Je ne suis pas de sa famille et, en y réfléchissant je ne suis même pas un ami....je suis simplement, pour lui, une source d'affection. Une de ces personnes qui lui apportent de temps en temps un peu de chaleur humaine quand ils en ont le temps, quand un trou dans l'emploi du temps le permet.
Car même si Michel passe son temps à se plaindre de ses douleurs aux fesses, au ventre, au derrière, aux orteils.... la seule chose qui le fasse réellement souffrir c'est de continuer à devoir affronter ces longues journées, seul, quasiment tout le temps. Il ne me le dit pas, mais je le vois, de manière évidente quand j'ouvre sa porte : sa tête se relève doucement mais son visage reste fermé, interrogatif...qui est ce? Au bout de 10 secondes il me reconnait: là son visage s'ouvre soudainement, un rire de joie se fait entendre et il m'aggripe avec toute la force qu'il a pour m'embrasser, comme si j'étais un de ses enfants et que nous ne nous étions pas vu depuis 10 ans... ça peut durer longtemps, j'en ressors en général avec pas mal de bave sur les joues....puis nous discutons, toujours de la même chose...le sujet de la conversation n'a pas d'importance il me sert les mains tant qu'il peut et fait un effort pour soulever cette tête que l'arthrose rend si pénible à relever, d'ailleurs je vois surtout ses sourcils, pas souvent ses yeux.
Enfin je dois le quitter, nouvelles embrassades, encore un peu de bave sur mes joues...sa tête retombe, lourde... A bientôt Michel.

