Bon pour être tout à fait honnête, j'étais très content d'avoir mon propre appareil, mais je le trouvais terriblement vieillot. Le format 18x24 ne me choquait pas plus que ça, puisque l'appareil de ma mère était un Canon Demi. Non ce qui me gênait un peu plus c'était sa gueule d'ancien, quand on est jeune on aime bien les trucs en plastique noir qui clignottent de partout... Là, le métal omniprésent, le levier d'armement, les bagues chromées, bof bof.
A l'époque, vous m'auriez proposé de l'échanger contre un Olympus AZ 300, j'aurais été aux anges!

Le Pen FT est une version modernisée du Pen F, avec un posemètre intégré, un retardateur, un levier d'armement en un coup. Quand on connait la compacité du Pen F première version, on peut se demander comment les ingénieurs nippons ont réussi à y caser une cellule TTL. En fait, il semblerait que le bureau d'études (dirigé par M. Maitani, créateur du Pen originel, et des OM) ait pensé cette intégration dès la genèse du Pen F.
Le Pen FT est un reflex ultra-compact, grâce au format de film adopté. Le boîtier a la taille d'un télémétrique style Leica à vis, ses optiques ne sont guère plus grosses. Sa visée reflex utilise un jeu de miroirs et poroprisme, afin d'éviter le volumineux prisme de visée. Le miroir pivote verticalement, en se rabattant sur le dépoli situé sur le côté de la fenêtre d'exposition - et non au dessus comme sur un reflex 24x36 classique.
Le viseur contient une échelle de chiffres entre 0 et 7, appelés "TTL numbers" par Olympus. L'aiguille de la cellule indique un chiffre en fonction de l'exposition courante, de la vitesse et de la sensibilité sélectionnées. Ce chiffre est à reporter sur la bague d'ouverture de l'objectif: ce type de mesure est moins directe qu'un réglage +/- comme sur un Spotmatic ou un OM-1.
Le viseur est particulièrement sombre; je m'en suis encore rendu compte il y a peu de temps, lorsqu'autour d'une bière avec Népo et Charan, ces messieurs s'amusaient à s'auto-photographier avec leurs luxueux télémétriques, alors que moi-même avais du mal à distinguer la lueur de leurs clopes dans le viseur. Allez faire une mise au point sur microprisme dans ces conditions...
La faut incombe au poroprisme, qui laisse passer une certaine quantité de lumière à l'attention de la cellule placée derrière, le reste échouant mollement dans l'oeilleton du viseur par on ne sait quel miracle.
La particularité la plus intéressante de ce reflex est son obturateur. Rideaux en toile? Non.
Rideaux métalliques alors? Non plus.
... Central alors?? Eh non !
Rotatif, oui monsieur. Et en titane, s'il vous plaît. La petite taille de l'appareil a permis aux ingénieurs d'y caser un disque tronqué, à la façon d'une caméra de cinéma, mais à l'angle d'ouverture plus grand: presque 180 degrés. Les vitesses s'échelonnent de 1/500e (qui correspond à la vitesse de déplacement de l'obturateur, contrairement aux rideaux où la vitesse de déplacement correspond à la synchro flash) à 1 sec et pose B. Une fenêtre grande ouverte au 1/500e, ça veut dire une synchro flash au 1/500e, et à toutes les vitesses, bien-sûr. Ce qui m'a valu quelques photos au flash joliment ratées lorsque je suis passé à un reflex à obturateur à rideaux quelques années plus tard...
Et la mécanique qui contrôle tout ça?
Je vous laisse regarder, moi j'y ai rien compris.

En tous cas c'est beau; le retardateur est encore plus fin, une jolie pièce d'horlogerie.
En 1992 conquis par les moteurs électriques et le plastique Canon j'ai remisé l'Olympus dans un tiroir... pour le ressortir rapidemment pour couvrir quelques évènements comme les manifs anti-CIP, ou bien... le cours de mécanique générale au lycée technique Réaumur de Laval.

Donc toujours à portée de main, même si je lui préférais l'EOS pour les balades, plus gros mais plus léger! Il n'a jamais vraiment arrêté de servir, sous la flotte mayennaise, bretonne, galloise ou la chaleur andalouse.
Il y a deux ans en surfant sur internet je me suis aperçu que cet appareil est un objet de collection très convoité (ce qui ne facilite pas ma vie d'utilisateur pour trouver des optiques à un prix normal). Et en effet le Pen F fait toujours son petit effet: Charan lui-même me l'a arraché des mains à peine je l'avais sorti pour osculter la bête sous tous les angles. Il y a guère plus longtemps, un modérateur de ce même forum m'a lancé le sort de pourriphotographis car j'avais oublié de prendre l'appareil pour une rencontre à Paris.

Bon ce qui est sûr c'est que l'AZ 300 maintenant je vous le laisse, la vieillesse et la maturité ont du bon: je n'ai plus aucun appareil en plastique.

(le Pen FT avec son 38 mm f/1.8 standard)

(le même avec un 20 mm f/3.5, équivalent à un 28 mm en 24x36)