Nos forumeurs ont du talent
La photo du mois de mai 2025

Image
Photo Faite par Skogkatt59

Découvrez le reste de la sélection du mois de mai ici

Sarah Moon

Vous avez un site de photographe intéressant à faire connaitre ? Venez nous le présenter ici !
Répondre
Avatar du membre
Danny
Super Gourou
Super Gourou
Messages : 3517
Enregistré le : vendredi 25 mai 2007 2:17
Localisation : Belgique / France
Contact :

Sarah Moon

Message par Danny »

J'aime beaucoup cette photographe excellente dont le style particulier est loin des canons de la photographie classique.

Une vidéo d'entretien :

http://www.dailymotion.com/video/x6zth2 ... a_creation

Et enfin une petite Galerie :

http://www.photoarts.com/Visavis/moon.html

----

Quelques mots sur Sarah Moon :

Biographie :

Sarah Moon est une photographe française née en 1941 d'une famille juive qui doit quitter la France occupée. Elle rejoint l'Angleterre et y étudie le dessin. Sarah Moon exerce la profession de mannequin de 1960 à 1966, et se tourne vers la photographie à partir de 1970. Elle est célèbre pour sa campagne de publicité pour Cacharel.

Après 15 ans de travail dans la mode, répondant aux commandes de nombreuses marques telles que Vogue, Chanel, ou Dior, la carrière de Sarah Moon prend un tournant lorsque l’artiste décide de se consacrer davantage à une photographie plus personnelle encore, plus introspective et cette fois, purement artistique.

Elle « sort » alors des studios de ses mises en scènes pour la mode, et fait de Paris son terrain de jeux, par goût dit-elle, et par « commodité », même si la ville n’est jamais réellement le sujet de ses photographies mais bien plus un décor méconnaissable. Ce sera d’ailleurs à cette époque qu’elle adoptera le Polaroïd noir et blanc avec négatif comme support de son expression.

Elements de style.

Sarah Moon utilise le film Polaroid et la chambre photographique. Les tirages sont confiés à un tireur. D’un commun accord, l’image peut être enrichie en grattages, détériorations, salissures, afin que l’objet apparaisse appartenir plus encore à la mémoire.
Le succès de cette excellente photographe, d’abord modèle photographiant ses amies modèles puis photographe de mode, en particulier pour les campagnes de Cacharel qui lui assurèrent sa juste renommée, se fonde largement sur un style très riche et raffiné qui a toujours résisté à l’obligation des commandes.

Des constantes se retrouvent en effet dans ses photographies :

le rapport à une nature inaccessible. La nature est conjuguée au passé ; on y trouve des pyramides, des rhinocéros, des mythes, au moins de la nostalgie, parfois de la tristesse

• Pas de vrai blanc dans ses images, tout est en low key, pas d’échappées claires dans les ciels
• Du flou, du vignettage
• De l’exotisme : animaux ou monuments lointains, avec une tonalité coloniale
• Souvent du mouvement, comme effacement des premiers plans
• Des yeux fermés, ou des visages effacés ou baissés
• Des références aux années 30, à la modernité (dans le vêtement, dans la représentation de la femme)
• Une grande importance des mains (qui sont la partie du corps des adultes à la hauteur du visage d’un enfant…)
• La martyrisation (par le corset, par les griffures, par le grattage du négatif)
• L’allusion au cauchemar d’enfant
• Des personnages sans tête, sans bras, sans mains ou avec des bras en bois, ou amputés, une assimilation des êtres à des poupées
• Un espace confiné auquel on n’échappe pas
• Des signes, du graphisme contrasté augmentant le confinement par des impératifs autoritaires
• Le silence, dont la suggestion dans l’image est renforcé dans le procédé par l’interposition de matières, de gestes, de cadres, de grattages entre le sujet et le spectateur.

Ces éléments nous semblent directement mener à une interprétation autour du souvenir de la prime enfance dans une Grande-Bretagne en guerre, un pays obligé d’appeler à l’aide les forces vives de ses colonies... d’où une atmosphère pleine d’inquiétude, de violence et de mutilation conjuguée au passé, avec la guerre en creux, une atmosphère où l’ailleurs colonial dans sa vision enfantine déborde de partout. Où le cadre familial confiné n’empêche pas l’arrivée des monstres et des mutilations probablement liées à l'omniprésence de la guerre. L’ailleurs est ainsi toujours présenté entre rêve, menace et souvenir dans une décor qui tient de la nature empaillée du musée d’histoire naturelle et de la violence du cirque.

Conclusion.

On peut dire du style de Sara Moon qu’il se rapproche du monde fantasmagorique de Tim Burton par son aspect irréel et rêve éveillé.

Son influence se retrouve chez les Lomographes qui reprennent le flou et l’aspect dégradé des images.

Dans ses œuvres postérieures à l'époque de son travail dans la mode, on peut aisément reconnaître son goût pour le cinéma des années trente, notamment le cinéma expressionniste Allemand.

Le grain, l’esthétique générale des photographies de Sarah Moon forment une référence constante aux origines du medium (on peut noter, entre autres, un nu datant 1977, « Nu », rappelant fortement - tant par son cadre que par son rapprochement esthétique vers la peinture et la sculpture – les séries de nus réalisés vers 1854 par Eugène Durieu pour Eugène Delacroix).

----------

Ce petit texte me fut entre autres inspiré par l'analyse de Henry Peyre disponible ici : http://www.galerie-photo.com/sarah-moon.html
Répondre

Retourner vers « Sites de photographes »