Poussé par la nécessité, sa famille est arrivée en 1929 à Bruay, le père vient de terminer son service militaire en Pologne, et est engagé dans les mines de charbon française. Simon est le deuxième fils du couple et la fratrie s’agrandira ensuite de deux garçons supplémentaires et de deux sœurs. Son enfance est heureuse jusqu’à l’arrivée de la guerre qui assombrit la vie de Simon, il faut alors glaner des betteraves et des pommes de terre dans les champs après les récoltes, s’occuper des poules et du cochon que la famille élève clandestinement (en raison des réquisitions allemandes).
En 1942, à l’âge de 14 ans il commence à travailler pour les houillères, il descend travailler tout les jours de la semaine comme galibot (le galibot commençait en général en poussant les berlines de charbon dans les galeries).
La vie continue, le travail redouble d’intensité après la guerre et le gaillard me dit avoir gardé un sacré mauvais souvenir des restrictions alimentaires. L’homme a un rude tempérament et s’énerve facilement, il joue au football, son frère fait du catch. A l’âge de trente ans, alors qu’il est « abatteur » (ouvrier chargé de l’extraction du charbon dans les veines), il est gravement accidenté au fond et reste 8 mois en rééducation.. Il devient ensuite « Boute feu » c'est-à-dire ouvrier chargé d’ouvrir des galeries, des puits, ou des veines de charbon à l’aide de dynamite, un travail qui lui plait bien.
Alors que tous ses frères et sœurs se sont mariés et ont quitté leurs parents, il doit s’occuper seul de ses parents et en particulier de son père, silicosé à 100%. Durant la rééducation qui suit son accident, il fait la rencontre de sa future conjointe mais se refuse à l’épouser et à fonder une famille. Ils ont néanmoins vécus ensemble jusqu’à il y a quelques mois, elle est morte dans son sommeil.
Voilà ce que Mr Blady m’a dit de son histoire, je devine qu’on pourrait en écrire beaucoup plus mais ça le fatigue drôlement de parler.
Il vit toujours dans la maison de ses parents, petite maison de coron dans laquelle s’entasse un fourbi extraordinaire depuis le décès de sa conjointe. Son quotidien est de plus en plus limité par la fatigue, sa tache principale est de faire tourner le moteur de la voiture pour ne pas qu’il s’encrasse, il sait qu’il ne roulera plus jamais dedans mais il tient absolument à ce que sa voiture reste en bon état, ça le fatigue pas mal et il passe le reste de la journée dans son fauteuil, avec une bonne couverture sur les jambes. Perclus de rhumatisme, il porte un énorme corset métallique en raison de nombreuses vertèbres en miette. Il dépend de son voisin pour les courses, il le rémunère (grassement selon lui) en bouteille de rouge qu’un neveu lui apporte de temps en temps. Ca l’énerve drôlement Simon, de dépendre des autres. Il ne souhaite plus qu’une chose : c’est de s’endormir tranquillement dans son lit et de ne plus se réveiller.
1. le père de Simon, en uniforme Polognais

2.

3.

4.
