Je n'ai jamais fait de série, mais en developpant les photos que j'ai prises lors de la manifestation du 9 Mars à Lyon, l'idée s'est un peu imposée à moi. La série est donc construite a posteriori des prises de vue. Il a été difficile de faire des choix, construire le sens, un sens par la sélection, la prétendue objectivité que l'on veut se donner combattant les préférences du regard. Je fais donc ici le récit de la manifestation, et pour cela, certaines photos que je trouve sans intérêt esthétique, y sont présentes tout de même pour souligner le texte (qui je l'espère ne parait pas trop prétentieux). J'ai en tout cas pris beaucoup de plaisir à suivre cette manif, à la photographie, à parcourir des kilomères entre tête e queue de cortège, et j'espère que cela se ressentira.
J'espère donc que la série aura un aspect cohérent sous vos yeux sur le fond, et la forme, ce qui n'est pas forcément évident pour moi, du fait que les photos viennent de différentes pellicules, 35mm et moyen format.
(Il y a en vrac, de la TX, de l'APX 100, de la Delta 400 et de la Tmax 100 et 400@100 en moyen format, le tout développé dans du Xtol 1+2 selon les temps de massivedevchart).
Bref, j'attends vos retours, négatifs ou positifs, mais surtout critiques!
Merci.
13h30, On se réunit place bellecour, le temps est couvert mais la foule s'aggrandit. On discute, on chante, on scande... On attend que la foule s'agrandisse et que syndicalistes, lycéens étudiants et partis s'organisent. Peu de casques et d'uniformes pour l'instant, tout juste un ou deux képis planifiant le trajet, Talkie en main.
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14h10, c'est décidé, les lycéens et leurs syndicats prendront la tête du cortège. L'idée étonne certains, on peste d'avance sur ce que les journalistes feront dire à ces plus jeunes pour décridibiliser le mouvement. D'autres affirment que les débordements seront ainsi évités le plus longtemps possible. La tête du cortège prend forme, banderolle et visages juvéniles.
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Les visages barbus, ridés, pleins d'expériences, les syndicats, sont relégués en queue de cortège.Sur le quai Gailleton, quelques-uns prennent les devant quand même, observent et se mêlent à la jeunesse.
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Lorsque la tête de cortège atteint le pont Gallieni, une partie de la foule est encore sur la place Bellecour.
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Avnue Berthelot, les esprits s'échauffent, la fin du trajet officiel est proche. Le tramway est bloqué, des passants s'agacent de certains grimpants sur les poteaux et les abribus, pour photographier ou alpaguer. Des étudiants sortent du cortège, les slogans se font plus forts, plus pressants. On entend des "camarades" sortis de bouches estudiantines, comme si un vocabulaire passé, dépassé pouvait animer la lutte... En plus du vocabulaire, le style 60's est également présent.
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Place Jean Macé, le cortège est censé se disperser, mais aucun dispositif de sécurité n'est présent. La foule continue son chemin Avenue Jean jaurès, il se murmure que l'on se dirige vers le PS. Aucune résistance ne se fait sentir jusqu'a Saxe-Gambetta où nous sommes obligés de dévier vers Guillotière et donc de nous rapprocher du point de départ, la place Bellecour. Le ciel est de plus en plus noir, je peux sentir la tension monter, le cortège avancant de plus en plus rapidement. Arrivé à Guillotière, casques et boucliers sont présents, c'est un blocus. On ne nous laissera pas aller jusqu'au PS. Des négociations commencent entre service d'ordre syndical et forces de l'ordre. Au même moment, quelques gouttes tombent du ciel. Et quelques canettes en direction des policiers. Puis une poubelle. Les CRS sortent matraques fumigènes, et gaz lacrymogène.
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La résistance s'organise, le vent est contre les policiers qui se gazent eux-mêmes. Le cortège reprend sa route vers la place bellecour.
Du côté des forces de l'ordre, c'est la déroute, ils sont en sous nombre et n'avaient pas prévu que la mobilisation prendrait une telle ampleur. Je prend les devants, avec une escouade qui recule sur le pont de la Guillotière devant l'arrivée des manifestants. J'entends une demande de renfort et sous les nuages, un hélicoptère survole la foule. De mon point de vue, j'ai l'impression que la foule poursuit la police.
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Ca, c'est quand le comissaire a annoncé qu'il payait un menu Mcdo à toute la division...


Place bellecour, les renforts sont là, et organisé. L'accès à la rue de la république est largement bloqué par un cordon de CRS, un no man's land se met en place, au milieu quelqu'un y danse : vaine tentative pour faire descendre a pression. La pluie s'intensifie.
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Quelques minutes plus tard, c'est l'assaut, les grenades lacrymogènes pleuvent, les manifestants se regroupent sur la place belecour, mais le gaz et des CRS empêchent quelques centaines de manifesants encore sur le pont et dans la rue de la barre de rejoindre la place.
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Parallèlement, place Antonin Poncet, attenante à la place Bellecour, c'est la charge. Y a t-il eu sommation? je ne crois pas. Un home est violemment plaqué au sol puis arrêté. Les photographes sont mis en ligne de mire lorsqu'ils s'approchent pour photographier. L'helicoptère, au dessus de la place, largue de la lacrymo.
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Un des hommes s'étant mêlé aux jeunes en début de manif' est toujours là. Dans son regard, une certaine fierté de voir qu'une certaine idée de la lutte est toujours présente chez des jeunes que l'on croit apolitisé, mais aussi une certaine retenue : "y a t-il un sens à résister et àprovoquer la colère de la police?"
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Les charges, le gaz et la pluie ont, après 30 minutes, quelque peu rétabli un certain calme. Les CRS quadrillent la place, la foule rétrécit et la pluie finira le travail de la police à la tombée de la nuit, deux cents personnes environ étant restées sur la place. Le vent lui, dispersera tract, prospectus et journaux, et chassera les nuages pendant la nuit.
Edité plusieurs fois pour corriger des fautes d'orthographe et de frappe.