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Etat des lieux et avenir de la photo

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Neil
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Etat des lieux et avenir de la photo

Message par Neil »

Je vous propose de bavarder un peu de l'état actuel de la photographie, et de la façon dont vous envisagez son avenir. Le tableau qu'on veut bien nous brosser ici où là est-il si alarmant que cela ?

Il existe un document intéressant édité par l'Observatoire des Professions de l'Image, intitulé Les chiffres clés du marché de la photo en France et en Europe en 2006. Je vous invite à le parcourir et à donner votre avis. Je le met ici en téléchargement libre (format PDF, 1 Mo) : http://perso.orange.fr/garabarth/OPI_2007.pdf

Jamais l'image n'a eu une place si importante dans notre société. Et jamais on a autant pratiqué la photographie. Presque la moitié des foyers français sont équipés d'un ou plusieurs appareils (incluant ceux qui sont intégrés dans les téléphones portables). En moyenne, un foyer équipé prend une centaine de photos chaque année. Le numérique s'est largement démocratisé, les appareils compacts et reflexs étant de moins en moins onéreux et de plus en plus pratiques (entendez par là nécessitant moins de connaissances préalables). La globalisation du haut-débit, associée au fait que la majorité des foyers français sont aujourd'hui équipé d'un ordinateur, a encouragé ce phénomène. De même que l'idée qu'"il est facile de prendre une photo" et la convivialité du numérique (je fais une photo et je l'imprime immédiatement ou je l'envoie à qui je veux par email ou je la met en ligne sur mon blog).

Toutefois, ce phénomène est relativement récent. Il commence aujourd'hui à montrer ses limites. D'abord séduits par le principe du numérique et son caractère "bon marché", nombre de consommateurs/utilisateurs affirment à présent être déçus par les faibles possibilités offertes par les compacts et les imprimantes photo familiales et souhaiteraient des solutions plus performantes. On a assisté en 2006 à un recul visible des ventes de compacts au profit des reflexs, de même quà un délaissement des imrpimantes au profit du tirage argentique d'images numérisées chez des professionnels. Le photographe amateur retrouve une exigence de qualité de l'image : finalement l'invasion dans tous les milieux amateurs ou professionnels de l'image "low-fi" (une image d'amateur kleenex, peu coûteuse, prise avec un portable, par exemple) n'aura sans doute pas lieu !

Se tournant vers des solutions "expert" les utilisateurs sont mis face à la nécessité d'apprendre les rudiments de la photographie pour mieux exploiter leur nouveau matériel. Si les constructeurs proposent toujours plus de programmes et d'automatismes sur les appareils, il n'en demeure pas moins que pour passe du simple cliché à une photographie plus esthétique et personnalisée, mais aussi pour résoudre certains problèmes à la prise de vue, les utilisateurs doivent "maîtriser" les modes manuels et semi-automatiques de leur machine.

La totale autonomie du photographe amateur a un prix élevé. Elle nécessite par exemple l'achat d'une imprimante haut de gamme dont les consommables sont chers. Il est admis par un nombre de plus en plus important de consommateurs que l'impression à base de colorants "à la maison" n'est pas la meilleure solution en termes de qualité et de durabilité. Il y a derrière cela le besoin récurent de disposer de tirages de qualité, que l'on peut "toucher" et qui traverseront les âges sans encombre. C'est pourquoi les minilabs, photographes de quartiers ayant su s'adapter, bornes d'impression proposant du tirage sur papier argentique ne sont pas déjà enterrés même si ces professionnels tendent à se regrouper (Phox, etc...) pour mieux faire face à "la crise".

