Il y a bien longtemps la boite ou je bossais avait fait faire un audit de sécurité par un intervenant extérieur. On va dire que je ne suis pas en général un grand fan des consultants mais celui-là valait le coup. Il nous a fait quelques gags bien intéressant :
Avec le magasinier
Cette étagère c'est quoi ?
Les post-it
Celle-ci ?
Les stylos
Celle là ?
25 kg de cyanure
Avec moi
Comment faites vous les sauvegardes des CAO ?
Moi, peinard : Une sauvegarde sur bande chaque nuit, deux boites de bandes pour une semaine utilisées en alternance plus une bande par mois.
Et vous les rangez ou ?
Euhhh... Dans le tiroir sous le disque dur

(La bonne réponse était "Au sous-sol dans l'abri antiatomique présent dans la plupart des constructions suisses qui résiste aussi très bien aux incendies")
Le rangement des produits chimiques pour les saloperies utilisées en galva.
Ou sont rangés les acides ?
Ben en haut, hors de portée.
Pas bon, c'est un stock industriel, pas une cuisine susceptible d'être fréquentée par des enfants. A votre avis, que se passe t'il quand un bidon de 25 litres d'acide tombe de 2 mètres de haut ?
Ben oui, ça peut éclater et asperger le maladroit.
Une chapelle dans l'atelier galva
C'est quoi ça ?
Le bain de désargentage (de tête un mélange d'acide nitrique et sulfurique porté à ébullition)
Et ça à coté.
Un bain de "je ne sais plus quoi" avec 250 grammes de cyanure par litre
Vous savez que si le désargentage tombe la-dedans tout le monde est mort à cet étage ?
Une sortie de secours
Quel est l'itinéraire de fuite ?
Ben là, en suivant l'accès goudronné
Donc, en longeant le bâtiment qui à cet endroit accueille l'atelier peinture avec son stock de peintures et de solvants, le dévernissage avec son bain d'acétone chauffé (rien, presque 200 l) et la galva avec son cocktail de saloperies super toxiques, le tout sous le vent dominant. Si vous aménagiez plutôt un itinéraire de fuite contournant la cantine en passant au milieu des espaces verts et qui met le personnel au vent du bâtiment en 20 secondes ?
A tout le monde : Quand on voit un type allongé (surtout dans la galva) on réfléchit avant de lui porter secours : C'est pas forcément un malaise "banal". (Il nous a cité l'exemple de 8 personnes descendant successivement dans un puits pour secourir les gens évanouis au fond et s'ajouter à la liste des gens à secourir) et il faut prendre des précautions.
Au résultat il a fait prendre plein de mesures simples (du style douche aux endroits ou il y avait manipulation d'acides, itinéraire de fuite et point de rassemblement qui ont sérieusement amélioré la sécurité et, surtout, ont fait prendre conscience aux gens de la tournure d'esprit qui va bien.
Depuis une vingtaine d'années j'essaie d'appliquer cette logique. Si elle ne m'a pas permis d'éviter l'accident qui m'a bousillé l'épaule, je reste persuadé que mon casque anti bruit m'a empêché de foutre un gros coup de boule dans la dalle qui a arrêté ma chute et de laisser mon cerveau sur le béton.
Prudence donc !