Voici un petit article sur les Canon L1/L2/L3. Vu la tartine, je préfère la mettre ici que dans Canon Lovers.
J’ai découvert ces appareils lors d’un voyage au Japon. Les trouvant fort intéressants sur de nombreux points, j’ai décidé de vous les présenter.
Les Canon L, késako?
Il s’agit d’une série de boîtiers télémétriques à monture compatible Leica à vis fabriqués en 1956/57/58 par Canon camera, Co. au Japon.
Ce sont à la base des modèles économiques basés sur le modèles VT (L2, L3) et VTD (L1), ils sont aussi probablement nés du constat de Canon que l’armement à gâchette (façon Leicavit) des VT n’était pas des plus pratiques dans la majorité des cas. Ces modèles sont particulièrement intéressants car ils offrent une mise à jour bienvenue aux antiques Leica à vis et viennent titiller la série M sur certains points. Ces appareils sont assez rares hors du Japon ou les exportateurs poussaient visiblement les modèles haut de gamme.
Leurs caractéristiques les situent aux limites de la vaste catégorie des « copies de Leica » :
• Obturateur horizontal à rideaux textile commandé par deux boutons, vitesses rapides sur le capot et vitesses lentes en façade
• Visée télémètrique.
• Monture « universelle » 39mm à vis.
• Compteur à remise à zéro manuelle.
Ils seront suivis par les VL et VL2, ne les possédant pas (encore

Ces trois modèles sont équipés de rideaux en toile caoutchoutée, si vous en voyez un avec des rideaux acier, c'est qu'ils ont été remplacés. C'était la procédure standard dans les atelier Canon en cas de changement de rideaux. Tous ces appareils ont aussi un télémètre arborant une teinte dorée et résistant très bien au temps, cela sera remplacé par une teinte argentée tout aussi résistante dans les modèles suivants (VL et Cie), beaucoup moins pour les modèles VI et P). Ça peut être une aide utile en cas d'identification d'un hybride.
L'identification est simple, c'est écrit sous la semelle "Model L1", par exemple.
les modèles synchronisés flash sont équipés d'une prise PC entourée d'une baïonnette, elle permettait aux flashs de la marque de venir simplement se verrouiller dessus.
Sans plus attendre, commençons par le premier sorti, le L2 (y’a pas que Leica pour faire des numérotations bizarres).


Le L2, donc, fut produit sur deux périodes, une présérie de 11 appareils en novembre-décembre 1956 et le reste de la production (env. 7350 appareils) entre mai et décembre 1957. C’est un boitier un peu plus gros qu’un Leica à vis mais dont la qualité n’a rien à envier à son rival germain. Le bouton de rembobinage est escamotable, il faut faire pivoter un levier pour le faire sortir et ensuite le tirer en haut.
Quelques évolutions notables par rapport à un Leica à vis sont:
• Le viseur multifocale à prisme rotatif : Une molette à l’arrière de l’appareil permet de choisir entre les focales 35, 50 et un zoom sur le patch (pos. RF). La taille du viseur reste toutefois petite et sans cadres, comme sur un bon vissant.
• Le chargement par le dos, pas besoin de tirer sur l’ambulance plus longtemps

• Obturateur réglable armé ou désarmé.
• Avancement à levier
• Correction de parallaxe des viseurs externes. Sur la griffe porte-accessoire, un petit téton est commandé par la came du télémètre, les viseurs compatibles corrigent automatiquement en fonction de la distance de mise au point !
Il est une simplification du VT premier du nom. Les changements sont :
• Remplacement de l’armement à gâchette par un armement à levier, ce qui en fait le premier Canon ainsi équipé !
• Suppression de la synchro X, l’appareil reste synchronisé, mais uniquement pour les flashs magnésiques. La fenêtre de ce réglage reste mais ne montre plus que du noir, ce qui est fort étrange car la fenêtre du compteur de vue n’est pas au même endroit, ce qui implique des capots différents…
• Vitesse maximale 1/500 au lieu de 1/1000.
• Pas de retardateur.
• Clé d’ouverture pour les cartouches rechargeables Canon (étrangement omise sur le VT), qui fait office de double verrouillage du dos.
Ensuite vint le L1. Version plus haut de gamme produite entre février et décembre 1957 à environ 7975 exemplaires, il prend le VTD sorti en même temps pour base.


