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De la gravure rupestre au DVD...

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hyperfocale
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De la gravure rupestre au DVD...

Message par hyperfocale »

Bonsoir,

Au fil de son histoire, l'humanité a toujours stocké des informations, depuis les premiers hiéroglyphes et les peintures murales, en passant la sulpture et l'écriture, pour arriver aux moyens modernes.

Concentrons nous sur le stockage de l'iconographie (toutes les images fixes ou animées), mais nos propos restent valables pour les textes et autres données (littérales ou bien numériques).

A mesure que nous avons été capables de stocker toujours plus d'informations, et toujours plus vite, ce fut sur des supports toujours plus fragiles et limités dans le temps.

Un obélisque (ou une colonne), couvert d'inscriptions et/ou de bas-reliefs, garde ces informations pendant quelques millénaires (si la pollution...).

Par contre, un parchemin dure un demi-millénaire, tout comme une peinture à l'huile (dans les meilleures conditions), tandis que du bon papier reste consultable pendant quelques siècles tout au plus. En ce qui concerne les papyrus, s'ils ont été préservés très longtemps, c'est du fait de conditions météorologiques particulières (très bas taux d'humidité).

En ce qui concerne l'image argentique ou assimilée, l'on va d'environ 500 ans (pour un tirage au charbon), à 100 ans (pour un tirage argentique ou un inversible type kodachrome), à condition de respecter des conditions rigoureuses de stockage.

Par contre, toutes les épreuves au citrate d'argent s'effacent plus vite, car le procédé utilisé est plus un ralentissement qu'un blocage d'une réaction chimique conduisant à cet effacement.



Autre particularité de tous les supports cités : c'est leur immédiate accessibilité, pourvu que l'on ait des yeux corrects, bien qu'il soit parfois difficile de comprendre le sens de l'information exposée (comment interpréter les gravures ou les peintures rupestres, pour en comprendre le message voulu par leurs auteurs ?) ; ou bien, qu'il y ait un problème de décodage des symboles utilisés (hiéroglyphes, écriture cunéiforme, etc.).

Pourvu que ces supports résistent au temps, tout être humain du futur (ou alien pourvu d'organes de la vision proches des nôtres) sera capable de "voir" les informations stockées, même s'il ne les comprend pas.

Par contre, et depuis peu de temps, nous avons commencé à stocker des informations (images ou textes, ou données) sur des supports qui ne sont plus accessibles directement aux sens humains, mais qui nécessitent un appareillage spécifique pour rendre visibles les informations enregistrées : bande magnétique, disquette, disque laser, DVD, CD-ROM, etc.

Du coup, accéder à ces informations, dans le futur, impliquera de comprendre le système d'encodage utilisé, de reconstituer le logiciel de décodage, de fabriquer une réplique du lecteur nécessaire, ce qui n'est plus aussi simple.

Et, ce qui n'arrange rien, c'est que ces supports sont encore plus temporaires : quelques années à quelques dizaines d'années, avant que les informations commencent à disparaître, et de façon invisible, si l'on ne fait pas des contrôles réguliers pour le vérifier, et refaire des copies "fraîches".

C'est ainsi que de nombreuses bandes magnétiques de la NASA, enregistrées il y a quelques dizaines d'années, ne sont plus lisibles. Il en est de même pour certains enregistrements magnétoscopiques de la TV, etc.

En plus, il existe des supports où les informations sont encore récupérables, mais l'on ne dispose plus des lecteurs adaptés pour le faire (essayez de trouver un lecteur de disquette en 8 pouces, ou même en 5 pouces, et surtout le logiciel de lecture et l'ordinateur correspondant, si ce dernier a disparu depuis vingt années... ; et c'est pire pour des systèmes professionnels où l'on a encore moins de chance de retrouver un équipement fonctionnel, chez un collectionneur, par exemple).

Il existe même une société d'informatique qui a créé des logiciels spécifiques pour tenter de récupérer des fichiers informatiques restant sur des disquettes enregistrées avec un format et sous des systèmes totalement disparus. Mais, cette récupération n'est parfois que partielle, ou bien impossible pour certaines configurations qui furent tellement exotiques et rares qu'il n'est pas commercialement intéressant de travailler sur un programme de récupération).

Jusqu'à un certain point, il existe des programmes également capables de "régénérer" certains supports (disquettes , CD-ROM...), c'est à dire de rendre de nouveau accessibles des données qu'un lecteur normal ne peut plus lire. Mais, il y a des limites (en termes de coût et de temps, comme de possibilité physique).

Bref, que ce soient les images, les sons, les textes, les données, tout cela se stocke dans des volumes de plus en plus importants, de nos jours, mais avec une durée de vie de plus en plus courte du support et une obsolescence accélérée des matériels adaptés.

Déjà, pour en revenir à l'image, trouver un projecteur 9 mm ou single 8 n'est pas facile, bien que ce soit encore assez envisageable pour du 8 mm et du super 8 mm. Et, certaines personnes ont désormais des films qu'ils ne peuvent plus visionner, ou bien dont les couleurs ont sérieusement "dérivé".

Avec l'image numérique, c'est bien pire, car les standards changent rapidement, tout comme les types de cartes de stockage, et si l'on n'a pas le réflexe de faire une copie, d'un ancien support à un plus récent, tant qu'il est encore temps...

Pour nous résumer, nous utilisons, désormais, des supports d'informations qui ne sont plus directement accessibles aux humains qui les utilisent, et qui sont bien moins durables que les précédents.

Ce qui impliquent que la perte définitive de ces informations est bien plus possible et fréquente, que du temps des livres et des bibliothèques, même si elles brûlaient, de temps en temps...

Et, en cas de circonstances diverses, entraînant une perte définitive des algorithmes de lecture de ces supports, ou des moyens de fabriquer les lecteurs adéquats, nous pourrions avoir toujours ces informations à disposition, et ne plus savoir y accéder, jusqu'à ce que leur effacement progressif cause leur perte complète, pour toujours...

En fin de compte, plus une technologie d'enregistrement de l'information est complexe, et plus elle est fragile, jusqu'à la découverte d'encore nouvelles méthodes qui seraient à la fois performantes et résistantes au temps. Il resterait cependant le problème de la perte du savoir lié à leur accessibilité, dans le futur...

Cordialement.
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