet.
Pour n’importe quelle pellicule (négatif ou positif), c’est le bromure d’argent (AgBr) qui constitue l’agent photo-sensible. Le sujet photographié réfléchi la lumière proportionnellement à sa réflectance (lumination). Se forme, lors de l’exposition de la pellicule, une image latente proportionnelle aux dites luminations. Selon les niveaux de lumination du sujet, la couche d’AgBr est insolée (exposée à la lumière) plus ou moins en profondeur. On obtient ainsi une image négative ; c’est à dire que les hautes lumières (les blancs) du sujet photographié exposeront beaucoup plus en profondeur le film que les basses lumières (les noirs), et produiront donc des valeurs négatives (noir pour blanc et inversement).
Cette image latente est « révélée » par l’action du bain chimique de développement. Il faut ici rappeler le principe du développement pour bien comprendre ce qui s’en suit ; le révélateur à pour but de transformer en argent métal noir (Ag) les particules d’AgBr insolées. La transparence du film sera plus ou moins importante selon l’importance de la couche d’AgBr transformée en argent métal noir. Ainsi le sujet sera restitué, sur le négatif, en une gamme de valeur allant de la transparence totale (produit par les basses lumières) à la plus parfaite opacité (résultant des hautes lumières). La projection de ce négatif sur une feuille de papier photosensible (dont le principe constitutif est parfaitement identique à celui d’une pellicule), permet l’obtention d’un négatif du négatif, c’est à dire une image positive.
Voilà le principe qui est valable pour n’importe quelle type de pellicule, qu’il s’agisse d’un négatif classique ou d’un film inversible. Dès lors, comment obtenir sur une pellicule une image positive à partir d’une image qui ne peut être que négative ?
Si l’AgBr insolé est, par le processus du développement, transformé en argent métal noir, il subsiste dans les zones non exposées à la lumière de AgBr résiduel. Dans un traitement négatif classique, on élime cet AgBr (toujours sensible à la lumière, ne l’oublions pas) par l’action du fixateur. Dans le cas du traitement positif, cet AgBr résiduel va permettre de former l’image définitive.
En premier lieu, il convient d’éliminer l’argent métal que l’on a obtenu par l’action du premier révélateur. On va donc supprimer cette image négative dans un bain de blanchiment qui dissout complètement l’argent métallique sans agir sur l’AgBr résiduel. Ce bain est composé de Bichromate de Potassium et d’Acide Sulfurique.
A l’issue de cette opération ne subsiste sur la pellicule que l’AgBr résiduel, non éliminé par l’action du bain de blanchiment. Celui-ci demeure sensible à la lumière, comme tout les halogénures d’argent. On va donc exploiter cette caractéristique en exposant la pellicule sous une source lumineuse intense afin que la totalité de l’AgBr présent soit insolé. Il se forme ainsi une nouvelle image latente, inversement proportionnelle à l’image latente formée lors de l’exposition initiale. Cette opération s’appelle l’inversion lumineuse.
Cette nouvelle image latente doit être développée dans un deuxième révélateur. On obtient ainsi une image positive, formée à partir de l’AgBr non développé dans le premier révélateur et insolé lors de son exposition à la lumière. Les données du premier bain de révélateur (durée, agitation, type de rélélateur, etc…) sont essentielles car elles déterminent ce qui restera disponible pour le deuxième. C’est donc dans le premier bain de révélateur que s’acquièrent les caractéristiques sensitométriques de l’image finale.
Pour prendre une exemple simple, il faut imaginer la pellicule, vu en coupe, comme étant constituée d’un empilement de pions, tous blancs à l’origine. A l’issue de l’exposition et du premier révélateur, on est en présence de pions blancs et de pions noirs. Le bain de blanchiment détruit les pions noirs et préserve les blancs. L’inversion lumineuse insole les pions blancs. Le deuxième révélateur les transforme en pion noirs.
Ce traitement est assez long, nécessite des essais préalables pour caler la procédure (durées de développement, durée de l’inversion lumineuse,…), mais permet d’obtenir un positif maison. Les meilleurs résultats sont obtenus avec des pellicules de faible sensibilité (type Technical Pan de Kodak, Efke 25 ou PanF d’Ilford) ; les valeurs des blancs et des noirs étant alors optimisées.
Plus abordable pour qui n’est pas encore habitué aux traitements spéciaux, il existe des kits permettant de le traitement simplifié d’un négatif n&b en positif. Ci-après, la documentation du kit proposé par Kodak pour la T-Max 100 et la Technical Pan (et que l’on peut très bien employer pour tout autre film n&b). L’inversion lumineuse y est remplacée par un traitement chimique :
Kodak direct positive