Mais où va la photo?

[Georgesh]

Pour l'instant, on dit que les techniques de prises de vues en argentique, avec les choix très précis des couples vitesse/diaphragme, peuvent mieux rendre compte des profondeurs de champ que le numérique. Mais je suis déjà hors-sujet en écrivant ça, et je ne veux pas revenir à une comparaison numérique/argentique qui n'est pas de mise ici


PS: Elise Boularan est quelqu'un de bien installé dans le métier, pas une débutante. voir sa biographie et les formations qu'elle a suivies.

[Eusaebius]

Ah, voilà, on va y arriver... On va bien finir par discuter un peu de point de vue, de démarche, de regard, de photo contemporaine... ça va commencer à devenir intéressant

C'aurait été dommage d'en rester à "c'est nul !"
Merci Georgesh pour le point de vue calme, posé, qui prend du recul...

[Georgesh]

le site d'Elise Boularan, pour se faire une idée de ses centres d'intérêt et de la manière dont elle propose leurs traductions graphiques.

[ZEF]

Intéressante cette discussion. Merci pour le lien.
J'ai été récemment surpris par une expo photo "très contemporaine" ... impression de photos ratées au début, puis en en apprenant un peu plus sur l'auteur (qui faisait beaucoup ... et fait toujours du reportage, noir et blanc je crois, des photos plus abordables sans doutes) j'étais un peu déconcerté, je pense avoir encore beaucoup à apprendre : c'est je crois ce qui m'intéresse le plus dans la pratique de la photo, une porte d'entrée pour apprendre à appréhender des démarches artistiques.
Désolé, j'ai plus le nom du photographe.
ZEF

[Georgesh]

C'est vrai que certains d'entre nous, quand ils photographient, ou quand ils regardent des créations graphiques, apportent dans leurs bagages une culture de l'image qui leur est propre.
Ils sont dans des modes de représentation, dans des façons de structurer l'image, de la composer, de la configurer, dans des représentations graphiques, dans un partage de l'espace , dans une géographie qui leur appartient.

Faite des apprentissages reçus, des rencontres accumulées, de principes ou de règles étudiés, de copies glanées ça et là. L'ensemble étant ce qui nous fait créer du neuf, mais qui est à 90 pour cent une accumulation de connaissances.

Et pourtant, petit à petit, une nouvelle photographie voit le jour. Plus aventureuse, plus audacieuse, utilisant moins les recettes et les savoir-faire accumulés.
Et aussi plus expérimentale.
Et forcément moins rassurante, moins convenue, moins respectueuse des usages et des habitudes.
C'est en cela qu'elle nous déconcerte...

[numérix]

c'est comme la nouvelle cuisine, on ne sait pas que c'est bon
normal, on n'a pas fait les écoles du bon gout qui l'est bon
alors quand on voit du caviar, on pense que c'est de la ......
(en plus moi, je déteste le caviar, le vrais celui qui coute très cher, beuuurk)

[nicofoto]

...

[phildu24]

J'estime, et c'est un avis tout à fait personnel, que le succès n'est proportionnel qu'aux nombre de gens qui aiment une oeuvre et que le talent n'existe pas, il est juste proportionnel au nombre d'admirateurs satisfaits !

Je n'aime pas cette monumentale sculpture de Dubuffet au rond point à Ivry..... je trouve ça laid, autant que les dégoulinages de faux vômit en vraie mousse expansée... et pourtant celà en enthousiasme certains qui crient au génie...

Il en est de même de la photo... doit elle absolument reproduire, le plus fidèlement possible, un instant figé ou peut elle se permettre de partir dans des mises en scènes parfois jubilatoires, parfois glauques, parfois macabres parfois totalement irréelles....

Ronnis ou De la Chapelle ?

Restecter un académisme rassurant est il un gage absolu de réussite ? Sortir des sentiers battus permet-il de proposer une vision et des interpétations différentes ?
Qu'est ce qui est le mieux ?

Comme pour le gratin dauphinois... patates crues ou patates cuites ?...
ou, pour d 'autres, Osciètre ou Beluga ?

[Georgesh]

Cependant, je lis ici et là que le net n'est pas le dogme ultime et qu'on peut faire du flou.

Si ça plait, mais moi j'vais vous en faire de la photo flou, je suis sûr de savoir faire des photos ayant la même valeur artistique et technique.
J'ai même l'impression que n'importe qui sait le faire du moment qu'il ne sait pas se servir d'un appareil photo.

puis après tout, je vais faire une photo ratée,

Bon, l'argumentation porte ici sur

photo floue= photo ratée
photo floue= ne pas savoir se servir d'un appareil photo
et " on peut faire du flou"


Pour faire le point sur le flou en photographie , un article publié par Jean-Claude Lemagny justement intitulé le retour du flou
Où il y a un essai de compréhension de l'interêt du flou...

in l'ombre et le temps, essais sur la photographie comme art ed. Nathan
première publication de l'article de J-C Lemagny dans Artpress il y a 25 ans en 1985. Comme quoi le questionnement sur le flou ne date pas d'aujourd'hui...

[MAD]

Pour moi, la photographie est l'opposition/alliance entre netteté et flou.

On peut en effet faire des photos complètement floues dans le genre impressionniste mais je pense qu'on risque d'ennuyer les gens très rapidement.

C'est comme si l'on faisait de la musique sans respecter le rythme ou l'harmonie. Globalement, passé l'effet de surprise, ça lasserait très vite.

