Cet ami commun m'appelle et me dis qu'Arnaud cherche un assistant, qu'il faut je l'appelle. Génial me dis-je. Allons y les enfants, c'est la fete du slip chez les Dupond.
Lundi matin, 8h, je viens de passer la nuit à composer un morceau, couché à 4h... le telephone sonne, Arnaud : "je vais aller shooter en exterieur aujourd'hui, tu peux etre dans 1h en bas de chez moi ?" Moi - et la petite voix tremblante du matin, les yeux collés... : "euh, 1h15 c'est bon ?"
quelques heures plus tard, on arrive au studio, on charge le matos, je fais la connaissance de Jacques, que 5 semaines de travail en studio sur un catalogue de meubles attendent... Jacques, je l'apprendrais plus tard, un grand photographe dans les 80's, principalement dans la photographie culinaire. des photos superbes à l'entrée du studion en attestent.
on charge le matos : une chambre, un mamiya, un eos 5D, des objos pour tout ca, et un dos numerique. un trepied de ouf, et quelques eclairages torches dont la caisse de generateurs est un enfer pour mes petits mollets.
arrivés sur place : à coté de la prison, odeur d'egout au relan, dans un centre militaire tout neuf où s'entrainent 6h par jour aux abdos et lutte, le service ultra balaise des gros bras d'assaut anti emeutes dans le penitencier de seysses. moi et mon chignon, mon short baggy et mon t-shirt Rocca (comme les chiottes...) immense, on a droit à des sourires nerveux et des regards en coin. un truc me dit que si je leur dit juste comme ca que ma grand mere est née à Constantine, ca va pas passer creme. fausses idées, les types sont cools.
le ciel se couvre un peu trop vite, on est mort pour les photos exterieures. mais les archis commanditaires des photos en veulent aussi de dedans. donc on s'atele au couloir.
30m de long, une grande piece en fond, avec le logo de l'esquad à avoir au cadrage. un eclairage halogene, qui rend donc une lumiere verte en photo. + un eclairage lumiere du jour venant d'une ouverture en longueur dans le plafond. des portes de part et d'autre.
deballage de la chambre. je pense ces photos faisables au 24*36, au mamiya ou au 5D... mais je dis pas un mot là dessus. on deballe, il monte, j'admire la bestiole. je reve.
dos numerique. je constate rapidement qu'Arnaud est de ces pros qui, comme Jacques egalement, passent au numerique et essaient tant bien que mal de s'adapter. mais Arnaud est critique, une critique objective. appreciable et fine. instructive. personnellement, son truc ce serait le stenopé et les polas... pour ses projets persos, donc...
je remarque que le dos numerique en question, chef d'oeuvre technologique, n'en est pas un en matiere de praticité. le depoli qui va avec est sombre comme le pelage d'un terre-neuve. et la mise au point prendra donc tout son temps.
les optiques pour ce genre de dos ne sont pas utilisables au delà de f16, selon Arnaud et son revendeur. les photos sont de pietre qualité si on s'avance vers les 22, les 32 ou les 64.
le dos est relié par firewire au MacBook. toute une logistique.
on dresse une torche, parce que sans elle, sans flash, le premier plan est ric rac... fade. une torche au 1/100, un regal de tester les eclairages et de paufiner tout ca.
pour cadrer, il faut decentrer la chambre. et pour le cadrage en question , on abandonne le soufflet accordeon et on passe sur un soufflet ballon, dont je fais la connaissance pour la premiere fois. marrant ce machin.
les photos prennent une eternité à etre prises. pas moins de douze. je trouve ce nombre ridicule. au numerique j'en fais 300, voire 500 par seance moi !!

douze photos pour 3 angles de pdv... et seulement deux shoots de statisfaisant. Arnaud est pas transcendé par son sujet, son objet, et son traitement numerique. ca l'enerve toute cette logistique.
le soleil repointe le bout de son nez, il est 16h.
on sort shooter l'exterieur.
Arnaud annonce la couleur. et oublie le numerique. va chier. dehors, on va se regaler en argentique. le portable, la logistique tout ca, trop galere dehors.
donc pola et ecta 100. le depoli est d'un lumineux, Fresnel est un gentilhomme. on repere ensemble (quel honneur...) quels points de vue sont les meilleurs pour mettre en avant le batiment. Arnaud multiplie les savoureux "toi, qu'est-ce que tu en penses"... et me corrige quand il y a mieux à faire que ce que je propose, tout en m'expliquant le pourquoi du comment. l'archi c'est pas mon truc à la base, mais les regles sont valables sur tout terrain.
Arnaud tourne, se penche, se baisse, s'accroupit, mesure la lumiere, ferme un oeil, retourne sur d'autres points de vue. et choisit.
beaucoup plus rapide, energique. le travail durera 4h30 en tout en exterieur. mais ca passera nettement plus vite qu'à l'interieur.
cadrage et map fait, dos pola. la pola sort comme un test. charge à l'ecta, et gaz. double cliché. un filtre 81A si besoin. on apose le pola sur le dos 4*5 contenant les ectas, et on note au dos du pola les infos sur la pdv.
shoot suivant, et encore un autre. 3 angles en exterieur cette soirée là.
sur le dernier dans la precipitation, on gaspillera quelques polas et ectas à laisser ouvert en chargeant, ou en ouvrant le mauvais coté du dos (celui qui donne sur le depoli)...

le travail de chambre pro est tres precis. refaire la map tres souvent à la moindre vibration, meme si un coup de vent. genial quoi.
bref. journée errintante mais instructive au possible. au possible etant l'expression qui va autant au second qu'au premier adjectif de la phrase.
à renouveller bientot logiquement.
tErU