Mais il aura fallu une page entière pour qu'on passe des lomoistes à la société lomography.
Ensuite:
En quoi est-ce important pour vous que le mec qui sors ses machins aléatoires soit content de ce qu'il fait ? Ou qu'il essaie d'exposer ? Ou pire, qu'il vende ? D'accord, il aura pas fait autant d'efforts que vous sur son oeuvre, c'est vrai. Mais c'est une vision très romantique de l'art que l'artiste qui se déchire pour arracher à la matière brute une beauté. Le monde de l'art qui se vend, c'est surtout un monde de commerciaux, de réseaux, de copinage, de léchage de cul... Faut surtout serrer des mains dans des cocktails et connaître son entregent.
Il y a Vivian Maier, photographe géniale décédée dans l'anonymat et la pauvreté.
Il y a aussi Damien Hirst qui fait des œuvres moches très chères à gros succès.
Marcel Duchamp avait fait en son temps un pied de nez à tout ça avec ses Ready Made et il avait raison. Ironie : il a depuis été copié par des trouzaines de wannabees qui se prétendent géniaux et critiques "du monde putréfié de l'Art qui se vend".
Pourquoi, exactement, est-ce que ça t'embête ?selenium a écrit :Ce que je vois venir, c'est une brèche par laquelle s'engouffre volontiers certains charlatans qui ne veulent pas passer des heures dans la chambre noire et se contenteront du coup d'un résultat uber contrasté et petouilleux en justifiant cela par une"approche lomo".
Ce que je vois venir c'est un amalgame entre le gars qui passe des heures dans son labo, en quête du rendu qu'il attend et ce dernier..
De celui qui a bossé comme un malade et du charlatan, lequel le monde aura-t-il oublié dans 10 ans ?
Des artistes avec des démarches charlatanistes, j'en ai croisé plein (le fait d'être pas loin d'une école de bozart, à une époque). J'ai aussi pu "admirer" leurs œuvres en galeries.
Bon. Ben voilà voilà quoi. Tant mieux s'il y a des gens pour les faire vivre. Ça ne fera pas évoluer ma vie.
Pourquoi, fondamentalement, est-ce que ça te dérange ? Parce qu'il n'aura pas autant travaillé que toi sur son "oeuvre" ? Pareil que pour Selenium : est-ce qu'il vient l'accrocher dans ton salon ? Ou te forcer à l'acheter ?Le Monsieur Beaumont a écrit :C'est juste la démarche qui me dérange
Moi, j'adore les livres. J'adore lire. "La littérature est une nourriture dont on n'est jamais rassasié" (S.C. Marcos). J'ai des exigences littéraires fortes et beaucoup de respect pour les auteurs. Mais je vois ce qui se vend et là, c'est pire que le lomo, vu que les photographes lomo ne sont pas ceux qui vendent le plus. Ben oui. En littérature, ce qui se vend le plus, c'est la bouse de l'été. Le dernier Musso. BHL. Dan Brown. 50 teinte de grisâtre. Des trucs écrits d'un derrière distrait, quoi. Et ça vend _beaucoup_.
Ça me peine.
Mais personne ne m'oblige à les lire (même si j'en ai lu pour mon malheur). Et ça ne rend pas les livres que j'aime moins bons. Et dans 10 ans, on lira encore Victor Hugo mais on aura tout oublié de 50 teintes de brunâtre...
Et, tout comme la lomo fait vendre de la pellicule, les bouses littéraires estivales permettent aux éditeurs de publier des auteurs _autres_. Potentiellement, certaines de ses bouses pousseront les lecteurs à creuser et lire autre chose.
Bref, ce n'est pas grave, que des "charlatans" essaient de vendre leurs oeuvres lomographiques. Et ça n'a aucune conséquence sur vous et votre travail. Au contraire, même : c'est encore plus facile de briller si le niveau général baisse

Des cons, y'en a partout et beaucoup ont des avis sur tout. Avec Internet, ils se trouvent un auditoire à leur mesure. Grand bien leur fasse. Au final, là aussi, quelles conséquences ? Ils croiront que tes (très) belles photos sont numériques ? C'est grave ? Est-ce la photo résultant ou la technique que tu as utilisée qui importe ? J'aurais tendance à dire que c'est ton résultat. Qu'une photo est belle indépendamment de la quantité de travail ou d'effort, de la technique et de la compétence mise en oeuvre. C'est beau ou ça ne l'est pas. En fait, plus exactement, ça plaît ou ça ne plaît pas. Rien n'est "beau". La beauté n'est que dans l’œil du spectateur.LMBeaumont a écrit :Déjà qu'il y a assez de con sur des forum de photo qui sortent des trucs du genre "l'argentique ça équivaut a 10MPx au maximum" j'aimerai bien que lomography évite de donner des impressions fausses sur l'argentique.
Pour reparler littérature, je vais adapter une citation de Julien Gracq (dans son "La Littérature à l'estomac") :
"Une photo qui m’a séduit est comme une femme qui me fait tomber sous le charme : au diable ses ancêtres, son lieu de naissance, son milieu, ses relations, son éducation, ses amies d’enfance !(...) Et quant à l’"apport" de la photo à la photographie, à l’enrichissement qu’ il est censé m’apporter, sachez que j’épouse même sans dot.(...)Car après tout, si la photographie n’est pas pour le spectateur un répertoire de femmes fatales, et de créatures de perdition, elle ne vaut pas qu’on s’en occupe."
La citation réelle:
Ce que je souhaite d’un critique littéraire et il ne me le donne qu’assez rarement c’est qu’il me dise à propos d’un livre, mieux que je ne pourrais le faire moi-même, d’où vient que la lecture m’en dispense un plaisir qui ne se prête à aucune substitution. Vous ne me parlez que de ce qui ne lui est pas exclusif, et ce qu’il a d’exclusif est tout ce qui compte pour moi. Un livre qui m’a séduit est comme une femme qui me fait tomber sous le charme : au diable ses ancêtres, son lieu de naissance, son milieu, ses relations, son éducation, ses amies d’enfance ! Ce que j’attends seulement de votre entretien critique, c’est l’inflexion de voix juste qui me fera sentir que vous êtes amoureux, et amoureux de la même manière que moi : je n’ai besoin que de la confirmation et de l’orgueil que procure à l’amoureux l’amour parallèle et lucide d’un tiers bien disant. Et quant à l’" apport " du livre à la littérature, à 1’enrichissement qu’ il est censé m’apporter, sachez que j’épouse même sans dot.
Quelle bouffonnerie, au fond, et quelle imposture, que le métier de critique : un expert en objets aimés ! Car après tout, si la littérature n’est pas pour le lecteur un répertoire de femmes fatales, et de créatures de perdition, elle ne vaut pas qu’on s’en occupe. J. Gracq - La Littérature à l'estomac