Après le Népal et la Thailande, la Laos est à présent presque terminé. Il me reste encore à recevoir 2 pellicules couleurs, les NB sont finies, développées, scannées, corrigées. Etrange sensation de revoir ces moments 10 mois après. Voici 5 mois que je suis rentré et mon dieu ce que ce voyage me semble loin... les soucis, la Gravité (http://www.youtube.com/watch?v=Mt4V8dbpnJU).
Le Laos.
J'ai mis un texte (long ^^) sur flick'r, permettez moi de faire un copier coller, je ne saurais que dire d'autre et n'en n'ai pas le désir.
Voici donc.
"Je n'ai pas beaucoup photographié au Laos. Je veux dire sérieusement. Mais j y ai beaucoup vécu.
J'y suis resté deux mois.
Le premier s'est déroulé en compagnie de mecs français rencontrés un jour à Paï en Thaïlande, une bande de pots de qq années mes cadets ( y'avait Titi, Geza, Eliott et Brice, au fait: merci).
C'était cool, On a rencontré des Laos, dont un mec qui s'appelle Laoy, gestionnaire d'une ghest, une femme, un gosse, mon âge. Un gars assez extra, avec la banane non stop. Je me suis fait éclater la cervelle durant ces 2 ou 3 semaines..
Ma cervelle qui commençait à sérieusement perdre les pédales en Thaïlande, virage à 180° degrés en venant du Népal...
Beaucoup d'écrivains parlent de "mouvements de l'âme" (vision romantique n'est il pas...) lorsqu'ils traversent ces moments de creux intenses où, comme hors de soi, nos actions échappent, pris dans une bulle de savon, on court en sachant que la bulle va petter. J'étais dans un mouvement un peu similaire avant d'entrer au Laos, je m'y étais perdu, du moins commencé, je flippais, surexcité, complètement paumé, heureux et profondément apeuré.
Je flippais en entrant au Laos, j'avais peur de perdre la partie si je m'enfonçais trop loin. Je faisais pas le malin, j'étais terrorisé, une vierge effarouchée sachant pertinemment qu'il y'a des ombres qui tournent autour .
Alors je les ai retrouvés à la frontière du Laos, pas tout à fait par hasard et nous avons passé un mois ensemble du nord jusqu'à la capitale laotienne. Ca m'a donné une bouée.
Tout au long de ce mois là, je savais que je n'y échapperais pas, que c'était en soi juste une parenthèse de quelques jours que j'essayais de rallonger le plus possible avant d'être seul, ce que je désirais tant.
Et lorsque je fus seul, je fonçai tête baissée, apeuré et déterminé. Mauvais mélange, j'avais les larmes aux yeux sur tout le trajet sans comprendre, je devais crier, me battre, courir, dégager toute la violence de cette humeur envahissante, je devenais fou.
J'arrivai à une ville avec les yeux d'un possédé: grands ouverts, fuyants et agressifs. Pakse, pas touristique mais moche à souhait. Je trouvai une ghest house dans cette ville moche, entrai dans la chambre, voulu crier, voyager avec une lame de 13cm aiguisée comme un rasoir devient dangereux. J'entendis quelqu'un dehors, dans le jardin.
Je rencontrai Maria ce jour là. A ceux qui disent qu'il n'existe pas de hasard, je dirais simplement qu'il faut être prêt à les saisir.
Maria est... un indescriptible, dès la première soirée, autour d'un verre, j'ouvrais mes blessures moches. Maria a 55 ou 60 ans, suisse, veuve, voyage seule depuis un an ou deux, elle etait educ spécialisée pour ado, son mari était tox' mort avec sa bouteille. Maria avait deux enfants, un thaï signait son accroche au pays qui moi me rebutait. Maria ressemble a ces femmes magnifiques des années 60 une fleur à la main, Maria est mon alter égo, la paix incarnée, mon apaisement.
Maria fait du stop car elle non plus elle n'a pas un gros budget et surtout n'a pas envie de prendre les cars touristiques.
Maria a été mon épaule durant le mois suivant, j'étais un jouet cassé qui ne pouvait plus avancer seul. Elle parti le lendemain de notre rencontre, j'étais -déjà- abandonné..je pensais qu'elle resterait. Paniqué je pris un bus aussi.
Nous nous retrouvâmes, une ou deux semaines plus tard encore par un hasard subtil, à Tad Lo. Et tous deux comptions y rester un moment, c'était un peu fou. Il faut savoir qu'à la base, Tad Lo est un village étape sur un circuit touristique appelé "le plateau bolaven". Mais Tad Lo est avant tout un village Lao, un paradis Laotien, qui ne sera bientôt plus. Les touristes s'y arrêtent de plus en plus.
Ce mois je le passai dans les parages de Maria et elle dans les miens, nous sommes des oiseaux solitaires l'un et l'autre mais savions que nous nous trouvions toujours en temps et en heure. Nous cherchions et perdions chacun ce que nous devions chercher, perdre, trouver.
J'ai... galéré comme un connard. Ce qu'aujourd'hui j'appelle mes humeurs, que je connais depuis longtemps mais que je ne nommai qu'une fois là bas, me prenaient comme une poupée, j'étais devenu un jouet élastique souffrant d'être ainsi manipulé... par moi même !? Je m'échappais moi même à tout contrôle et je l'observais et le vivais pleinement sans pouvoir interagir avec ce qui me manipulait. C'était horrible et a duré un moment certain, une, deux semaines ?
