Mardi 19 mars 2024
C'est celui que vous employez habituellement. Si vous vous contentez de faire des images dans un aquarium ouvert au public, ou bien devant votre propre aquarium amateur, vous n'avez guère besoin de nouveaux équipements, mais seulement de bien connaître la technique, que nous exposerons un peu plus tard, dans le chapitre intitulé « la prise de vue ».
Autre possibilité : faire des images sous-marines, depuis la surface. Comment ? Avec l'aide de ce que l'on appelle une lunette de calfat. Très schématiquement, c'est une sorte de seau dont le fond opaque a été remplacé par une vitre plane, la liaison entre les deux éléments étant assurée par un joint étanche. Quand l'on plonge ce montage dans l'eau, l'on s'affranchit de la mouvance de la surface et de ses reflets, tandis que la paroi du seau protège les yeux de la luminosité latérale ambiante et permet de mieux distinguer le paysage aquatique qui est toujours moins éclairé. On peut utiliser ce dispositif depuis un petit canot immobile, un appontement bas, ou bien en étant soi-même partiellement immergé dans l'eau. Le seul travail à accomplir est celui d'enfoncer un peu le seau dans le liquide (en vainquant la légère pression d'Archimède), et de le maintenir ainsi, tandis que l'on observe.
On peut utiliser du matériel du commerce, certains shipchandlers (vendeurs de matériels de nautisme) ayant récemment eu ce dispositif à leur catalogue, en version plastique et vendue à un prix très raisonnable. Sinon, il faut se rabattre sur le bricolage et le « fait maison ». Le terme « lunette de calfat » se rapporte au fait que ce moyen simple de voir sous la surface de l'eau fut initialement mis en oeuvre pour observer l'état des coques des bateaux en bois, dans leur partie submergée, et d'inspecter l'état des joints d'étanchéité. Ces joints étaient mis en place, lors de la construction et à chaque maintenance, par une chaîne d'opérations manuelles regroupées sous le terme générique de « calfatage ».
Dernière possibilité, relevant toujours du principe de la lunette de calfat : embarquer dans un de ces bateaux pour touristes, qui sont pourvus d'une coque partiellement ou intégralement faite d'un matériau transparent, afin que les utilisateurs puissent bien voir les fonds marins survolés lors de la navigation. En plus, dans ce dernier cas, vous pouvez aussi bien opérer vers le bas qu'horizontalement, sur les côtés, puisque les parties verticales des panneaux transparents remontent jusqu'à la surface, ou presque, et que l'on est assis à leur hauteur.
Cette fois ci, l'appareil photo devient réellement étanche, et il peut donc être immergé, jusqu'à une certaine profondeur limite, et différente selon le type de matériel.
En bas de gamme se trouve l'enveloppe sous-marine, souvent universelle mais parfois prévue pour un certain boîtier. Elle est constituée de deux parties principales : une pochette en matière plastique souple et très résistante, et une surface optique plane en verre minéral ou bien en verre organique. Un petit support interne permet de bien placer l'appareil photographique face à l'ouverture de prise de vue, tandis qu'un gant souple vient obturer l'orifice d'entrée et autorise la manoeuvre des diverses commandes. Pour compenser la flottabilité naturelle de ce volume d'air, il est souvent fourni un lot de lests (amovibles et modulables) à ajuster en fonction du type d'appareil de prise de vue installé. Pour éviter que la pression de l'eau ne vienne écraser l'enveloppe souple, une valve (similaire à celle des vélos), permet de gonfler et de mettre en pression (raisonnable) ce caisson non-rigide. Avantages du système : relative universalité, et coût raisonnable. Les inconvénients sont ceux de la fragilité, et aussi, de la faible profondeur possible (en règle générale, moins de dix mètres).