Il semble absurde d'imaginer qu'on aura bientôt plus besoin de professionnels pour fournir des images à la société de consommation. Premièrement la techologie ne cesse d'évoluer "en bas" comme "en haut". Lorsqu'un nouveau reflex d'entrée de gamme est mis sur le marché, il en est de même pour un reflex haut de gamme proposant toujours plus de fonctionnalité et de qualité d'image. Il en est de même pour les solutions d'impression. Les compétences nécessaires à l'utilisation de ce matériel évoluent de pair. L'utilisation du matériel le plus performant nécessite un investissement financier important rentabilisable dans un cadre professionnel sur plusieurs années, de même qu'une vraie formation technique qui n'est pas à la portée de tout un chacun. Deuxièmement, la prise de vue spécialisée restera toujours une affaire de profesionnels ; qu'il s'agisse de la photographie de sports, de spectacles, d'animaux, de "people", le reportage ou documentaire, les images destinées à la publicité... Ces domaines particuliers font appel à des connaissances et à un matériel pointus, de même qu'à une transversalité de compétences annexes qui peuvent être très diverses. Le "paparazzi" par exemple est non seulement un photographe émérite, mais c'est aussi un spécialiste de l'investigation, de la filature, de la "planque".

Ainsi, il existera toujours un fossé entre la photographie d'amateur et professionnelle tant que le consommateur exigera des images de qualité.

Ces deux mondes existent donc toujours, qui plus est pour des raisons culturelles. L'amateur continue plus que jamais à faire la différence entre les photos qu'il prend ("instantanés" des vacances, réunions familiales etc...) et qui ont une fonction de "souvenir" la plupart du temps, et la photographie spécialisée qu'elle soit artistique ou non. Puisque les gens sont de plus en plus nombreux à posséder un appareil et à l'utiliser, ils peuvent en outre d'autant juger la différence. De plus l'aura de la "grande photographie" reste importante. C'est l'image du photographe-artiste qui expose ses tirages où dont on voit les livres à la FNAC, ou celle du grand reporter d'images qui sait rendre compte des faits en préservant l'émotion.

Le côté "sacré" de cette photographie semble associé au noir et blanc, à une époque où la couleur domine la publicité et les médias en général. Le noir et blanc est nécessairement un choix artistique. Il reste également associé à la photographie argentique bien que nombre de numéristes s'y essayent ! Ainsi, les appareils argentiques en voie de disparition (les grands constructeurs en ayant annoncé l'arrêt de la production) jouissent d'un prestige inattendu.

La démocratisation du numérique et sa généralisation ont provoqué l'abandon par les grands industriels de la production de matériel argentique. Il résulte de tout cela, comme on le sait, une démocratisation égale de l'argentique sur le marché de l'occasion ; pour le prix d'un reflex numérique bas de gamme on peut s'équiper avec un boîtier argentique de qualité, plusieurs objectifs voire un labo complet. Les fabricants et vendeurs de consommables, s'ils se sont raréfiés, n'ont pas encore mis la clé sous la porte et sortent même de nouveaux produits (voire en ressortent d'anciens) !

Toutefois la photographie argentique est en train de devenir le fait d'une certaine élite, une catégorie de personnes jouissant d'un savoir dont l'accès, hier aisé, tend à devenir difficile. La littérature consacrée devient indisponible. On pourrait dire que l'argentique est, plus que jamais, un "artisanat d'art" avec tout ce que cela suppose de connotations (un ensemble de méthodes et d'outils compliqués servant un produit de qualité mais considéré comme désuet). mais ce qui est encourageant c'est de voir qu'un certain nombre d'amateurs ayant découvert la photographie par le numérique finissent par s'intéresser à l'argentique pour toutes sortes de raisons. Preuves en sont le marché énorme de l'occasion et le succès des stages de prise de vue ou de tirage.
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Georgesh
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Re: Etat des lieux et avenir de la photo

Message par Georgesh »

