Jean Baptiste habite une petite maison sur un petit terrain, une bande de 15 mètre de large, coincée entre une route nationale hyper passante et une voie de chemin de fer où passent RER, TGV et patachon.
Quand il s'est installé là il n'y avait pas de route nationale, elle est apparue ensuite, est devenue de plus en plus passante et bruyante. Phénomène étrange elle s'élève en hauteur au fil des décennies et des bandes de bitume qui sont rajoutées les une sur les autres. Cela donne l'impression qu'on enterre cette maison, entre la voie de chemin de fer et la nationale. Car elle, la maison, ne s'élève pas: bien au contraire on a l'impression qu'elle s'enfonce dans tout le bric à brac qu'accumule son propriétaire. Cette maison, d'ailleurs, semble invisible: Jean Baptiste ne compte plus les fois ou les livreurs ont renoncé à livrer, faute de trouver la maison.
C'est un univers à part, c'est du moins l'impression que cela me donne.
Jean Baptiste est un ancien mineur, galibot à 14 ans il a fait toute sa carrière comme mineur. Il a acheté ce terrain et battit lui même sa maison, pour ne pas vivre dans les corons, comme tout le monde. C'est un drôle d'endroit fait de vieux objets hétéroclites, de carcasse de voiture, d'électroménagers hors d'usage.
Aujourd'hui il n'a pas trop la forme, son épouse a été hospitalisée hier, il tient néanmoins à ce que je reste un peu avec lui, pour faire cette petite séance photo, comme nous l'avions convenu.









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