
Et bien la voilà la camera like new… Un désastre. Pourtant, historiquement intéressant, ces Moskva sont difficiles à trouver dans les années 1949-1952.
Voilà donc l’appareil reçu. Il mérite bien d’être sauvé ! Sur la photo, comme ça, pas de problèmes apparents. Le point crucial étant de ne pas avoir de jeu dans le support d’obturateur, et pas de jeu dans les rivets au niveau des ciseaux. Sur ce point, au moins, c’est bon.

Contrôle du jeu

Mise au point, tellement raide, ça fait mal aux doigts.

Ô ! Le bouton d’ouverture se casse à la troisième manipulation…Heureusement que j'ai des pièces d'avance. (Indispensable pour restaurer des appareils...)

Le télémètre est trouble, décalé en horizontal. La mise au point est très dure. Le soufflet est mort, la doublure textile est décollée, il y a du scotch noir sur les coins. Niveau obturateur, il déclenche, mais les pales de l’obturateur sont rouillées, celle du diaphragme aussi. L’objectif est bon, c’est déjà ça…
On commence par déposer le capot du télémètre.

Il faut retirer les 2 vis chromées et l’œilleton

On retire la capot et on a accès au prisme du télémètre.

On enlève les 3 vis chromées, on retire la plaque noire, et on peut enlever le prisme.



Le prisme avec un début d’attaque de champignons.

On retire ensuite la mécanisme d’avancement.
D’abord la molette

Puis le capot.


On retire le mécanisme qui empêche les superpositions


Puis l’axe

Ensuite, on enlève le groupe optique complet.


On met de coté les cales qui se trouvent sous l’obturateur.

Changer un soufflet sur un Super Ikonta ou un Moskva, c’est une opération délicate. Il faut y aller doucement, pour ne pas déformer l’appareil constitué d’éléments en tôle emboutie rivetés ou sertis. Il faut éviter à tout prix de marquer, ou d’étirer les tôles, ou encore de déformer le cadre image.
On commence par faire glisser un tournevis sous les 2 rabats.

On peut aussi virer le dos pour travailler plus sereinement.

Ainsi que le support de télémètre, qui ne tient que par 2 vis, pour pouvoir dégager le cadre image qui maintient en place le soufflet.
Ca y est, on retire le cadre image.

Et on peut retirer le soufflet.

C’est le moment d’aller chercher un soufflet dans les quelques boites de pièces de récupération…

Par chance, il me reste un soufflet neuf qui fait les bonnes dimensions.
Montage à blanc du soufflet neuf.

A ce stade, notre Moskva étant tout nu, on peu effectuer la vérification de l’alignement du support d’obturateur par rapport au plan du film.

Une méthode simple si on n’est pas outillé. On aligne le corps de l’appareil sur la tranche d’un bristol, sur lequel on a préalablement tracé une ligne perpendiculaire. Avec une jauge de profondeur, en appui sur le support d’obturateur, on regarde l’alignement.

Si c’est comme ça, ce n’est pas bon.

On peut jouer de la butée de déploiement des ciseaux, qui possède une roulette, en la tordant légèrement, pour régler dans un sens. Mais pas trop, car cela peut entraîner un mauvais fonctionnement du blocage des ciseaux. Dans l’autre sens, on peut intercaler des cales sous l’obturateur pour redresser l’axe optique. Tout est affaire de sensibilité mécanique et d'appréhension du fonctionnement.
Mais en réalité, dans le cas présent, tout est parfait, le support est parfaitement aligné, ouf !
Voilà notre soufflet prêt à monter. Le cadre métallique frontal est en place, collé, le passage de l’objectif découpé.

Une fois collé dans le boîtier, le soufflet est ébavuré, le cadre remonté et resserti. J’ai utilisé un petite pince universel sur laquelle j’ai fixé dans les mords des tampons de cuir. Le résultat me parait convenable.

A ce stade, j'utilise un film voilé pour contrôler la planeité du film. On mets le film dans les conditions normales d'utilisation. On avance le film, et on observe si le film est bien plan, ou si il est bombé. Si il est bombé, cela peut venir d'une déformation du cadre image, ou du presse film, ou des ressorts du presse film, trop tendus, pas assez tendus, il faut trouver le meilleur compromis pour que le film soit bien plan, c'est impératif pour la qualité des images et la précision du télémètre.
J'ai remarqué que sur les appareils de ce type, les émulsions fines de type Acros 100, gondolent moins que les films plus épais comme la TXP par ex.
Nous allons pouvoir passer à l’obturateur pour le plus gros du travail.

Dépose de la bague externe de MAP

Puis de la lentille frontale

Puis du capot

Dépose du groupe intermédiaire

Les belles pales rouillées !

Le beau diaphragme de la camera excellent +++ !


Note concernant le mécanisme du télémètre :
Le principe du télémètre d’un Super Ikonta : Le prisme du viseur est fixe. Il sert de mélangeur à une image fixe et une image mobile, dont la superposition permet la lecture d’une distance. Le déplacement de l’image du télémètre est assuré par 2 prismes contra-rotatifs. Le mécanisme est à rattrapage de jeu constant, c'est-à-dire que dans le train de pignon qui actionne ces deux prismes, un pignon double est équipé d’un ressort, qui permet d’effacer le jeu de la cascade de pignon. Si par malheur, vous déboîtez accidentellement l’axe ou démontez l’ensemble pour le nettoyer, il faudra de longues heures pour retrouver le réglage d’origine. En effet, tout est calé pour que le télémètre se déplace horizontalement. Un décalage d’une seule dent et l’image se déplacera de façon inclinée. Si vous déboîtez le pignon de rattrapage de jeu, vous perdrez la précision du télémètre. Donc, attention.
Le ressort de rattrapage de jeu constant. (Souvent absent, cassé, ou soudé !)

Ca y est, tout est démonté, on peut constater les outrages du temps.

Le diaphragme bon pour la poubelle.

Le corps de l’obturateur oxydé, les pales sont bonnes pour la poubelle aussi.

De la rouille dans l’obturateur.

Une fois nettoyé, l’obturateur reçoit des lames en bon état récupéré sur une épave.

Le corps de l’obturateur nettoyé aux ultrasons, le chemin de la couronne de commande a été repoli. La couronne elle-même, mal ébavurée, a été retravaillée afin de finir le boulot de KMZ qui n’a pas pris la peine de le faire. La couronne en l’état accroche, seule une bonne finition permet d’obtenir des vitesses stables et des hautes vitesses justes.

L’obturateur remonté avec ses nouvelles pales, c’est mieux !

Ouf, ça sent la fin, après 8 heures de boulot, bientôt un deuxième article sur les réglages finaux.
