D’abord merci de m’avoir rejoint au « Ban Narumit », le coffee-shop de mon ami Koun Nit. C’est un peu une petite oasis dans le tumulte de la ville, à l’ambiance sympa et facile à localiser…

Si ça vous dit, là, maintenant, je voudrais vous emmener en balade jusqu’à Warorot. C’est un quartier de Chiang-Maï, hors les murs, que j’aime beaucoup pour son activité permanente, et que j’aimerais vous montrer, histoire de prendre le vent, l’ambiance… Sentir les choses…
Oh-oh, encore des clients !

Bon, comme Koun Nit a l’air occupé et que l’après-midi est déjà bien avancée, je vais juste lui faire signe qu’on y va. Après la balade on reviendra ici se rafraîchir…

Allez, hop !, c’est parti : on quitte la ruelle où se niche Ban Narumit, et d’un coup d’un seul on tombe dans le business et le bruit de Tanon Chang Moï (en français : « Voie de l’Eléphant Assoupi », si-si, c’est vrai !) qui part des remparts pour conduire jusqu’à la rivière Ping et le marché de Warorot, et qui s’étire sur un bon kilomètre.
On va devoir se faufiler entre les petites motos et les scooters garées sur les trottoirs, et faire attention à la circulation un brin « débridée » : code de la route au gré des besoins de chacun aux heures d’affluence...

Dans le passé, Tanon Chang Moï reliait la ville fortifiée de Chiang-Maï avec les débarcadères le long de la rivière Ping, un peu plus bas.

Tout le long, ce ne sont que boutiques en tous genres. Sa situation stratégique d’origine a favorisé son développement, et encore maintenant, c’est un des principaux lieux de commerce sur la ville. On trouve tout, tout, tout, ici : tissus, pièces détachées de scooters, pharmacies traditionnelles, machines-à-coudre, encadreurs, dentistes…

Là, pareil, on va se glisser entre les étals qui encombrent le passage : tranquillement, calmement. On s’excuse… un petit sourire… et voilà !

Important en Thaïlande, ça : ne jamais montrer d’agacement, de précipitation ou faire de grands gestes. Seuls calme, sourire et patience permettent de (presque) tout obtenir…
Et voilà, nous arrivons sur Warorot. Pas trop chaud ? Ca va ?..
Ici, à main gauche au bout de Tanon Chang MoÏ, il ya ce petit marché quotidien de produits très bon marché, aux étals tenus par des vendeurs descendus des montagnes environnantes , et généralement fréquentés par des clients aux très modestes revenus : un sachet de riz gluant, env. 0,12 €; un cou de poulet frit, une pochette de petits poissons frits ou une petite brochette d’abats de poulet cuits à la braise, env. 0,25 € ; un sachet de concombres ou de tomates frais, env. 0,40 € ; un kilogramme de mangues ou d’ananas, en saison, env. 0,50 €…

Les stands sont un peu faits de brics et de brocs : ferraille, bambou et pièces de bois en tous sens qui supportent de la vieille tôle ondulée ou de la bâche de toile goudronnée rapiécée. La « cuisine » est faite derrière le comptoir, dans la pénombre à même le sol, et les stocks débordent jusque sur la chaussée. Pourtant, miam-miam !, il y a plein de choses succulentes et « exotiques » à nos palais à découvrir…

Hop!, gaffe au taxi…
Là, voilà, maintenant à main droite, on entre vraiment sur la zone principale de Warorot. Un marché gigantesque à l’extérieur comme en intérieur…
Il y a aussi un très grand marché aux fleurs coupées, derrière, le long de la rivière Ping : plein d’odeurs, de parfums et de couleurs. Mais il mérite une balade à lui seul. Peut-être une autre fois…
Pour un premier contact, on va se contenter de l’extérieur de Warorot : il y a déjà tant à voir et à faire !

Comme dit plus haut, dans le temps, en Thaïlande, une très importante part du trafic commercial se faisait par voies navigables, comme ici sur la rivière Ping, en contre-bas de l’autre côté du marché. Les produits étaient ensuite déchargés, stockés, puis principalement répartis sur le marché de Warorot pour être vendus en gros ou au détail. Certains chargements volumineux ou précieux, destinés à la ville dans les murs, étaient emportés à dos d’éléphants.
Depuis, bien que tout ait évolué,le principe du marché est resté, même si plus rien n’arrive sur Warorot par bateaux ou est emmené en ville par des éléphants : pick-ups et petits camions diesel ont remplacé tout ça.

