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La photo du mois de juin 2025

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Photo Faite par frost242

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Un bout de route, la mienne, la votre

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Niaproun
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Un bout de route, la mienne, la votre

Message par Niaproun »

Bonjour

Profitant d’un repos un peu loin de l’agitation je prenais quelques photos et je ne suis posé la question du pourquoi j’en étais là. Nous avons tous une histoire avec la photographie, d’où l’envie de partager la mienne, qui peut être n’aura aucun intérêt pour vous mais me permet d’auto clarifier mon cheminement.

Quelques appareil m’ont marqués ou plutôt jalonné, la famille paternelle d’origine modeste et rurale n’avait qu’assez peu contact avec la photo et le plus souvent cela marquait un moment familial. Fixation de souvenirs, de moments heureux ou tristes du genre le « ça a été » de Barthes.

Le premier fut donc un Fex himalaya (si,si) acheté par le père qui n’avait pas les moyens et qui a fixé mes débuts (devant l’appareil, pas derrière), le l’ai encore, je n’en donnerais pas 5 euros en brocante mais je le garde et parfois je l’utilise. On est dans le style Lomo avec l’affectif en plus.

La situation évoluant je vis apparaître dans le cercle familial Retinette Dacora et Foca. Ils ont été les premiers que j’ai utilisé et si je n’utilise plus les deux premiers je me désole que personne ne puisse ou veuille prendre en entretien, révision, réglage le Foca qui accuse le poids des ans. Help

Comme sans doute beaucoup à l’époque j’acquis (avec mes sous de travaux d’été) un Pentacon ayant voulu éviter la loterie soviétique, l’Industar qui n’est qu’une copie du Tessar pouvait être bien si on tirait un exemplaire fabriqué avant la pause vodka, après c’était aléatoire.

Assez vite changé, et comme j’avais quelques optiques M42 ce fut un Asahi Spotmatic. Un bonheur de précision et de fiabilité.

Je succombais ensuite pour un Minolta SRT 101, l’Asahi passant au paternel (on inversait les rôles)
Et au fil du temps et des acquisitions d’optiques je reste chez Minolta, XG, XD, XM, jusqu’au X700. Quand le confort sera meilleur je passerai au Nikon F4, phénoménal, si ce n’est le poids et l’encombrement avec son moteur de mitrailleuse. Mes enfants c’est la période XD/700/F4.

Un ami photographe pro m’a permis d’obtenir à prix correct un Bronica ETRS et, là, un autre type de photo avec le changement de format.
Piqué comme tous ici par la collection, j’avais quelques 9x12 qui m’ont contaminé au virus du moyen format.
La façon aussi évoluait, fini le moteur bonjour le calme et la réflexion.

En écrivant je m’aperçois que j’avais du mal avec les modes ambiantes quelle que soit l’époque.
Dans les trucs qui m’ont souverainement saoulé, en vrac, la période flou Hamiltonien,Sara Moon, Cacharel etc
Le délire Cokin avec les filtres beurk qui prétendait faire passer une photo sans âme pour un création artistique, on a encore le filon avec le photoshopisme, un truc merdique si on regarde une photo en faisant abstraction des « effets ». Idem le bokeh qui est censé transformer une daube en constellant le fond de petits trucs foireux, au point que certains massacrent des objectifs pour les revendre à prix d’or (bon tant qu’il y a des nocs qui payent mais quand même)
Je ne supporte plus les couleurs Cheyco Leidmann, les photos charbons avec des yeux ferri de Salgado.
C’est pas dans la tendance mais je m’en fous j’assume.

Voilà, voila, si vous voulez vous retourner, voir votre route et éventuellement l’écrire, je vous laisse la feuille.
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Bandol
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Re: Un bout de route, la mienne, la votre

Message par Bandol »

En écrivant je m’aperçois que j’avais du mal avec les modes ambiantes quelle que soit l’époque.
Dans les trucs qui m’ont souverainement saoulé, en vrac, la période flou Hamiltonien,Sara Moon, Cacharel etc
Le délire Cokin avec les filtres beurk qui prétendait faire passer une photo sans âme pour un création artistique, on a encore le filon avec le photoshopisme, un truc merdique si on regarde une photo en faisant abstraction des « effets ». Idem le bokeh qui est censé transformer une daube en constellant le fond de petits trucs foireux, au point que certains massacrent des objectifs pour les revendre à prix d’or (bon tant qu’il y a des nocs qui payent mais quand même)
Je ne supporte plus les couleurs Cheyco Leidmann, les photos charbons avec des yeux ferri de Salgado.
C’est pas dans la tendance mais je m’en fous j’assume.
:bienjoue:
PA Photographie
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Re: Un bout de route, la mienne, la votre

