Je ne m'attendais pas à tant de réactions !
Vos remarques sont très intéressantes, puisqu'elles parlent finalement beaucoup plus du fond, que de la forme.
Habituellement, les critiques concernent la MAP, le cadrage, la compo, les couleurs, mais cette fois c'est le message qui est remis en cause (même si malgré mes efforts, la technique est très loin d'être irréprochable).
Le but initial était de mener une démarche de réflexion sur le médium photographique en soi.
C'est sans doute très ambitieux pour moi, mais j'aime me poser des questions, au risque d'être taxé d'intellectuel ou de pédant (et non svino, je ne crains pas de m'attirer certaines foudres, nous sommes sur un forum, nous sommes ici pour échanger, ma vie n'en dépend pas. Au contraire je pense avoir beaucoup à apprendre des avis négatifs ou mitigés. ).
Esox parle d'égo, et il a raison. Toute photo est le fruit d'un égo, d'une réflexion, d'une intentionnalité.
Réaliste, esthétique ou documentaire, la diversité de notre art est d'en faire chacun ce que nous l'entendons.
Nous pourrions tous prendre uniquement des photos de fleurs, ce serait très beau. Je pense aussi que beaucoup d'entre nous nous ennuierions rapidement, et quoiqu'il en soit l'ego n'en serait pas pour autant remis au placard.
Nier la part d'égo qu'il y a dans chaque photo me parait être pure hypocrisie (sauf quand on parle des photo prise par un RADAR-auto ou par un satellite).
Et cette question de l'égo est importante et incontournable dans l'art. On s'intéresse à ce que l'auteur veut dire. Message politique, poétique, philosophique ? Chacun a son mot à dire, et ce que nous faisons quand nous montrons nos photos, c'est de l'expression. On montre, on démontre, on dénonce, on questionne.
Ici, j'essaie de vous poser la question de l'intervention du photographe sur son sujet.
Visiblement, certains ont l'air d'y être réticents (adeptes de la photo réaliste ? ). Personnellement je pense qu'on peut tout faire, intervenir sur le sujet, faire de la mise en scène, du faux reportage, retoucher le négatif, le tirage (mais pas via cet infâme truc qu'est le numérique

), pour la simple raison que la photo ne restera qu'une projection de la réalité, et jamais la réalité elle-même. Or, toute projection est déformée (la photo est une projection aplatie, réduite ou étirée, granulée, décolorée, parfois déformée et toujours réduite à 2 dimensions du réel), et l'analogie que nous pouvons en faire avec le réel n'est qu'une histoire de point de vue personnel.
En dessinant un ©opyright, certains se demanderons si au final c'est la photo qui est le support. De là peut naître une double lectures :
- le © est placé sur le lieu physique, et en cela je m'approprie ce lieu en y faisant ma signature (à la manière du
street art) la photo a alors un but documentaire
- le © n'existe que pour la photo, qui correspond à l’œuvre finale. La photo a alors un but plastique.
Mais pourquoi le copyright ? Loin de moi l'idée d'interdire les gens d'utiliser ou de copier mes photos (d'ailleurs, qu'est-ce qu'ils pourraient bien en faire), je suis le premier à trouver ça risible et de mauvais goût que de rajouter copyright machin-chose pour protéger ses photos du plagia.
Si vous avez suivi, vous avez déjà compris que la question est toute autre. La question est l'appropriation du lieu par le photographe. Son intervention sur son sujet. C'est effectivement un peu plus qu'une "signature".
Autrement, je me suis aussi posé la question de la peinture. J'ai cherché des peintures biodégradables (à la craie) pour pouvoir également peindre des endroits plus fragiles (falaises, chemins forestiers, etc). L'autre effet aurait été de rendre les peintures plus éphémères, ce qui introduit une troisième dimension dans la question :
le temps. C'est aussi intéressant, puisque la photo pose aussi toujours la question du temps. Chaque image correspond à un moment plus ou moins long suivant la durée de l'exposition. 3 photos, disons de 1/30e de seconde en moyenne, ça ne fait en tout que 1/10e de seconde de réalité immortalisée...
Mais la peinture bio a 2 inconvénients : le choix de couleurs est très limité pour ces peintures, et surtout le rendu est bien moins net, surtout après quelques heures (la peinture n'étant pas toujours appréciée de la maréchaussée, il est souvent nécessaire de peindre la nuit et de prendre les photos le lendemain).
D'autre part, je n'ai pas de scrupule à peindre sur de l'asphalte ou du béton, je ne défigure pas d'avantage la nature.
Pour l'anecdote, sur les 4 © peints, 3 existent encore, il y en a un qui a disparu avec le bâtiment sur lequel il était peint.
En tout cas merci pour vos réactions, et si vous trouvez mon idée débile, ne vous gênez pas pour le dire. Il en faut bien plus pour me véxer

!
PS : Bravo à ceux qui ont lu en entier mon roman sans s'endormir