Un cran au-dessus, l'on trouve le boîtier rigide, en matière plastique résistante (Lexan, Plexiglas), et pourvus de joints d'étanchéité. Presque exclusivement disponibles pour des modèles spécifiques ou de la même famille, ces caissons peuvent généralement travailler au moins jusqu'à dix mètres, et les plus performants descendent même à une bonne trentaine de mètres. Les plus perfectionnés donnent accès à toutes les commandes, tandis que d'autres se limitent aux transmissions essentielles (déclenchement, avancement). La prise de synchronisation, autorisant la commande d'un flash (lui aussi étanche), est quasiment indispensable, dès que l'on travaille en dessous de dix mètres (et parfois avant).
Ces coffrets étanches existent pour des appareils photographiques divers : numériques comme argentiques, compact comme de taille normale, télémétrique comme reflex, simple comme très perfectionnés. Ce qui est sûr, c'est que les automatismes d'exposition présents, et s'ils sont exploitables sous l'eau (en lumière ambiante comme avec un flash), simplifieront le travail du preneur de vue. Donc, les systèmes TTL sont un avantage certain. Naturellement, les mécanismes de mise au point automatiques ne sont plus opérationnels, ce qui est évident pour les versions à ultrasons et celles à infrarouges. Quant aux dispositifs à analyse du contraste de l'image, les résultats peuvent aussi réserver quelques surprises. Si l'appareil utilisé est à mise au point fixe, le problème est réglé d'office, et réduit à sa plus simple expression. En cas de mise au point variable, et selon le type de caisson employé, l'on aura le choix entre le préréglage fait pour toute la durée de la plongée, et l'ajustement à volonté (s'il est possible). Même commentaire si l'on travaille avec un box à ouverture de diaphragme fixe. Notons au passage que moins un caisson étanche comporte de commandes accessibles, moins il y a de risque de fuites et d'entrées d'eau.
Parmi les modèles les moins chers, il existe une offre (un appareil photographique simple et son caisson étanche), de fabrication italienne, utilisant du film 35 mm, et pouvant descendre à 3 mètres, qui est vendue en France pour un peu moins de 4 euros, chez www.pearl.fr. Un moyen peu onéreux de s'essayer à la photographie sous-marine d'initiation.
Ce fut, pendant longtemps, la seule solution efficace, et de tels modèles furent réalisés pour des appareils comme le Rolleiflex bi-objectifs, et la plupart des versions reflex 24 x 36 mm de haut de gamme. Pour des raisons de poids et de limitation de la corrosion d'une part, de facilité de fabrication d'autre part (moulage par injection) ils furent souvent fabriqués en alliages légers d'aluminium (et d'autres métaux similaires). Leur prix pouvait souvent dépasser celui du boîtier qu'ils devaient protéger, c'est dire leur coût (qui était exacerbé par un travail semi-artisanal effectué sur de faibles quantités). Pour toutes ces raisons, ils ne sont plus guère employés de nos jours, et rarement encore disponible (sauf sur le marché de l'occasion, mais à n'acquérir qu'à la condition d'être capable de les réviser intégralement et de les tester en caisson de surpression).
Des amateurs ont eu l'idée, toujours valable, de recourir à l'usage d'une cocotte-minute, d'une marque trop connue pour être citée ici. En découpant une ouverture circulaire dans le fond, pour y placer une glace optique assez résistante, hermétiquement assurée sur le corps de la marmite. Le couvercle usuel permettant de mettre en place un boîtier, puis d'assurer une fermeture étanche. Des versions plus élaborées furent conçues, pouvant même être pourvues de divers moyens de transmission de certaines commandes pour l'appareil ainsi enfermé. En mettant l'intérieur de cette cocotte en surpression par rapport à la profondeur à laquelle on va ensuite la descendre, l'on dispose d'un moyen simple d'être averti de la moindre fuite : si des bulles d'air deviennent visibles, il faut immédiatement interrompre la plongée et y remédier. La version en acier inoxydable, si elle est plus lourde et plus difficile à travailler mécaniquement, présente une excellente résistance à la corrosion en milieu aqueux, surtout marin.
Suite de l'article : appareil photo étanche.
Article réalisé d'après une contribution d'hyperfocale.