Du monde, beaucoup de monde comme toujours autour des étals de fruits et légumes frais. Il va falloir s’insérer dans le mouvement…
Et, comme partout en Thaïlande, de la bouffe en veux-tu-en voilà : légumes, fruits, viande, poisson, plats à emportés, et tout ce qu’on peut imaginer qui se mange à n’importe quelle heure…
Tiens : des fleurs coupées qui côtoient des chapeaux réalisés au crochet, et derrière, des fringues et du tissu. Et vous sentez ? On a même une bonne odeur de poisson grillé au feu de bois qui flotte dans l’air…

Allez, on s’enfonce un peu plus…
Et bousculez pas la dame qui boit son café chinois, hein !

Un peu comme sur Tanon Chang Moï, ici on va trouver de tout, mais en moins « policé », davantage dans l’esprit « bazar ». Et avant tout, encore !, de la nourriture, cependant plus élaborée et cuisinée « dans les normes ».

Un peu plus loin, si ça vous dit, on peut même manger sur place : des nouilles, des brochettes, des riz sautés…
0,50 à 1 Euro, c’est ce qu’il vous en coûtera pour un plat garni et de l’eau fraîche à volonté.

Non ? Vous préférez attendre un peu ? OK, pas de problème. De toute façon, je crois que ça commence à remballer : regardez, on roule déjà les parasols et des pick-ups de chargement s’approchent…

Parce qu’à partir de 18h00, c’est un marché de fringues et accessoires qui va prendre la place, jusqu’aux environs de minuit. Et à ce moment-là encore : nouveaux stands de bouffes en tous genres qui vont s’installer aussi. En fait, beaucoup de ces stands seront tenus par des gens qui en font un second job après leur journée de travail afin d’augmenter leurs revenus et de vivre plus décemment… L’administration est très coulante avec les règles, les taxes et les normes de ces marchés. C’est une certaine façon « d’aider» à créer un climat social « apaisé »…
Bon, allez, on a peut-être assez cavalé comme ça pour cet après-midi, non ? Qu’en pensez-vous si on se fait ramener chez Koun Nit en touk-touk ?

Il y en a justement deux qui attendent, là… Ca vous tente ? Allez, go !
Et quelques manœuvres plus tard nous voilà sur le retour vers Ban Narumit, installés « relax » dans notre touk-touk, et l’esprit bercé par les pétarades et les fumées bleues du moteur deux-temps…
On tourne, on vire, on tressaute, on remonte parfois des voies à contre-sens dans un lacis sans fin de petites ruelles que les pilotes de touk-touk connaissent par coeur : en deux temps et trois mouvements, nous voilà à destination.
Et juste comme on arrive, super !, Koun Nit à l’air moins occupé et nous reçoit tout sourire.

Koun Nit : « Klap Ma Léo La ? Sanouk Maï ? » (Vous voilà revenus ? C’était divertissant ?)
Moi : « Sanouk Krap. Kin Kanom, Daï Maï Krap ?… » (Très divertissant. On peut manger un petit quelque chose ?…)
Koun Nit acquiesce en souriant, bien sûr: tellement gentil...
D’abord une grande carafe de citronnade au miel, bien fraîche, ça vous dit ?
Et si vous avez un petit creux, je vous suggère une pâtisserie-maison : forêt noire, gâteau au fromage, cake aux fruits, tiramisu et plus encore... C’est l’épouse de Koun Nit qui les fait. Et j’vous dis pas : un vrai régal !
Pour moi, c’est sûr, ce sera une forêt noire.
Et pour vous ?
___________________________
Petit conte sans prétention illustré d’après des scans de tirages de lecture sur scanner de bureau Epson (désolé, pas de scanner de négas).
Olympus Trip 35, Yashica Electro 35, Bessa R3M.
Kentmere 400, Ilford HP5, Kodak Tri-X, en traitement « standard ».