Message par PA Photographie »

Génial ton témoignage !
Moi je suis en train de la construire ma route, mon rapport à la photo n'est pas si lointain, je réserve donc le témoignage pour plus tard
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de PECO
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Re: Un bout de route, la mienne, la votre

Message par de PECO »

Sympa ton témoignage et l'idée de laisser la feuille :bienjoue:
lignesbois
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Re: Un bout de route, la mienne, la votre

Message par lignesbois »

Pour ma part, mon rapport à la photographie continue de se construire. Tant du point de vue de ma pratique personnelle que de mes goûts pour celle des autres.

En regardant en arrière, je me rends compte que la photo, c'est surtout une "affaire de famille" qui vient du côté de ma grand mère maternelle. Milieu plutôt bourgeois, avec un mari occupé à gérer l'usine, elle avait la charge de la gestion du foyer et de la fixation des souvenirs familiaux. Ce dont elle s'acquittait fort bien avec un matériel prestigieux pour les particuliers de l'époque : Ikonta puis Rolleiflex. Mes deux oncles les plus agés n'étaient pas en reste, disposant d'un labo aménagé dans une dépendance pour le tirage. Lorsque les enfants ont pris leur indépendance, ma mère a récupéré l'Ikonta avant de passer chez Canon (A1, AE-1), comme l'un de ses frères ainés.
Atavisme familial qui me sera transmis dans ma jeunesse lorsque je commencerais à faire des photos suffisamment convenables pour mériter mieux qu'un fix focus (Prima zoom mini, Eos 500n). Mais toujours en tout automatique, la pellicule et le développement, c'est cher pour un ado. Cette tradition canonniste sera interrompue quand je passerais aux pixels en début de vie professionnelle : un compact Nikon, puis un réflex Pentax K-2000 offert pour mes 30 ans, qui me permettront d'expérimenter sans frais excessifs et d'acquérir les bases du triangle d'exposition en jouant avec le mode tout manuel. Lorsque mes besoins et les progrès techniques en gestion des basses lumières m'ont poussé à acquérir un boitier plus récent, toujours chez Pentax, je me suis mis en quête d'optiques également plus qualitatives mais dans un budget qui reste accessible... Vive la rétro compatibilité Pentax, qui m'a offert un parc pléthorique en vide greniers, avec souvent des boitiers argentiques en bouchon arrière. Ca a été une forme de coup de coeur technique et esthétique pour ces boitiers soi-disant dépassés, et mon budget moins limité m'a permis de revenir au plaisir de l'argentique, qui a repris une part majoritaire de ma pratique.
Bon, qui dit vide grenier dit crackosaure, et dit aussi d'autres marques, formats, et tant qu'à faire, autant se mettre à développer le noir et blanc et le tirer un peu occasionnellement.

Tout ce matériel, c'est bien... Mais pour en faire quoi ? A mon grand regret, je ne pense pas avoir un talent exceptionnel pour le photo. Que ce soit en terme technique ou artistique, je suis bien loin d'approcher nombre de membre du forum. D'ailleurs, j'ai rigolé quelques années en disant que ma série la plus aboutie serait "bobines test", puisque mon parc matériel (et mon temps disponible) me conduit à faire plus de tests boitiers que de projets construits.

Cela étant, en y réfléchissant davantage, et en analysant ce qui me pousse aussi bien à casser ma tirelire qu'à déclencher, un point commun se dessine : le souhait de témoigner du patrimoine en général et de son évolution. le patrimoine naturel, technique, architectural, peu importe. Mais il s'agit généralement d'éléments qui me sont proches voire quotidiens, voire pour lesquels j'éprouve une forme d'admiration ou d'affection.

Les bâtiments que j'ai toujours connu dans ma jeunesse ou qui présentent un intérêt architectural ou esthétique et sont promis à la démolition pour l'érection d'une nouvelle résidence hideuse et pleine de malfaçons,
Un espace "naturel" (c'est toujours très relatif) promis à disparition ou en proie aux flammes
Le recul du trait de côte
Les métiers et techniques traditionnels
Les véhicules anciens
Les photos de famille (l'exercice le moins gratifiant du lot pour moi celui-là... Peu de modèles conciliants dans la famille)

Finalement, l'emploi de matériel ancien pour cela répond aussi à cette apétence.


