En effet, si l'on prend les "vrais" débuts de la photographie, c'est plutôt l'inverse qui prévaut. Lorsqu'elle est introduite, la photographie est beaucoup plus chère que la peinture et ce sont essentiellement les peintres qui la pratiquent. Alors oui, certains sont sacarstiques comme Baudelaire (ce qui ne l'empêchera pas de rapidement changer de position avec son ami Nadar...

Globalement, dans les premiers temps, la photographie est plutôt très bien accueillie. Bien sûr, par les "tenants de la technologie" dans cette deuxième moitié du XIXème qui est aussi l'époque des débuts de l'industrialisation. Au niveau artistique, les détracteurs sont un peu moqueurs face à ce qu'ils considèrent comme une mode et un engouement qui (ils en sont persuadés) sera passager. Même parmi les plus optimistes convaincus, il n'est pas possible de deviner la place qu'elle va prendre dans l'avenir. Elle reste à exemplaire unique (les talbotypes et calotypes qui apparaissent en parallèle sont hâtivement rangés parmi les procédés d'impression mécanographiques et la notion de négatif ne s'est pas encore imposée), elle est excessivement chère et plutôt marginale (beaucoup plus qu'un portrait "en peinture") et c'est une bonne décade où le daguerréotype règne en maître.
Comme expliqué dans les autres post, c'est à partir du moment où la photographie se "démocratise" (gardons raison, ça veut dire que cela commence à concerner la bourgeoisie !

Deux dimensions sont à prendre en compte dans ces bouleversements. Le coût bien-sûr qui va de pair avec la diffusion et les prix qui dégringolent. Le photographe reste un "artiste" et il est toujours difficile de parler "d'ombre faite à la peinture". L'opérateur a souvent les "deux casquettes" (le photographe sera représenté avec la blouse du peintre tout au long du XIXème !



Le paysage (ou la nature morte !

Encore une fois, il faut être capable de se remettre dans l'époque. De nos jours, l'opposition peinture/photographie pour retranscrire la réalité est bien entendu au bénéfice de cette dernière. Pourtant cet état de chose mettra quelque temps à s'imposer (largement plus de trente ans) et c'est plutôt au niveau de la diffusion (la photographie se tournant de plus en plus vers le système négatif/positif) qu'il faut replacer l'opposition. Si les "pictorialistes" vont se tourner vers les procédés pigmentaires, c'est aussi avant toute chose à cause de "l'exemplaire unique" au même titre que la peinture.
Le dernier bouleversement qui va précipiter les choses est le "portrait carte de visite". Lorsque Eugène Disdéri a l'idée de réduire le format du portrait pour en abaisser le coût, la photographie devient alors pour le coup "populaire". Du moins le fossé commence à se creuser entre photographie et peinture et effectivement, à partir de ce moment-là va se mettre en place ce rapport qui va permettre au mouvement pictorialiste de naître par opposition.
Désolé d'avoir été long (pourtant réduit au maximum et je suis resté sur les grandes lignes, quitte à parfois être caricatural...