:D Salut, Neil, je n' ai pas tout lu. j' y reviendrai.
Un point peut-être non évoqué. Le statut de photographe pro , travaillant pour la presse, est en danger. De moins en moins d' organes de presse financent les déplacements et les travaux de reporters d' images sur le terrain. Par économie, essentiellement. On s' attend à ce que les patrons de presse fassent appel à des correspondants, prestataires de service , indépendants, même pas pigistes. On s' attend aussi à l' apparition de blogeurs bénévoles " citoyens " de type agora-vox, qui enverront leurs images prises avec des téléphones. La profession réfléchit sur le sujet, et ce sera au mieux - disant, au détriment du professionalisme.
Dans d' autres secteurs de l' information qui utilisent l' image ( journaux municipaux, journaux d' entreprise, secteur de l' intranet ), les concepteurs prennent des " illustrations " dans des banques d' image gratuites, ou reproduisent sans tenir compte des droits les photos d'auteur trouvées sur le net. La photo, comme message, comme reportage, comme langage et comme oeuvre de création perd son poids au bénéfice de la photo d' illustration non rémunérée. Là aussi, on ne fait plus appel à des reporters d' images. :wink:
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Re: Etat des lieux et avenir de la photo

Message par tarabucetta »

J'ai pas encore lu, je le ferais !

Si ça vous intéresse j'ai un article du mensuel "Le photographe" sur la métamorphose et l'avenir du tirage noir et blanc. Il s'agit d'une série d'interview de grands labo tels qu'Imaginoir, Cyclope, ...
Trés intéressant, avec des avis trés différents.

C'est asse long donc ce serait mieux que je vous l'envoie par mail.
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Georgesh
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Re: Etat des lieux et avenir de la photo

Message par Georgesh »

Neil a écrit : Il semble absurde d'imaginer qu'on aura bientôt plus besoin de professionnels pour fournir des images à la société de consommation.

Deuxièmement, la prise de vue spécialisée restera toujours une affaire de profesionnels ; qu'il s'agisse de la photographie de sports, de spectacles, d'animaux, de "people", le reportage ou documentaire, les images destinées à la publicité... Ces domaines particuliers font appel à des connaissances et à un matériel pointus, de même qu'à une transversalité de compétences annexes qui peuvent être très diverses. Le "paparazzi" par exemple est non seulement un photographe émérite, mais c'est aussi un spécialiste de l'investigation, de la filature, de la "planque".
Tu te fais des illusions ( peut-être pour te rassurer...)
Le mouvement est enclenché depuis une bonne dizaine d' années dans la presse. Actuellement, les sites internet des quotidiens nationaux acceptent les images d' amateurs, les gratuits papier demandent, sous prétexte de " vérité ", de l' image ponctuelle, immédiate, d' amateurs non rémunérés. Les reportages, en information locale, qui étaient faits par des binômes 1 journaliste / un photographe, sont en voie de suppression pour des motifs économiques ( A la Voix du Nord depuis au moins 8 ans...)
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Re: Etat des lieux et avenir de la photo

Message par Neil »

Tout à fait Georgesh. Ca va même plus loin dans la mesquinerie et le cynisme puisque suite au rachat et regroupement des agences et groupes de presse les JRI "pros" voient leurs images rachetées pour une bouchée de pain et reproduits à l'infini dans toutes sortes de médias sans rémunération complémentaire. Un bras de fer est en en train de se produire ; il y a fort à parier que les mammouths en sortent vainqueurs une fois de plus au nom du libéralisme sans foi ni loi, mais un petit espoir de refonte de la legislation demeure.
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Re: Etat des lieux et avenir de la photo

Message par tarabucetta »

Sur ta première intervention GeorgesH, je te rejoins totalement.
Mais il faut nuancer la deuxième, car la loi sur le "happy slapping" a comme effet pervers, d'itnerdire à toute personne non titulaire d'une carte de presse, de photographier ou de filmer des événements violents (si ça c'est pas de l'atteinte à la liberté !).
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Georgesh
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Re: Etat des lieux et avenir de la photo

Message par Georgesh »