Les limitations sont moindres par rapport au L2:
• Vitesse max 1/1000
• synchro X installée
Cet appareil reçoit aussi la principale amélioration du VTD, la manivelle de rembobinage. Elle est d'un type assez particulier, se repliant dans une dépression du capot. Cette manivelle est très pratique à utiliser; sa poignée est en forme elliptique et de bonne taille, environ 5mm de longueur. Je rappelle qu'il aura fallu attendre 1967 pour voir arriver d'une manière assez incongrue la manivelle chez Leica.
Pour moi, cet appareil est une alternative très crédible à un Leica III pour une fraction du prix.
Le petit dernier, j'ai nommé le L3, est sorti entre octobre 1957 et décembre 1958, il a eu un bon succès puisqu'on estime la production à 12975 exemplaires.
Pour faire simple, il s'agit d'un L2 sans synchro flash. L'emplacement de la prise PC est obstrué.


Mon exemplaire est toutefois un hybride intéressant: il est équipé d'une synchro X, comme un L1. Nombreux sont les appareils sans synchro (toutes marques confondues) à avoir été modifiés mais là, tout semble d'origine, du barillet de vitesses à la prise PC à baïonnette Canon. Il me reste deux possibilités: Soit cet appareil a été modifié avec des pièces d'un VL2, (en gros, un L2 avec retardateur, obturateur à rideaux acier et synchro X), soit, le VL2 étant sorti en janvier 1958 juste après la fin du L3, c'est un appareil intermédiaire dans la production. Le mien étant équipé d'un obturateur textile et étant dépourvu de retardateur n'est clairement pas un VL2 avec une semelle de L3.
Les numéros de série des télémétriques Canon sont de peu d'aide. En effet, les capots étaient préparés et gravés à l'avance. Les assembleurs n'avaient plus qu'à se servir parmi les pièces disponibles. Peter Dechert, dans son livre "Canon Rangefinder Cameras 1933-68", suppose que de grands nombres de capots type VT (rembobinage à bouton escamotable) ont été produits en anticipation d'un grand succès. Canon considérait le VT comme son arme secrète contre le Leica M3. Le destin leur a rappelé que l'armement à levier ne marchait bien que lorsqu'on tient l'appareil horizontalement et qu'on n'a pas à ajuster continuellement la mise au point. C'est vraisemblablement pour liquider les stocks que ces capots ont été utilisés sur les L2, L3 et VL2. Probablement que certains modèles comme le L3 et le VL2 n'auraient jamais été produits s'ils n'avaient pas eu autant de pièces en stock. Et quoi de mieux qu'un modèle économique et accessible pour liquider un stock ? Canon a sorti pas moins de neuf modèles différents entre avril 1956 et janvier 1958, tout de même !
À l'usage:
Ce sont des appareils très plaisants à utiliser, ils offrent une meilleure prise en main que les Leica à vis et se rapprochent d’un M. En fait, la forme octogonale typique des Canon lui donne une prise en main semblable à mon bon vieux FTb, en moins lourd. Le viseur est utilisable même par un porteur de lunettes malgré sa taille. On n’atteint quand même pas la qualité d’un viseur de Leica M, faut pas déconner.
Le viseur 35mm est un gros atout pour utiliser cette focale sans viseur externe sur un vissant. À ma connaissance (Là, un collectionneur sauvage apparaît et me sort un obscur appareil dont personne n'a jamais entendu parler), seuls les Bessa permettent ça et ne sont pas compatibles avec le plus accessible des 35mm LTM, le Jupiter-12.
Possédez-vous un de ces boîtiers? Qu'en pensez-vous?
À la prochaine