Et pour ce qui est de mon appréciation de la photographie des autres ?
Si personnellement, je qualifierais ma pratique d'essentiellement "descriptive" en ce sens qu'elle sort peu des sentiers battus de ce qui pourrait ressembler à des cartes postales, j'apprécie ceux qui parviennent à aller au delà pour proposer un angle de vue original. Mais quand je dis angle de vue, je ne veux pas dire traitement exagéré / fantaisiste : j'ai trouvé amusants une semaine la désaturation partielle, le tone mapping et le contraste à la truelle, maintenant je ne supporte plus ça.
Idem pour l'usage des "particularités" d'un film ou d'une optique. La red scale, les bobine Lomo turquoise, purple, le bokeh tournant... C'est bien quand ça sert un propos... Mais trop souvent, ça vient prendre la place d'un propos inexistant.
Et ne me lancez pas sur les travaux dont la description en termes pompeux prend presque plus de place que les images elles-même... Oui, parfois, c'est compliqué de "justifier" une série... C'est souvent le cas avec, par exemple, les types qui assument pas que la photo ne soit pour eux qu'un prétexte pour faire poser des nanas à moitié dénudées dans des positions équivoques.

Les photographes que j'apprécie sont nombreux, et j'en découvre régulièrement... Les humanistes en général, de nombreux photo reporters, Ragnar Axelsson, Pentti Sammallahti et tellement d'autres
FT-QL
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Re: Un bout de route, la mienne, la votre

Message par FT-QL »

Merci Lignesbois pour la découverte de Pentti Sammallahti, je ne connaissait pas. Vraiment intéressant.
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Bandol
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Re: Un bout de route, la mienne, la votre

Message par Bandol »

Le bout de la route !

A 76 ans, je ne photographie presque plus.

L'intérêt pour la photographie existe toujours, d'où ma présence sur le forum, mais je dois me faire violence pour me motiver à noircir une bobine.

Après 60 ans d'images, presque toutes perdues par négligence au hasard des déménagements, je pense que c'est normal. En fait, il n'y a plus de désir de faire des images, car le regard ne découvre plus, l’œil est blasé, le monde a été trop copié.

Je me rends compte que mon désir de photographier consistait à capter, garder, conserver des scènes que je découvrais. Lors de mes premiers voyages, je voulais magnifier par l'image des paysages, des rues, des gens,; rendre le monde encore plus beau, plus pittoresque, restituer le mouvement éphémère, le sourire touchant.

Mais comme j'ai trop photographié, trop vu toutes les images possibles, sous tout les cadrages, sous toutes les originalités et que je n'ai pas le talent pour aller au delà de la beauté naturelle qui m’est proposée et surtout au delà de ce qu'autres ont excellemment fait, je ne déclenche plus.

Seules me touchent certaines images, non pas pour ce qu'elles sont, mais pour ce qu'elles m'évoquent. Je regardais quelques images faites à Vezelay et la seule que je retiens c'est le chœur des moniales car l'image me renvoie à ce chant bouleversant d'une extrême pureté; la photographie n'est donc que le vecteur pour faire ressurgir une émotion plus enfouie, l'image en elle même n'étant que d'un piètre intérêt.

Mais à force d'avoir photographié toutes mes émotions les plus secrètes, je n'ai même plus besoin d'en faire de nouvelles copies; j'adore les ruisseaux ombragés, mais il me suffit de fermer les yeux pour que mes images réapparaissent et me rafraîchissent; je n'ai plus besoin de capter de nouveaux sous bois délicieux.

Comme beaucoup qui témoignent ici, j'ai essayé tous les artifices, pour "faire l'artiste", mais au final seules les photos à la pureté académique me restent en mémoire ou certaines photos ratées qui par inadvertance ont sublimé le réel.

Amis photographes, faites beaucoup d'images, jusqu'à ce que vous en soyez repu, car au fond de votre mémoire, les plus belles reconstruiront le film de votre vie. Finalement, mes meilleurs souvenirs, c'est ce diaporama de la beauté que j'ai côtoyée.
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Niaproun
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Re: Un bout de route, la mienne, la votre

Message par Niaproun »

Ce témoignage me fait remonter une remarque que je me suis faite il y a pas mal de temps.
Comme toi j'ai fait des photos essayant de capter des moments, des émotions , des gens, et souvent j'ai arrêté le geste pour discuter, rencontrer, échanger, en gardant en mémoire l'instant.
Et au bout du compte mes plus belles photos sont celles que je n'ai pas prises mais qui sont gravées dans ma mémoire.
Ma mémoire molle est bien plus riche que mon disque dur
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