:D Le happy slapping, c' est quand même différent, un sport de collégien plutôt nauséabond. L' internet citoyen, avec le réseau des blogs et des sites d' information citoyenne, et des sites comme agora-vox, réfléchissent au phénomène nouveau de l' information colportée par des non-professionnels. La presse écrite et les syndicats de journalistes aussi.
C' est beau, comme sujet de discussion, mais, cela se fait au détriment de la qualité, de la formation , et des emplois éventuels pour des JRI ou des pro de l' image. 8)
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Re: Etat des lieux et avenir de la photo

Message par Neil »

Quoi qu'il en soit, il n'est pas possible aux amateurs de systématiquement prendre des photos où, quand et comment ils le souhaitent. Portable ou non. C'est aussi la différence entre amateur et pro que d'être là au bon moment et de garantir l'illustration correcte de tel article. Une "tracabilité" de l'image numérique est aussi en cours de conceptualisation, reposant notamment sur des critères d'authenticité ; car quel quotidien pourrait se targuer de fournir au grand public une information fiable alors que les images publiées proviennent d'anonymes pouvant tout aussi bien avoir "fait le boulot" dans un contexte totalement différent, voire modifié l'image à des fins diverses ?

Vis-à-vis de tout cela il me semble qu'on est encore dans une période de chaos parce que le phénomène numérique est relativement récent et que la société doit trouver des moyens de s'y adapter au mieux.

Tu cites des exemples particuliers : catalogues d'entreprises, publications semi-privées, voire faits divers dans la presse locale ou gratuite. Finalement tu parles de domaines où le public n'a pas besoin de voir des images authentiques et de qualité. Je doute que cela se généralise. Par exemple je vois mal Rock&Folk publier en pleine page des photos de concerts prises avec un portable depuis le public : ils auraient non seulement les lecteurs mais aussi les maisons de disque sur le dos ! Et puis je suis peut-être naîf mais je préfère continuer à croire en l'éthique des grands magazines (d'information ou autres) dont les patrons estiment (ou estimaient) que cette dernière est aussi un argument de vente. Il en existe encore des comme ça. Le jour où ils changeront qu'en pensera le public ?
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Re: Etat des lieux et avenir de la photo

Message par tipi »

Oui, je crois que tout ce que tu dis est vrai. Le numerique est une vague de fond qui a enclenche un mouvement irreversible. Un petit bemol cependant sur la deception apportee par les compacts numerique: elle est reelle pour l'ergononie (faut voir ma femme pester contre la latence au declenchement, ou ma mere se plaindre qu'elle ne comprend rien a son appareil). Elle est moins evidente sur les tirages: en argentique, combien de fois avons nous eu affaire a un labo qui salopait les tirages ? Franchement, les tirages qu'on peut faire avec un numerique sont d'un excellent niveau.
Un commentaire optimiste sur l'argentique et en particulier le noir et blanc: autour de moi, si les copains de ma generation (40taine bien tapee) me regardent bizarrement quand je sors mon matos argentique, je vois que des jeunes s'y interessent beaucoup. La fille d'une amie s'est achete un Nikon FM, et celle d'une autre m'a demande de l'initier au labo.
Tiens, ce sont deux filles... et sur le forum on voit beaucoup de jeunes filles s'y mettre... la photo argentique serait elle feminine ?
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Georgesh
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Re: Etat des lieux et avenir de la photo

Message par Georgesh »

Neil a écrit :Quoi qu'il en soit, il n'est pas possible aux amateurs de systématiquement prendre des photos où, quand et comment ils le souhaitent. Portable ou non. C'est aussi la différence entre amateur et pro que d'être là au bon moment et de garantir l'illustration correcte de tel article.
Le site agora-vox, est fondé sur une conception totalement opposée. L' information est mondialisée. Il y aura toujours quelqu' un au bon endroit, au bon moment, pour voir l' evénement, , prendre des images, et l' écrire. 2880 rédacteurs bénévoles.
L' idée d' " illustration correcte " n' est pas importante, ce qui compte, c' est la rapidité de réaction,et l' image choc. Très peu de français moyens ont des bases pour faire de l' analyse d' image. " Je l' ai vu dans le journal " ça suffit comme justification. 8)
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Re: Etat des lieux et avenir de la photo

