trop de timidité

[hopla]

Je ne suis pour l'instant équipé que d'un objectif 50mm, et quand je sors dans la rue pour faire quelques clichés, je reste très réservé quand il s'agit de photographier des gens. Je garde beaucoup de retenue, je n'ose pas, je me sens gêné et du coup je me frustre un peu car je rate des scènes intéressantes.

Quelqu'un a-t-il un truc pour dépasser ce stade ?

Question subsidiaire, juste par curiosité : vous est-il déjà arrivé d'avoir des ennuis, de vous faire agresser pour des photos ?

[Georgesh]

Tous les passants et autres promeneurs qui sont dans un lieu public deviennent des personnages publics et on ne porte pas atteinte à leur image en les prenant en photo. Mais, photographier, c' est un acte de communication, un regard, une attention portée à des personnes qui peuvent légitimement se poser des questions, refuser la photo volée, et ne pas vouloir de ce regard indiscret.
Je trouve normal d' afficher la couleur en montrant son intention de cadrer les gens, ou au moins, en ne se cachant pas. Je pense que la photo est l' occasion d'une rencontre et d' un dialogue, qui mérite que le photographe se présente, annonce ses projets, parle un peu de lui, dise quel usage il fera de la photo, et pour une publication , demande une autorisation de publication.
Tout est affaire de mesure , de psychologie, et de politesse.C' est assez sournoisde penser s' équiper de gros téléobjectifs pour jouer les paparazzi sans être vus. Dialogue avant tout.

[TheMaxou]

Engager une discussion ou partager un regard n'est pas quelque chose d'évident. Je comprends bien les difficultés et les réticences que tu ressens…

J’ai profité d’un voyage à l’étranger cet été pour changer radicalement ma façon de photographier. Mes photographies me frustraient car je me trouvais toujours trop loin de l'action, trop loin du regard.

Alors j'ai pris mon courage à deux mains et je me suis bousculé. Je vais raconter trois exemples :

Nous sommes allés visiter un village de tisserands au nord de Paksé - Laos, réputé pour la qualité de sa soie. Nous cherchions des tissus et surtout à voir comment les femmes travaillaient avec ces vieilles machines. J’ai vu une dame qui travaillait sous son porche sur son très vieux métier à tisser tout en bois avec ses enfants autours qui nous regardaient comme ça . Nous nous sommes approchés pour regarder son travail. D’elle-même, elle nous a montré comment elle faisait, les instruments qu'elle utilisait, les enfants se sont approchés… Et c’est à ce moment là que j’ai sorti l’appareil. Cela a été un moment assez particulier (la langue faisait barrage et nous essayions de nous comprendre par signe et par regard) mais la mère et les filles ont adoré se voir en photo sur le numérique et nous avons pu faire des photos de la mère et sa plus jeune fille puis des portraits des deux autres filles. J’ai fait également quelques clichés en N&B dont j’attends les résultats avec impatience. Nous sommes restés longtemps car une énorme pluie et tombée à ce moment là. Nous avons été rejoins par le père juste avant de partir qui nous a dit bonjour et qui a rigolé en voyant les photos.

Dix mètres plus loin dans le village et une heure après, nous sommes de nouveau précipités sous un porche car la pluie reprenait de plus belle. Au Laos, les enfants des villages isolés ou reculés, profitent souvent de la pluie pour prendre une douche en se mettant sous les gouttières des toits . Ils se douchent tout habillé… Nous attendions que la pluie s'arrête quand à ce moment là, arrive une jeune fille en vélo qui s’arrête sous une gouttière en face de moi et qui prend sa « douche ». Je la regarde, amusé… Elle me voit rire et sourit à son tour. J’ai pris la photo, elle était morte de rire…

Ce n'était pas le plus beau village que nous ayons visité mais c'est sûrement l'endroit où nous avons fait une des plus belle rencontre de notre voyage.

Autre exemple : A Vientiane, nous sommes allés visiter un Wat (une pagode ou temple Bouddhiste). Un homme nous a abordé en nous demandant d'où on venait (première question posée en Asie du Sud Est, généralement suivie d'êtes vous mariés puis de combien tu gagnes ? ). Ravi, il pouvait exercer son français appris dans les années 60 . Il nous a fait visiter le wat et nous a raconté plusieurs histoires sur la vie de Bouddha. A la fin de la visite, nous avons raconté notre projet de voyage, échangé deux trois impressions sur le pays. J'ai demandé à le prendre en photo. Gêné, il a accepté quand je lui ai dit que j'aimais faire des photos des gens que je rancontrais lors de mes voyages. Il a sourit... (et je crois que j'ai raté la photo ).

