Tout d'abord, parce que cet appareil massif (il pèse 1,3 kg) créé par Fuji a un look "Art déco" qui sort du commun :

Et puis aussi parce que Fuji n'a pas lésiné sur les moyens pour en faire un appareil haut de gamme : construction superlative avec des matériaux de qualité, avance avec détection automatique du début du film et réglage de la vitesse et du diaphragme par deux molettes de chaque côté de l'objectif de prise de vue avec fenêtres sur le dessus de l'objectif de visée permettant de voir les valeurs sélectionnées depuis le dessus de l'appareil, tout comme sur le Rolleiflex. Comme sur le prestigieux modèle allemand aussi, Fuji a choisi un objectif de qualité à 5 éléments en trois groupes ouvrant à f/2.8 :

Mais c'est là que se trouvent les premières singularités de l’appareil qui n'en font pas une copie servile du Rolleiflex. Cet objectif n'est pas un Planar ou un Heliar mais il s'agit d'une formule optique originale avec un bloc de trois lentilles collées à l'avant de l'objectif. Et puis sa longueur focale de 83mm fait penser aux valeurs bizarres des objectifs de chez Pentax !
Le film se déroule dans l'appareil en sens inverse du Rolleiflex : comme sur le Minolta Autocord par exemple, la bobine pleine est placée en haut et le film vient s'enrouler sur la bobine vide en bas, après avoir fait un coude à 90°. C'est ce tournant abrupt qui fait dire aux partisans de ce système qu'il est supérieur à celui utilisé par Rollei et bien d'autres fabricants. En effet, sur le Fujicaflex ou l'Autocord, le film vient directement de la bobine pleine vers la fenêtre d'exposition et c'est ensuite, une fois la photo faite, qu'il subit ce virage à 90° qui est susceptible de lui faire perdre sa planéité. Alors que sur les autre appareils, le film est coudé avant la fenêtre d'exposition et il est donc possible que cela nuise à sa planéïté au moment où la photo est prise, surtout s'il a séjourné quelques temps dans cette position au sein de l'appareil.
Une autre particularité du Fujicaflex est que le bouton d'avancement du film, qui est situé sur le côté gauche du boîtier vu de face, est aussi le bouton de mise au point ! En position enfoncée, il sert à manœuvrer la crémaillère de mise au point, alors que si on le tire, il permet d'avancer le film et d'armer l'obturateur.
Au-dessus des molettes d'ajustement du diaphragme / vitesse et entre les deux objectifs se trouve une autre originalité de cet appareil : une roulette crantée qui permet d'actionner le dispositif de mise au point rapprochée. En utilisant le bouton rotatif situé sur le côté du boîtier, on peut mettre au point jusqu'à 1,2 m. En manœuvrant la roulette crantée située entre les deux objectifs, on met en rotation des hélicoïdes de mise au point tournant en sens opposé sur chacun des deux objectifs qui permettent d'atteindre 0,7 m (sans correction automatique de la parallaxe).
Et enfin, une particularité originale supplémentaire de ce modèle hors du commun est la possibilité de placer le bouton de déclenchement de l'obturateur à gauche ou à droite du boîtier. En effet, le bouton se dévisse et peut se placer indifféremment dans l'un des deux réceptacles prévus à gauche et à droite sous l'objectif de prise de vue.
Bref, ce Fujicaflex est un appareil original mais il était vendu très cher à sa sortie sur le marché japonais en 1954. Il n'a pas rencontré le succès escompté et n'a jamais été exporté. Il a donc été très peu produit et on estime le nombre d'exemplaires commercialisés à 1 200 seulement. Il est donc maintenant très rare en dehors du Japon et, même dans son pays d'origine, sa cote actuelle le réserve à des collectionneurs fortunés...
Amitiés,
Abbazz