Message par Papouleu »

tarabucetta a écrit :Sur ta première intervention GeorgesH, je te rejoins totalement.
Mais il faut nuancer la deuxième, car la loi sur le "happy slapping" a comme effet pervers, d'itnerdire à toute personne non titulaire d'une carte de presse, de photographier ou de filmer des événements violents (si ça c'est pas de l'atteinte à la liberté !).
faut quand même pas transformer des collegiens violents en reporters censurés... je ne pense pas qu'un citoyen lambda qui filmera un évenement soit concerné, sauf s'il avait la possibilité de sauver la victime et qu'il a préféré filmer... le reporter pro qui agirait ainsi, est aussi punissabel de non asssitance à personne en danger.
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Re: Etat des lieux et avenir de la photo

Message par Neil »

héhé Tipi oui c'est vrai... Même autour de moi je vois des jeunes s'y mettre ! :D C'est peut-être un besoin de se différencier, mais je crois que c'est surtout la conséquence d'une certaine vision culturelle : le compact numérique sert à la photo de tous les jours, mais l'argentique est associé à l'art photographique.

Sur le tirage argentique : je parle du tirage sur papier argentique de photos numériques. Je fais faire cela par mon photographe de quartier : j'obtiens ainsi des tirages respectant les tons, le modelé et dont la durabilité est optimisée au maximum. Je ne pourrais pas obtenir une telle qualité avec une imprimante. Jusqu'à présent les solutions d'impression étaient très séduisantes voire apparaissaient comme un remplacement efficace et peu onéreux du tirage argentique. Sans nul doute les industriels ont-ils su "vendre" leur matériel grâce à des arguments face auxquels le consommateur est aujourd'hui plus critique.

On ne peut pas nier qu'il y a eu une frénésie autour du numérique depuis quelques années, poussant les gens à croire tout ce qu'on leur racontait, à tout acheter et essayer en se disant que le "tout, tout de suite, bien et gratos" était enfin possible pour la photo ! Mais on assiste bel et bien, chiffres à l'appui, à une montée de l'exigence et surtout à un plus grand recul critique face à tout cela. Si une partie de la population se fiche totalement de la qualité des images, une autre partie de plus en plus importante s'y intéresse. C'est aussi un phénomène et un enjeu socio-culturel : la photo est devenue un moyen de valorisation et de communication de soi au même titre que d'autres nouveaux médias.

Tiens puisqu'on parle de nos mères :lol: la mienne s'est acheté un compact numérique il y a quelques mois de cela. le principe l'a immédiatement séduite ! Et la voilà qui mitraille à longueur de journée, prenant son blog-photo comme un prétexte. Assez vite elle est devenue critique sur la qualité des images produites, et a voulu maîtriser davantage son outil... Elle s'est achetée un reflex, et elle commence donc à s'intéresser à la théorie photo pour mieux sortir des automatismes impersonnels et produire des images de qualité. D'ici à ce qu'elle revienne à son vieux reflex argentique et à l'agrandisseur à mon avis il n'y a qu'un pas ! :lol:
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Re: Etat des lieux et avenir de la photo

Message par TheMaxou »

Papouleu a écrit :
tarabucetta a écrit :Sur ta première intervention GeorgesH, je te rejoins totalement.
Mais il faut nuancer la deuxième, car la loi sur le "happy slapping" a comme effet pervers, d'itnerdire à toute personne non titulaire d'une carte de presse, de photographier ou de filmer des événements violents (si ça c'est pas de l'atteinte à la liberté !).
faut quand même pas transformer des collegiens violents en reporters censurés... je ne pense pas qu'un citoyen lambda qui filmera un évenement soit concerné, sauf s'il avait la possibilité de sauver la victime et qu'il a préféré filmer... le reporter pro qui agirait ainsi, est aussi punissabel de non asssitance à personne en danger.
Difficile à dire, long débat... Que reprocher au photographe qui a pris cette petite fille vietnamienne entrain de fuire les bombes au napalm ???

