
Le Diana + est un appareil moyen-format en plastique très léger et fragile, à manipuler et transporter avec d'immenses précautions. L'objectif de 75mm est la focale standard pour les films 120 : pas de déformation à ajouter aux nombreuses aberrations optico-chromatiques engendrées par le "caillou". L'objectif est pourvu d'un système de mise-au-point nécessairement primaire et peu fiable : sujet distant de 1 à 2m, de 2 à 4m ou de 4m à l'infini. Il est également escamotable, mais ce n'est que pour permettre l'usage du mode dit "sténopé" dont je parlerai plus tard.
Pas de visée type réflex, mais ceci n'est pas une surprise ! Juste un... trou carré qui permet de voir à travers le boîtier, situé en haut de l'objectif. Pour un cadrage sommaire, donc ! D'autant que ce "viseur" ne couvre nullement la totalité de l'angle de champ. Plus de précision requiert une compensation manuelle de la parallaxe : vous surélevez le boîtier de quelques centimètres au moment de la prise-de-vue.
Mécanique... L'obturateur déclenche à environ 1/60 de secondes (pose "N") mais en tournant un petit sélecteur en alu on accède à la pose B fort utile.
Côté diaphragmes, bizarrement on a un peu plus de choix ! Le sélecteur placé peu intelligemment sous l'objectif offre quatre possibilités : temps couvert (équivalent f/4,5), ensoleillé nuageux (f/8), beau soleil (f/11) et "P".
Ce P c'est le mode sténopé du Diana +. La pupille est réduite au diamètre d'une grosse épingle, trou équivalent à f/128. Voilà qui devient très intéressant ! On peut se passer de l'objectif, pour un angle de champ augmenté et des effets vraiment destroy, ou le conserver pour des images plus "propres". Dans tous les cas on pensera à se munir d'une cellule, d'un trépied et d'un chronomètre pour bien contrôler la pose (le hasard produit parfois des choses sympas, mais au prix où sont les films 120 !).
Avancement du film : totalement manuel. Une fenêtre située derrière le boîtier, "protégée" par un bout de plastique rouge transparent "inactinique" permet de lire les inscriptions au dos du film. Comme au bon vieux temps !
L'appareil est livré avec quelques cadres de différentes tailles à monter ou non dans le boîtier pour délimiter la taille des images. Sans cadre, on a du 6x6, donc 12 poses par films. Avec les cadres les vues sont réduites et on passe à 16 vues par rouleau.
Pas-de-vis standard (et renforcé !) sous l'appareil. Aucun dispositif pour déclencheur souple (il faut appuyer en continu sur le levier de déclenchement). Pas de griffe porte-flash sur ce modèle, mais il en existe un autre nommé Diana F+ qui en est doté (beaucoup plus cher). Pour l'utilisation avec un flash, on campe l'appareil sur le trépied, pose B, et on décharge un flash avec son autre main... Quelle aventure !
Images produites par le Diana + : en mode 6x6, le vignettage est quasi inévitable et c'est tant mieux parce qu'on aime ça ! Il s'accompagne d'un bon gros floutage des bords plus ou moins ample. L'aberration chromatique est énorme. Le piqué presque nul. Les images débordent sur le haut ou le bas du film. Le moindre rayon parasite produit des effets de flare assez psychédéliques. Au mieux les images obtenues sont poétiques, au pire elles sont inexploitables (environ la moitié des vues, en moyenne dans mon cas).
Pour les amateurs de couleur, l'inversible développé en C41 est tendance. Le traitement croisé se marie bien avec les particularités des images du Diana +. J'ai shooté à la Provia 400 avec des résultats intéressants, ce qui ne fut pas le cas avec de la Sensia.