Le fil portait sur "meilleurs résultats en cuve ou cuvettes ?"
Je ne sais pas si c'est très éthique de pomper d'un forum sur l'autre comme ça, mais c'est vraiment la meilleure synthèse que j'aie lu sur le sujet jusqu'ici, qui corrobore totalement ma propre expérience du GF. Et tout le monde n'est pas forcément à l'aise avec l'anglais, donc je vous en donne une traduction :
Dans la suite du même fil, Doremus insiste sur l'intérêt de porter des gants pour éviter les dermatoses dues au contacts fréquents avec les produits chimiques. Il enfile les gants avant même de vider les châssis, les gants devant évidemment être parfaitement secs.Doremus Scudder a écrit :
Tout d'abord, je n'ai qu'une expérience minime des méthodes de développement autres que les cuvettes. Très rapidement, j'ai estimé que le côté rustique, économique et très souple du développement en cuvettes s'accordait bien à mon style. Et, en effectuant des recherches sur les méthodes de développement, j'ai découvert que non seulement nombre de photographes que j'admire pratiquent et recommandent le développement en cuvettes, mais qu'il existe un consensus sur le fait que le développement en cuvettes, pratiqué correctement, conduit aux résultats les meilleurs et les plus homogènes. Ctein notamment mentionne dans un de ses livres, que le développement en cuvettes donne la meilleure régularité. Je pense aussi que le ce mode de développement peut donner des résultats d'une régularité exceptionnelle.
Ceci posé, j'ai connu ma part de problèmes de développement irréguliers au cours des années, que j'ai identifié et résolus. Peut-être une revue de ces problèmes vous aidera-t-il à prendre votre décision.
Tout d'abord, l'agitation dans la cuvette est importante. Une agitation excessive, comme une agitation insuffisante peut donner des résultats irréguliers (mais c'est aussi le cas de autres méthodes de développement). Bien que certains recommandent de ne développer qu'un plan-film à la fois, en agitant la cuvette, j'ai rapidement découvert que ce type d'agitation est totalement inadéquat. Sortir le négatif du bain et l'y replonger, est la meilleure méthode pour moi. De plus, cela évite de ne devoir développer qu'un film à la fois.
Je développe plusieurs plan-films à la fois (jusqu'à 8 ), et utilise la méthode dite du "brassage". Elle consiste à prendre la feuille du bas de la pile, et la placer sur le dessus. J'ai trouvé que la manière dont on immerge le film affecte aussi la régularité du développement. L'immerger trop rapidement, du fait de la surface du film, crée de nombreuses turbulences autour des coins du film, ce qui augmente la densité dans les coins. Le film doit être immergé doucement, avec juste ce qu'il faut d'aide avec les doigts pour le positionner en prévision du prochain mélange. J'agite donc chaque film de la pile toutes les trente secondes, en ajustant donc le temps entre chaque mélange en conséquence. Je retourne également les films à 180°, à chaque agitation. Ces deux éléments contribuent à la régularité. Avec certains révélateurs, une fois par minute convient, mais avec des révélateurs concentrés et/ou des temps de développement plus courts, ce type d'agitation est trop lent et peut conduire à des moutonnements.
La manière dont débute le développement est aussi importante. Un bon prémouillage de 3 minutes ou plus, sature l'émulsion d'eau et contribue à éviter les moutonnements et les marbrures.
Quand tout est prêt pour le développement, je prends la pile dans mes mains, démarre le chronomètre et plonge chaque feuille dans le révélateur à un intervalle de trente secondes. Ceci donne à chaque film le temps d'absorber le révélateur avant d'être recouvert par le film suivant. À une époque j'ai plongé toute la pile dans le révélateur en la mélangeant immédiatement, mais constaté que parfois un coin ou un bord de film dépassait de la pile avec pour conséquence un surdéveloppement dès le début, cause de stries.
À la fin du développement, j'utilise la même technique pour immerger les feuilles dans le bain d'arrêt, pour que chaque film ait eu le même temps de développement.
Des temps de développement plus longs contribuent à un développement plus régulier. Nous aimerions tous que ce soit fini en cinq minutes, mais des temps plus longs sont meilleurs pour la régularité. Mes temps de développement vont de 6 1/2 à 18 minutes selon le révélateur et le contraste, mais la plupart sont dans la fourchette des 8-12 minutes.
Je pense qu'un temps de moins de 6 minutes en cuvette conduit à des problèmes. On peut choisir le révélateur et la dilution adaptée pour optimiser ce temps de développement. Un temps de développement trop court conduit à des moutonnements. Encore une fois, un bon prémouillage et une agitation correcte sont cruciaux avec des temps de développement plutôt courts.
Certains recommandent de placer l'émulsion vers le bas dans la cuvette. J'ai dû jeter une quarantaine de négatifs développés de cette manière à cause d'un développement inégal dû aux turbulences autour des rainures de la cuvette, qui causent des stries sur les négatifs. Je préfère et recommande le développement émulsion face vers le haut.
En somme, le développement en cuvettes est une technique qui nécessite d'être apprise et travaillée. Il y a de nombreuses occasions d'endommager vos négatifs avec le développement en cuvettes, car vous les manipulez dans l'obscurité. Une de mes devises est "les outils les plus simples requièrent le plus d'habileté". Le développement en cuvettes entre assurément dans cette catégorie. Les rayures sont assurées si vous n'êtes pas sûr de vous. Certains films ont une dorsale et une émulsion plus tendre que d'autres, et se rayent plus facilement (ce sont généralement les films "traditionnels" bon marché, comme Adox, Bergger etc.) Se faire la main sur des films qui ont une émulsion pré-tannée (Kodak, Ilford, etc.) minimisera vos erreurs de débutant. Je vous conseille de vous entraîner avec quelques films sacrifiés à la lumière du jour d'abord, ensuite dans le noir et de prendre de l'assurance avant de vous lancer dans les essais véritables. Vous rencontrerez et résoudrez ainsi les problèmes pendant cette phase d'apprentissage.
Je ne raye désormais que très, très rarement, un film, et mes développements sont extrêmement réguliers.
Pour résumer, le développement en cuvettes peut conduire à d'excellents résultats, peut-être meilleurs qu'avec d'autres méthodes, mais il nécessite de l'habileté, et un peu de temps de patience pour l'acquérir. Le développement en cuvettes résente l'avantage d'être très souple. Par exemple, on peut ajouter différents films pour différents temps de développement, dans le même bain. Les inconvénients sont liés au fait que les négatifs sont beaucoup manipulés. Il y a toujours un risque de détérioration, même minime, c'est un procédé qui nécessite beaucoup de travail, on doit l'effectuer dans le noir au touché, qui nécessite une concentration de chaque instant. Les autres méthodes de développement ont leurs problèmes inhérents également, cependant (les rayures sur les négatifs en les plaçant ou sortant des cadres en est un exemple...)
En espérant vous avoir aidé dans votre prise de décision,
Yapuka...