Comment être reporter de guerre aujourd'hui ??? Reporter sur les lieux d'attentats ??? C'est une question difficile ! et c'est un peu loin du sujet de Neil... :wink:
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Re: Etat des lieux et avenir de la photo

Message par Papouleu »

non cela ne concerne pas cela. Que reproche ton? à des jeunes de tabasser un collêgue pour filmer par exemple.
Demain il y a un attentat à la bombe: on ne va pas poursuivre un photographe amateur ou pro pour happy slapping ou non assistance à personne en danger, non? par contre, s'il y a effectivement quelqu'un en danger et dont le sauvetage est à sa portée, là c'est quelque peu différent amateur ou pro. Mais nul ne peut te reprocher de ne pas te jeter dans un fleuve en crue pour sauver quelqu'un si tu risques de te noyer. Aprés, photographier ou pas est une question d'éthique.
Il faut éviter les amalgames et réfléchir.
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Re: Etat des lieux et avenir de la photo

Message par Neil »

Comment être reporter de guerre aujourd'hui ??? Reporter sur les lieux d'attentats ??? C'est une question difficile ! et c'est un peu loin du sujet de Neil...
la différence ne réside pas tant dans les compétences techniques du photographe que dans ses qualités humaines. Le vrai photoreporter connaît le sujet, il est immergé dans l'environnement, il a un regard critique affuté par sa formation, son expérience... Il sait être là au bon moment et se faire accepter. Il ne déclenche pas sans avoir réfléchi au message de sa photo, à ses conséquences, à sa correspondance avec l'article qui sera écrit lequel est lié à une ligne rédactionnelle déterminée...

Ce que j'essaye de dire c'est que la différence entre l'amateur et le pro ne se joue pas qu'au niveau du matériel et de sa maîtrise technique. Et qu'il résulte de ce "plus" une qualité nécessaire à la fiabilité, à la viabilité et donc à la rentabilité de l'information. Je veux croire que la crise actuelle se résorbera pour qu'on en revienne pleinement à ce principe non pas parce que c'est bien d'un point de vue philosophique mais parce que c'est économiquement nécessaire. Mais cela ne peut se faire sans un changement des mentalités du public : je parle d'éducation à l'image.
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Re: Etat des lieux et avenir de la photo

Message par Lionel »

Je suis très surpris que le milieu professionnel s'intéresse aux photos d'amateurs. Avec les possibilités actuelles, elles peuvent être complètement modifiées et n'offrir que quelques pixels d'origine.

Je pense que les pros ont une certaine déontologie. Enfin pas tous... :wink: Ca me rappelle des photos prises lors de la guerre récente au Liban. Un photographe de l’agence Reuters avait rajouté (assez grossièrement) de la fumée là où il n'y en avait pas...
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Re: Etat des lieux et avenir de la photo

Message par tarabucetta »

Papouleu a écrit : faut quand même pas transformer des collegiens violents en reporters censurés... je ne pense pas qu'un citoyen lambda qui filmera un évenement soit concerné, sauf s'il avait la possibilité de sauver la victime et qu'il a préféré filmer... le reporter pro qui agirait ainsi, est aussi punissabel de non asssitance à personne en danger.
Je ne confonds pas les collégiens et les reporters !
Mais ce que je dis, c'est vérifié pendant les émeutes à la gare du Nord. Le soir mêmes des dizaines de vidéos amateurs sur Youtube et consorts, le lendemain elles avaient été enlevées, sous peine de poursuites pour l'hébergeur et pour celui qui avait posté la vidéo.
Pourtant j'aurais préféré voir les vidéos amateurs pour me faire une vraie idée de ce qui c'est passé, plutôt que de voir les images du JT de TF1 en pleine campagne électorale !!!
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Re: Etat des lieux et avenir de la photo

