Livres et auteurs

[TheMaxou]

Fiction, là aussi, création, sentiment, et pas copie de la réalité.

On est d'accord

Tentative illusoire de revanche sur l'emprise du réel.

Pourquoi une revanche ? Pourquoi combattre le réel ? Quand je lis, je m'envole ! Pourquoi la photo ne le permettrait pas ?

J'ai développé quelques photos ces derniers jours. Elle ne me ramène pas à Luang Prabang ou dans les villages du plateau des Boloven mais à une certaine idée de la beauté de la nature, à la simplicité oubliée des rencontres, à un sourire, à un plaisir. Ce n'est pas la réalité, ce sont des odeurs, des sentiments. Ce n'est pas une revanche, c'est un partage

[TheMaxou]

vous apprecierez aussi L'affaire du Dahlia Noir, de Steve Hodel, ou un ex policier reprend l'enquete et trouve le meurtrier: son propre père !

Vous apprécierez moins la fin maintenant J'espère que le reste est super

[tipi]

Vous apprécierez moins la fin maintenant

Non, je ne divulgue aucun secret, dès le début du livre Hodel cite son père comme le meurtrier, medecin morbide et incestueux, ami de Man Ray, fascinés par l'horreur. C'est le récit d'une investigation dans la police corrompue de LA des années 40

[Malo]

Vous connaissez probablement aussi Le Dahlia Noir, un grand classique - un chef d'oeuvre - de James Ellroy, basé sur un fait divers non ellucidé. Si le livre vous a plu, vous apprecierez aussi L'affaire du Dahlia Noir, de Steve Hodel, ou un ex policier reprend l'enquete et trouve le meurtrier: son propre père ! Ellroy a pris fait et cause pour la thèse de Hodel.

C'est drôle, car autant, j'ai adoré le livre d'Ellroy, qui fait parti de mes classiques personnels (ceux que j'ai lu plus de 10 fois), autant le livre d'Hodel m'a ennuyé (je crois que je ne l'ai pas fini d'ailleurs), car loin du détachement de MMP, je suis très accroc je crois de ces artifices littéraires qui imbibent une intrigue du monde personnel de l'auteur.

Dans le roman d'Ellroy, il y a l'enquête, mais aussi le Los Angeles des années 50, la perception qu'à l'auteur de cet unnivers, son talent pour le retranscrire... Vanité et fiction peut-être mais qui me plongent plus avant dans un espace que je ressens comme cohérent que le récit d'Hodel que j'ai trouvé poussif.

[tipi]

Je comprends ton point de vue, Malo. En fait je suis fan d'Ellroy et de son histoire personnelle. J'ai lu "ma part d'ombre", livre-enquête qu'Ellroy a ecrit sur le meurtre de sa mère lorsqu'il etait enfant (a la même epoque que le meurtre du Dahlia Noir), et j'ai éte fasciné de voir toutes ses histoires et personnages s'entrecroiser: le vrai meurtrier du Dahlia Noir étant probablement aussi le meurtrier de la mère d'Ellroy (donc le père d'Hodel). Mais je suis bien d'accord avec toi d'un point de vue litteraire, le livre d'Hodel est très en dessous d'Ellroy. Mais si tu te passionnes pour cet evenement et pour cette epoque, il est très interessant.

[trempette]

En ce moment, je me partage entre plusieurs livres. Ici point de littérature (j'en lis aussi) mais de belles histoires et de belles photographies (c'est la saison des beaux livres avant Noël) :

- A380 (éd. E/P/A)
- Mythiques yachts classiques (éd. du chêne)
- Tour du monde des vignes et des vins (éd. Féret)

T.

[Malo]

Bon puisque tout le monde y va de sa bibliographie, je citerais:

Flaubert, et son incomparable talent pour magnifier la médiocrité humaine. Balzac qui tout au long de son oeuvre montre comment l'ambition gouverne chacun d'entre nous, et domine de ce fait le monde.

Dostoïevski, maitre de l'âme et de ses méandres. Camus et son acuité particulière pour l'absurdité des fonctionnements sociaux.

Hergé qui avec Tintin a créé un observateur désincarné de son époque, porteur de tous les lieux communs ethnocentristes d'une civilisation européenne sûre de sa supériorité.

Plus proche de nous,

Douglas Kennedy avec "Les charmes discrets de la vie conjugale", histoire d'une femme, de son couple, mais aussi une proposition de description d'une Amérique passée en trente en du Flower Power aux années Bush!!!

[LYNX]

Dans "L'homme qui voulait vivre sa vie" de D. Kennedy, on apprend comment on peut devenir photographe..... après avoir tué l'amant de sa femme et pris son identité (c'est un photographe!)
Ceci pour dire à l'administrateur,qu'on n'a jamais quitté le sujet du forum

[Népo]

& j'ai cessé de lire. Le monde tel qu'il est (semble être) suffit à sa représentation.
Tout comme je cesserai de photographier un jour. Pour les mêmes raisons.

Ce qui limite sa vision du monde... à la sienne. La mienne étant étriquée, j'aime me plonger dans un monde tel qu'il a existé, tel qu'il existe, ou tel qu'il pourrait exister, et plaisir suprême, à travers les yeux, l'esprit et les sens de quelqu'un d'autre.

Népo

[MMP]

Pourquoi une revanche ? Pourquoi combattre le réel ? Quand je lis, je m'envole ! Pourquoi la photo ne le permettrait pas ?

Je suis laconique,.il est vrai.