[LYNX]

Comme le montre Themaxou, la photo d'une personne ne se fait pas à la sauvette, "comme un vol à l'étalage". C'est une question de tact et de respect de l'autre.
Je me souviens d'un stand "exotique" à la foire de Marseille. En fait mon but était de photographier que les objets exposés. J'ai cependant demandé au propriétaire (Algérien) son autorisation . Il a accepté, à condition qu'il soit sur une des photo que je devais lui envoyer dans son pays. J'en ai fait plusieurs avec et sans lui. Quelques semaines plus tard je recevais une lettre pleine de remerciements (il ne s'attendait pas, certainement, que je tienne parole )

[TheMaxou]

Je me souviens d'un stand "exotique" à la foire de Marseille. En fait mon but était de photographier que les objets exposés. J'ai cependant demandé au propriétaire (Algérien) son autorisation . Il a accepté, à condition qu'il soit sur une des photo que je devais lui envoyer dans son pays. J'en ai fait plusieurs avec et sans lui. Quelques semaines plus tard je recevais une lettre pleine de remerciements (il ne s'attendait pas, certainement, que je tienne parole )

C'est une belle histoire. La photographie, telle que j'ai envie de la pratiquer, est un échange, un moment suspendu, un sourire...

Un sourire comme cette histoire sympa de Lynx

[hopla]

Ah là ça donne envie d'y retourner vite fait. D'autant plus que je viens d'arriver dans une ville où je ne connais pas grand monde, ç ava peut-ùetre m'aider.

Merci

[SNOWDRUM]

timidité quand tu nous tient
j'ai le meme probleme mais je pense aussi que cela est du au fait que je suis encore debutant. c'est d'ailleurs certainement pour cela que je fais principalement mes photos en campagne et ai plus de mal a trouver des sujets en noir et blanc
c'est à ce moment que je prend donc conscience a quel point la photographie permet de reflechir non seulement sur le sujet pour celui qui la prend et celui qui la regarde mais aussi sur soi meme

[alex1811]

Personellement, je trouve qu'il est plus facile et moins agressif de photographier des inconnus avec un petit TLR type rolleiflex ou Yash mat, du fait que:

-l'on ne porte pas l'appareil devant le visage,

-que le sujet ne sait pas trop quand la photo est prise etant donne le silence de l'obturateur

-le temps plus long que necessite la compostion de l'image fait que le sujet oubli l'attidute ou expression surfaite que chacun peux avoir quand justement il sait qu'il va etre photographie. Alors qu'avec un reflex ou telemetrique j'aurai plutot le reflexe timide de decoller l'oeil du viseur le plus tot possible.

-La focale d'un TLR est souvent +/- de 75mm ce qui evite aussi de coller l'appareil sur le sujet sans non plus jouer les paparazzis.

-Et bien sur le TLR est pour la plupart des gens neophites en photographies un objet incongru ce qui permet aussi souvent d'avoir un de dicuter pas mal avec les gens.

Ce n'est bien sur que mon avis, mais je le donne car j'ai realise que ma timidite etait tombe lorsque j'utilisais ce type d'appareil.

[NeGbLaN]

Bonjour,
on a tous nos techniques et nos approches, nos astuces techniques aussi : je me souviens d'un copain (inscrit dans ce forum il me semble) dont la série sur les réfugiés à calais ou cachan a fait date, qui m'a raconté que son moyen format intriguait énormément même en plein paris, ou dans des endroits a priori improbables pour un amateur comme dans des banlieues dites "chaudes". Les enfants finissaient par lui demander quelle était cette drôle de caméra...

Toujours est-il que la photographie comporte un risque, indéniablement. Il faut l'accepter. Le prendre comme un défi : personnel, pas un défi envoyé à l'autre. Mais il me semble qu'il ne faut pas photographier les inconnus avec un sentiment permanent de culpabilité, et même s'il s'agit parfois de discuter, se faire connaître, il ne faut pas se sentir dans l'autojustification permanente. C'est important pour sa paix personnelle et pour l'image qu'on véhicule du photographe. La photographie pour nous n'est pas un crime, bien souvent c'est un acte d'amour. Revendiquons-la comme telle, tout en reconnaissant que tous les inconnus ne veulent pas forcément être aimés...
Il y a une chose flagrante sur l'image du photographe voleur, quand je vais en concert par exemple : je me promène souvent avec un copain dessinateur, il croque rapidement les artistes, comme il veut, quand il l'entend, comme ça lui chante. Personne n'est choqué. Quand moi je sors mmon appareil, qu'il sooit d'ailleurs télémétrique, moyen format ou reflex moderne, je suis suspect. Toute la subtilité consiste à se faire accepté comme si je dessinais dans ma pellicule.
Mais bien souvent il faut demander l'autorisation au tourneur ou à l'artiste, ce dont se passe le dessinateur aisément : il y a un malentendu sur le statut du photographe et l'acte au sein de la photographie, à l'évidence. C'est un drame et un défi à la fois, mais il ne faut pas pour autant se ratatiner parce que l'oeil du public ne nous admet pas. On rend plus service à la photographie en restant digne et passionné dans son comportement et sa pratique, que dans un discours désobligé aux argument angéliques.