Repli sur soi, peur de détruire, d'abîmer, de couler, de tuer, de me métamorphoser... J'avais les boules, des sueurs, j'haletais dans ma cabane sans être le moins du monde défoncé. Je ne maîtrise toujours pas ces humeurs et j'ai encore ces peurs. Mais j'y ai vu des images d'angoisse et de terreur morbide, de beauté et de savoir. Des trucs à moi.
Les semaines suivantes à Tad Lo, je retrouvais une certaine stabilité. Je fis connaissance avec des Laos et des voyageurs au long terme, Maria aussi. Un d'eux avait un projet pour l'école, la restaurer et acheter des livres d'école. On l'a repeinte et avons offerts les nouveaux livres.
Il s'est aussi offert une nouvelle famille sur place, il était le père adoptif de deux petites filles, adoption sous l'autorité du village. Mais il était en tel manque de liens... il avait tant à donner et n'y était manifestement pas arrivé avant. Touchant mais j'étais occupé avec ma tête bouillie, je tentais des pansements.
Lorsque je parti de Tad Lo, cela faisait 20 ou 23 jours que j'y étais, Maria aussi. Nous partîmes le même jour mais pas pour les mêmes destinations. Je lui fis des à Dieu, elle aussi, son sourire m'est resté. Elle m'a beaucoup aidé et aujourd'hui encore, chacun de ses mails est une formidable boule d'opium.
Je parti avec son voisin suisse, qui avait décidé de partir seul lui aussi mais qui de son voyage ne le sera jamais, bref ce trou de bal et moi partimes aux 4000 iles. Je m'y défoncai la tete à coup de shots de la taille d'un seau, des meufs partout, en string, défoncées le regard vide, ma tête s'emmerdait au possible et il me tardait de partir ou alors de me défoncer mais pas pour rire, ça c'était de la merde, une occupation inutile, un passe temps ridicule. Fini d'jouer je voulais chopper opium, sky, champis, bheu, shit, ya ba,... Je pris un bain de minuit défoncé à l'alcool dans le Mékong, je dérivais un peu, la lune éclairait quelques unes des 4000 putains d'îles.
Lorsque je quittai le Laos, je parti vers Bangkok, j'allais rejoindre celle qui devait me rejoindre là où j'étais.
A propos du Laos:
Le Laos est assez particulier même s'il s'est révélé être, pour moi, une grosse déception lorsque j'y étais. Aujourd'hui avec le recul, je pense que ma manière d'entrer au Laos a déterminé mes perceptions.
Le Laos est le voisin nordique de la Thailande, qui en est son modèle economique et social, structurel et urbain.
Il y'a peu de routes, les seules terminées sont celles décernant les grandes villes/ étapes touristiques. Il y'a 5 ou dix ans elles n'existaient pas. Le Laos se métamorphose rapidement en destination "découvrez un autre moooonde" pour tout public, jeunes et moins jeunes, backpakers et tourisme de masse. Il est néanmoins clair et net que les aspirations du gouvernement se situent dans le tourisme de masse.
Ceci dit, le Laos est secoué de mouvements forts, souvent contradictoires entre passé et avenir (je sais ca fait tres tres cliché mais...). Le pays a subi les pires bombardements, il est d'ailleurs le pays le plus bombardé au monde, il a ramassé plus de bombes que la totalité des bombes larguées durant la 2e guerre

Le Laos détient une des plus fortes croissance de PIB au monde (7e quand j'y étais) , même topo qu'en Mongolie : minerais + tourisme + construction infrastructures appropriées + CHINOIS + minimum d'aides à la population + aides internationales = boum
Ca donne quoi quand tu vas au Laos ?
Ca donne qu'en même pas une génération, il y a eu l'electricité, radio, voiture, pc, internet, jeux, pornos, avions, cheveux colorés, matières plastiques,... produits du marché mondial en somme.
Concrètement ça donne une concentration des biens, richesses et pouvoirs en milieu urbain et un appauvrissement du milieu rural. Ce qui donne: du riz importé des USA en soutien dans les campagnes dans un pays principalement, voire uniquement producteur de riz.
Les villes sont immondes, habrittent des shoppings malls vides affichant des prix juste inatteignables, des structures en béton vieilles de dix ans qui semblent en avoir 90, de la pollution, des âmes errantes, regards vides, avidité, avarice ...
Prend ta mob, casse toi 1 ou 2 km parfois même pas, tu trouveras peut etre encore un dernier shop internet avec WOW sur les pc. Mamy plante le riz à la main avec maman et ses copines.
Le Laos nage dans une période de chamboulements forte, Comme tous les pays que j'ai fait d'ailleurs.
Mais le Laos est le plus beau des 3 (Thailande, Laos, Combodge), le plus costaud quand on s'éloigne. c'est un pays où les contrastes ne s'évitent pas mais où l eloignement, que je n'ai pas assez creusé est vraiment nécessaire sinon c'est vraiment flippant.
Les laotiens vivent dans une lenteur efficace, ne croyez pas qu'ils ne bossent pas ou soient fainéants, ils sont terriblement travailleurs. Juste qu'à midi tout le monde s'arrete car il fait trop chaud, et le travail recommence quand les températures le permettent.
L'opium est partout, les laos en sont encore friands même si les chimiques sont de plus en plus préférées par les nouvelles générations, le Ya Ba est une des pires que j'ai vue à l'oeuvre, metamphet super puissante...
L'opium était plus séduisant...
Je n'y retournerai pas, sans doute avez vous déjà eu ce sentiment lorsque vous vous etes rendus dans un pays: "je suis arrivé trop tard" ou "dans 5 ans ? c'est mort, ca sera bouffé", voila ce que je retiens du Laos un endroit magnifique avec des gens généreux et travailleurs, accueillants, marrants, légers, intelligents, ... mais qui a la gangrène. "
Série I
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