Mais je mets seulement en doute la fiction. Pour citer Giono, et faire ainsi un clin d’œil à Goergesh, toute fiction commencerait avec Regain pour s’achever par un Roi sans divertissement…

Ce n’est pas question d’un combat contre le réel ; la fiction n’est que tentative de s’extraire de sa pauvre vérité. Ne pas le perdre de vue si l’on veut rester maître de ses illusions, de la fabrique de son illusion et ne pas en être la dupe. Réel qui toujours nous rattrape.

(Demain, demain tout sera fini – Dostoïevski, le Joueur.)

[Malo]

Je suis laconique,.il est vrai.

Mais je mets seulement en doute la fiction. Pour citer Giono, et faire ainsi un clin d’œil à Goergesh, toute fiction commencerait avec Regain pour s’achever par un Roi sans divertissement…

Ce n’est pas question d’un combat contre le réel ; la fiction n’est que tentative de s’extraire de sa pauvre vérité. Ne pas le perdre de vue si l’on veut rester maître de ses illusions, de la fabrique de son illusion et ne pas en être la dupe. Réel qui toujours nous rattrape.

(Demain, demain tout sera fini – Dostoïevski, le Joueur.)

Un laconisme un peu en contradiction avec ta signature, car si mes souvenirs sont bons dans cet ouvrage le héros modèle sans cesse une réalité dont il s'extrait... Tout perdre pour avoir l'illusion que l'on peut renaitre... Indéfiniment!

[MMP]

Un laconisme un peu en contradiction avec ta signature, car si mes souvenirs sont bons dans cet ouvrage le héros modèle sans cesse une réalité dont il s'extrait... Tout perdre pour avoir l'illusion que l'on peut renaitre... Indéfiniment!.

Le joueur ne renaît pas. Il se perd. Et joue sa perte au matin sur son dernier Kopeck.

& précipite la mort de l’illusion.

[MMP]

Ce qui limite sa vision du monde... à la sienne.

Il n’y en a pas d’autres. Même par le regard des autres, tu demeures ta propre vision du monde (nous en sommes d’autant plus prisonnier si nous en avons pas la conscience).

& c’est la règle d’or de la grande supercherie de toute fiction.

[Malo]

Il est dépendant... Et paradoxalement il maitrise le manque ou l'absurdité de son existence en trouvant le moyen de se perdre et de se refaire... Jusqu'à organiser sa perte finale... Il y a dans cette volonté de maitrise quelque chose d'assez éloigné de la contemplation e de l'acceptation du monde tel qu'il est.

[MMP]

"Il n'y a aucune certitude que la vérité, quand et si elle est révélée, s'avère très intéressante"

Il est dépendant... Et paradoxalement il maitrise le manque ou l'absurdité de son existence en trouvant le moyen de se perdre et de se refaire... Jusqu'à organiser sa perte finale... Il y a dans cette volonté de maitrise quelque chose d'assez éloigné de la contemplation et de l'acceptation du monde tel qu'il est.

« Qui croit en la vérité est naïf ; qui n'y croit pas est stupide. La seule bonne route passe sur le fil du rasoir. »

Strovoï !

[Népo]

Ce qui limite sa vision du monde... à la sienne.

Il n’y en a pas d’autres. Même par le regard des autres, tu demeures ta propre vision du monde

C'est bien ça qui me plaît !! M'enfin, ça reste un poncif de chez poncif... à ce sujet (ou presque), lire l'intéressant "Ecoute, une histoire de nos oreilles", de Peter Szendy qui tourne autour de cette idée de l'écoute de l'écoute (qui peut être considérée comme l'interprétation -celle de l'auditeur- d'une interprétation -celle de l'instrumentiste- d'une interprétation -celle du compositeur). Pour revenir à la lecture, cette triple interprétation peut dans une certaine mesure s'appliquer à la lecture d'une traduction... la traduction se rapprochant du principe de l'arrangement musical (qui lui-même est un moyen de faire entendre son écoute d'une oeuvre).

(nous en sommes d’autant plus prisonnier si nous en avons pas la conscience).
& c’est la règle d’or de la grande supercherie de toute fiction.

C'est une prison bien douillette... et pour ma part j'aime le confort. Je ne pense pas que je serais sorti de la caverne, moi

Népo

[MMP]

C'est une prison bien douillette...

Est-ce si sûr nous qui tant aimons fiction.

[Malo]

Cioran a écrit:
« Qui croit en la vérité est naïf ; qui n'y croit pas est stupide. La seule bonne route passe sur le fil du rasoir. »

Alors taillons notre route, en espérant que ce ne soit elle qui nous taille...

[Népo]

Est-ce si sûr nous qui tant aimons fiction.

C'est peut-être l'aller-retour de l'un à l'autre qui est si agréable... peut-être que j'étoufferais à rester d'un seul des deux côtés. Par ailleurs, certains bouquins touchent un réel qui nous sera toujours inaccessible, en tout cas je l'espère... quand tu lis La condition humaine, tu touches à un truc fondamental, transcendant, même si l'histoire racontée est inventée. Une vérité... pas absolue, mais qui te fiche une grosse claque !!

Grand homme que Malraux Dommage que ses bouquins soient si rasoirs

Népo

[Georgesh]

& j'ai cessé de lire. Le monde tel qu'il est (semble être) suffit à sa représentation.Tout comme je cesserai de photographier un jour. Pour les mêmes raisons.

Le monde tel qu' il est, il manque un peu de couleurs et d' émotions. Il est même franchement insipide , incolore et sans saveur.
De temps en temps, faire l' artiste avec des mots, des pinceaux ou des vieux boitiers, c' est mettre un peu de piment dans la soupe de tous les jours.