[Georgesh]

Pour moi, la photographie est l'opposition/alliance entre netteté et flou.

On peut en effet faire des photos complètement floues dans le genre impressionniste mais je pense qu'on risque d'ennuyer les gens très rapidement.

C'est en partie ce qu'on a reproché au pictorialisme dès 1920, et le nettisme qui a suivi en Allemagne et aux Etats-Unis s'est affirmé en opposition. Mais depuis, les arguments sont plus nuancés.

[frcolin]

De façon générale et trés personnelle, je note un point commun dans l'ensemble de ce fil.
Que ce soit pour la philo ou pour la photo, essayons de sortir du contexte 2 secondes.
Ce qui ressort de npmbreuses de vos préonses, pour moi (un peu a froid et en manque de caféine), c'est que la philo comme la photo doit être réservée à des "professionnels et/ou amateurs avertis". Si tu fais de la photo pas pro c'est mal, si tu fais de la philo de comptoir c'est mal.

Alors que moi je pense exactement le contraire, au plus on fera de la philo de comptoir, au plus on la démocratisera, au plus de gens en feront, au plus on pourra aller loin dans ses reflexions, etc.
Mais nous sommes en France pays par excellence du cloisonnement, le banquier doit faire de la finance, le plombier de la plomberie, et le philosophe de la philosophie...

A propos de la photo et du talent, je rejoins certains des précédents posts, le talent n'existe pas. Même si je conçois que cela fasse "mal" à nombreux d'entre nous. Une photo "est" en elle même.
Une photo "de maitre" dans une enveloppe cachetée est identique à celle exposée dans votre musée préféré. Mais pourtant elle n'a d'existence que par le regard que portent les gens dessus.

L'art et le marché de l'art n'ont toujours été qu'une question de marketing, de tous temps. Et c'est cela le talent, la capacité à avoir la reconnaissance, pas l'oeuvre en elle même.
C'est en cela que le "carré blanc sur fond blanc" de Malevitch est objectivement génial, pas pour sa charte graphique.

On peut aller trés loin philosophicoculturocomtoirement pour au final arriver à la phrase que vous avez tous dit / dites tous / direz tous à vos enfants : "on ne dit pas c'est dégueulasse mais je n'aime pas".
Car au final une bouse de vache est un régal pour le mouches et le coléoptères qui en nombre, en poids et historiquement pèsent plus que nous sur la planète.

Tout est une question de point de vue. Mais je reconnais que cela peut être douloureux, n'est-ce pas simplement le fond de commerce de la jalousie, tout simplement ?

A+
François.

[MAD]

Il y a talent à partir du moment où je ne peux le faire moi-même

[Eusaebius]

On peut aller trés loin philosophicoculturocomtoirement pour au final arriver à la phrase que vous avez tous dit / dites tous / direz tous à vos enfants : "on ne dit pas c'est dégueulasse mais je n'aime pas".
Car au final une bouse de vache est un régal pour le mouches et le coléoptères qui en nombre, en poids et historiquement pèsent plus que nous sur la planète.

MAD, ta dernière réplique est sympa aussi

[nicofoto]

...

[Georgesh]

d'autres avis?

[assistant (désabonné)]

moi, je suis "rétro". je crois au talent, et même au génie; bien que le déplore l'abus, que l'on fait de ce mot.
il est désolant de constater que le "n'importe quoi" est considéré comme de l'art. ce qui s'explique; les critiques ayant "loupé" l'impressionnisme, se sont depuis, efforcés de glorifier toute "nouveauté"; la preuve : l'affaire boronali…

[Georgesh]

Certes, mais les discussions sur le photographe a-t-il ou non du talent ne répondent pas au titre du fil...

[nicofoto]

...

[Georgesh]

Attention, on est en train de bavarder sur les coups de coeur d'un média particulier, evene.fr.
Evene.fr a des journalistes qui ont pour objectif de présenter la culture dans son ensemble, et la culture parisienne en particulier. Il y a donc des choix rédactionnels, ou des choix éditoriaux légitimes, qui relèvent de la liberté du site evene.fr et de sa manière de traiter des sujets d'actualité. voir en particulier comment ce site traite de l'actualité du livre , par exemple.

Pour être plus précis, evene.fr est le site culturel du groupe Figaro.
Dans cette optique, le site proposé par mozar n'est qu'une des manières de présenter le mois de la photo, vue par des journalistes du groupe Figaro.

lLa photo coup de coeur, comme l'entend evene.fr, , c'est une présentation commerciale , dans le cadre du mois de la photo, de photographes qu'on met en valeur sur le site. C'est une stratégie qui répond à une politique éditoriale des créateurs du site, mais assez peu à des choix esthétiques, même si dans coup de coeur on joue un peu sur l'affectif.
C'est connoté photographie contemporaine, en plus, pour faire moderne, pas vieux con, et booster les ventes avec l'argument de la modernité...
On est bien dans une stratégie de type FIAC et galeristes.

Je pense que dans notre discussion " où va la photo ", il ne faut pas faire une fixation sur ces impératifs rédactionnels ( c'est à dire pour moi trivialement commerciaux ), mais réagir sur les contenus, plus que sur les méthodes de diffusion de l'information fussent-elles celles du groupe de presse Figaro.

Et si on veut parler photographie, voire photographie contemporaine, ou même montrer l'intérêt ou les limites du sujet " mois de la photo ", on ne peut s'en tenir à la Une du site evene.fr qui n'est pas exhaustif.