Message par Lionel »

Parce que tu penses qu'il n'est pas possible de manipuler avec une vidéo amateur ?
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Re: Etat des lieux et avenir de la photo

Message par tarabucetta »

Bien sûr que si, mais avec si cette loi avait existée aux USA en 1991, il n'y aurait jamais eu d'affaire Rodney King par exemple. Et quelqu'un qui filmerait des flics passant à tabac un jeune, risque aujourd'hui 5 ans de prisons fermes !
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Re: Etat des lieux et avenir de la photo

Message par tarabucetta »

La Liberté d'informer en prend un serieux coup
traduction de l'article http://www.macworld.com/news/2007/03/06 ... lsrc=mwrss

La France interdit aux journalistes citoyen de rapporter des faits de violence Par Peter Sayer, Service De Nouvelles d'Idg

Le Conseil constitutionnel français a approuvé une loi qui criminalise le pelliculage ou l'annonce des actes de violence par des personnes autres que les journalistes professionnels. La loi pourrait mener à l'emprisonnement des témoins oculaires qui filment des actes de violence policiaires, ou les opérateurs du Web publiant les images, un groupe français de libertés civiles à averti mardi.

Le conseil a choisi un anniversaire malheureux pour éditer sa décision approuvant la loi, qui est venue exactement 16 ans après que des officiers de police de Los Angeles battant Rodney King a été filmée par le videographer d'amateur George Holliday dans la nuit mars de 3, 1991. L'acquittement des officiers à l'extrémité avril 29, 1992 a lancé les émeutes de Los Angeles. Si Holliday devaient filmer une scène semblable de violence en France aujourd'hui, il pourrait finir en prison en raison de la nouvelle loi, rapporte dit le Pascal Cohet, un porte-parole pour le groupe français Odebi de libertés civiles. Et n'importe qui éditant de telles images pourrait être « punis » de cinq ans en prison et une amende de ?75,000 (USS98,537), potentiellement une « peine » plus dure que la personne qui commetrait l'acte violent.

Les sénateurs et les membres de l'Assemblée nationale avaient demandé au conseil consittutionnel de donné leurs avis sur six articles de la loi concernant la prévention de la délinquance. Les articles traitent de la delation devant être faite par les travailleurs sociaux ainsi que les peines des mineurs, Le conseil a recommandé un changement mineur, pour réconcilier des amendements contradictoires votés au parlement. La loi, proposée par le ministre de intérieur Sarkozy, est prévue pour maintenir vers le bas sur un éventail d'offenses publiques d'ordre. Pendant la discussion parlementaire de la loi, le gouvernement au pouvoir a dit qu'etais une offense le fait de filmé des actes de violence comme le « happy slapping » dans lequel une attaque violente etais filmé par un complice généralement avec un téléphone muni d'appareil-photo, pour l'amusement des amis de l'attaquant.

La large rédaction de la loi afin de criminaliser les activités des journalistes de citoyen indépendants au même titre que les personnes commetant les violences n'est pas un accident, mais plutôt une décision délibérée par les autorités, a indiqué Cohet. Il est concerné que la loi, et d'autres étant discutées toujours, mèneront à la création d'un système juridique parallèle consitutant à controler la publication d'information sur internet.

Le gouvernement a également proposé un système d'homologation des sites Web, des blogs, des opérateurs téléphonie mobile , les identifiant en tant que sources "gouvernement-approuvées" d'information s'ils adhèrent à certaines règles. Les journalistes de l'organisation RSF ( reporters sans frontieres), qui fait campagne pour une presse libre, a averti qu'un tel système pourrait mener à la censure, auto-censure d'organisations inquiete de perdre leurs certification en supprimant certain articles
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